Ce que Luther ne réussit pas à réaliser, révolutionner la doctrine catholique tout en conservant le nom de ‘catholique’, la puissante Eglise d’Allemagne moderniste de la dernière moitié du XXe siècle y parvint. Vatican II en fût l’occasion. Depuis lors, les progressistes théologiens allemands gravitant à des postes clés dans l’Eglise conciliaire issue de ce funeste concile, toujours aussi fascinés, comme leurs illustres maîtres periti à Vatican II, Joseph Ratzinger, Hans Küng, Karl Rahner, par la doctrine de Luther et les philosophes modernistes et relativistes, ne cessent depuis de révolutionner l’Eglise catholique en une nouvelle secte protestante.

A l’occasion du synode de l’Eglise d’Allemagne, le cardinal de Munich, Reinhard Marx, relance le débat sur le célibat des prêtres, vieux marronnier des modernistes depuis un siècle, et avant eux des ‘réformateurs’ protestants. « Je pense que les choses telles qu’elles sont ne peuvent plus continuer ainsi », a-t-il déclaré mercredi dernier.

« Pour beaucoup de prêtres, ce serait mieux s’ils étaient mariés », a jugé le prélat dans un entretien au quotidien Suddeutsche Zeitung. « Je me demande si (le célibat sacerdotal) doit être posé comme une condition de base pour chaque prêtre. Je pense que les choses telles qu’elles sont ne peuvent plus continuer ainsi », a ajouté l’ecclésiastique qui s’est déjà dans le passé montré ouvert à la levée du célibat, en particulier dans les régions en manque cruel de prêtres telle l’Amérique Latine. « Et si certains disent : sans obligation de célibat, ils vont tous se marier ! Ma réponse est : et alors ! Si tous se marient, ce serait pour le moins un signe montrant que les choses telles qu’elles sont ne fonctionnent pas », a-t-il insisté.

Ces déclarations interviennent à la veille de la nouvelle assemblée du synode allemand, du 3 au 5 février, censée aboutir d’ici 2023 à une modernisation de l’institution qui subit une fuite de ses fidèles et des difficultés à recruter de nouveaux prêtres. Dans une perpétuelle marche vers le néant, au lieu d’essayer de réfléchir sur les causes de cette fuite, -le concile Vatican II, le relativisme, l’indifférentisme religieux, la perte du sens du péché et du sacré-, les progressistes continuent sur la lancée révolutionnaire en prônant l’innovation transgressive comme unique remède. 

Parmi les grands thèmes de ce synode, vu d’un œil méfiant par les conservateurs au sein de l’Eglise conciliaire, outre la levée du célibat des prêtres, les prélats d’outre-Rhin veulent débattre des prêtres mariés ainsi que d’une place plus grande réservée aux laïcs et aux femmes. Par 174 voix pour (avec 6 abstentions) et seulement 30 contre, les ecclésiastiques ont voté le document consacré aux « femmes dans les services et ministères de l’Église », document plus que politiquement correct. Tous les clichés féministes s’y trouvent : reconstitutions historiques tout sauf précises, slogans sur l’égalité des sexes, qui entendent dénoncer l’oppression des femmes par le prêtre masculin, fondement sur la nouvelle source de Révélation, à savoir la Modernité, et interprétations pour ainsi dire à gauche toute du Concile Vatican II. On note le sophisme : puisque les vocations masculines s’effondrent, il faut s’ouvrir aux ordinations diaconales et presbytérales des femmes pour œuvrer à l’évangélisation, cette action primordiale de l’Eglise moderne. Le document sur le diaconat féminin signale qu’une armée de diaconesses dûment formées est déjà prête en Allemagne, puisque le cours de formation des diaconesses en est déjà à sa troisième édition ; cours, est-il précisé, avec un programme d’études égal à celui des diacres. Une expérience qui, espèrent les rédacteurs du document, pourra être universalisée et prise en considération par la commission romaine sur le diaconat féminin. En outre, on signale que « la Conférence épiscopale allemande demande maintenant un indult par rapport au can. 1024 du Code de droit canonique […] d’ouvrir le ministère diaconal aux femmes ». Canon qui, rappelons-le, prévoit que « seuls les baptisés du sexe masculin reçoivent valablement l’ordination sacrée ».

Concernant le célibat des prêtres, les prélats allemands ont voté par 159 voix pour, 26 contre et 7 abstentions, deux documents qui contiennent un appel à Rome pour revoir les règles de l’Église latine relatives au célibat, demandant qu’un Concile universel soit convoqué à cet égard. Parmi les partisans les plus importants de cette ouverture figurent l’évêque de Limbourg, actuel président de la Conférence épiscopale allemande, Georg Bätzing, qui s’est déclaré free-choice. La demande du document sur le célibat présente également un “plan B”, indiquant au Saint-Siège les étapes intermédiaires qui pourraient être franchies entre-temps, pour ne pas donner l’impression d’une rupture : ordination sacerdotale des diacres permanents et autres hommes qui sont actuellement des référents pastoraux ou bénévoles, peut-être seulement, pour le moment, au niveau local ; des dispenses plus généreuses du célibat dans des cas individuels, en maintenant la règle générale du célibat et en élargissant la compétence de donner ces dispenses du Saint-Siège aux évêques locaux.

Dans le texte, il y a aussi la demande d’accorder la liberté de choix aux prêtres déjà ordonnés (pourtant avec l’ordination ils avaient déjà choisi …) et de procéder à un « recensement » quantitatif et qualitatif des prêtres suspendus ou dispensés de l’ordre ministère sacerdotal en raison « d’une relation entreprise », pour comprendre s’il y a une volonté de reprendre une profession pastorale et éventuellement aussi le ministère sacerdotal lui-même, faisant « le prêtre comme seconde profession ». Car en Allemagne le service de l’Église, même sacerdotale, est un travail.

Entre temps, le cardinal luxembourgeois Jean Claude Hollerich, président de la Commission des Conférences épiscopales de l’Union européenne (COMECE) et rapporteur général du Synode des évêques, dans un entretien à l’agence allemande Kna, s’est exprimé sur le sujet de l’homosexualité en demandant un changement de la doctrine catholique:

« Je crois que le fondement sociologique et scientifique de cet enseignement n’est plus correct. »

Comme le souligne un vaticaniste italien :

« Le grand prélat se trompe. Le fondement de la condamnation par l’Église catholique de l’homosexualité et des actes homosexuels doit se trouver non pas dans le domaine des sciences empiriques et de la sociologie, mais dans le domaine de la morale et, en particulier, de la morale naturelle. »

Le cardinal ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a ajouté dans l’entretien que « la manière dont le Pape s’est exprimé dans le passé [sur l’homosexualité] peut conduire à un changement de doctrine. […] Je pense qu’il est temps de procéder à une révision fondamentale de la doctrine ». Il fait sienne la déclaration du cardinal Marx qui dans l’entretien cité plus haut a affirmé que si une personne déclare publiquement son homosexualité, cela ne doit pas représenter « une limite à sa capacité à devenir prêtre. C’est ma position et nous devons la défendre ».

Toutes ces déclarations apostâtes, sorties de la bouche de prélats qui se prétendent ‘catholiques’, -ce qui amplifie malheureusement la portée ‘universelle’ de leurs propos-, sont en flagrante contradiction avec l’enseignement pérenne de la véritable Eglise catholique. Il suffit d’aller lire saint Paul (Rm 1,24-28 ; Rm 1, 32 ; 1 Co 6 ; 1 Co 9-10 ; 1 Tm, 1, 10) pour s’en convaincre.

Mais le temps du Rhin qui se jette dans le Tibre n’est toujours pas révolu pour le pauvre monde catholique sous la coupe de la secte conciliaire.

Francesca de Villasmundo

  

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