François est à son vingtième jour d’hospitalisation à l’hôpital Gemelli : les médias parlent désormais d’un « Pape invisible » qui signe pourtant toujours des documents.
Depuis 20 jours le Vatican affirme que « compte tenu de la complexité du tableau clinique, le pronostic reste réservé » mais que le pape travaille
« La nuit s’est déroulée paisiblement, le pape repose toujours. » Il s’agit de la mise à jour presque identique aux autres, diffusée ce matin du 6 mars par le Vatican sur Bergoglio, hospitalisé à la Polyclinique Gemelli de Rome depuis le 14 février pour une pneumonie bilatérale.
Le dernier bulletin médical du soir du mercredi 5 mars expliquait que « le Saint-Père est resté stationnaire sans présenter d’épisodes d’insuffisance respiratoire. Comme prévu, pendant la journée, il a subi une oxygénothérapie à haut débit et la nuit », comme cela s’était également produit les deux nuits précédentes, « une ventilation mécanique non invasive a été reprise » avec un masque.
Le Saint-Père, comme l’explique encore le bulletin d’hier soir, « a augmenté la physiothérapie respiratoire et la thérapie motrice active. Il a passé la journée dans un fauteuil. Compte tenu de la complexité du tableau clinique, le pronostic reste réservé ».
Il est devenu le pape le plus invisible des deux derniers siècles
Le Pape peut bouger, il peut marcher, c’est ce que dit le Vatican qui a choisi de ne pas communiquer de quelque façon que ce soit sur le Pape malade. Il ne l’a pas fait via une vidéo, via des photos, ni même via des messages audio.
Tout le monde se souvient de Jean-Paul II qui, même dans des conditions d’infirmité évidente, a choisi d’exposer sa maladie au monde. Le choix du pontife argentin, assez médiatique pour apparaître dans des talk-shows superficiels (de Fabio Fazio au message vidéo du Festival de Sanremo ), est en contradiction apparente avec ce changement clair de direction. Un « Pape invisible » comme le définissent aujourd’hui les journaux Il Foglio et Il Messaggero.
Comme l’écrit Franca Giansoldati dans Il Messaggero « lors de la seule conférence de presse tenue par les médecins du Gemelli, il a répondu avec irritation : « Mais voudriez-vous montrer votre mère de quatre-vingt-dix ans en pyjama ? » (…) Le pontife (…) a désormais atteint le record du pape ayant connu le plus grand jour d' »invisibilité » au cours des deux derniers siècles ».
Possibilité de passer des appels téléphoniques mais pas de messages audio aux fidèles
Bergoglio, hospitalisé depuis trois semaines, souffrirait de répercussions sur sa fonction articulaire et son tonus musculaire. La complexité du tableau clinique demeure évidemment et le pronostic reste réservé. Mais pour la pneumonie, des sources vaticanes confirment qu’elle « est dans une phase de développement normal », « d’évolution normale d’une pneumonie qui est en cours de traitement ». Son évaluation nécessite du temps et de la patience et la stabilité de tous les indicateurs (valeurs sanguines, fonctions cardiaques et rénales), malgré les complexités générales, est un élément positif, peut-on lire dans les journaux italiens.
Sur son blog Duc in Altum, Aldo Maria Valli donne la parole à un médecin, le Dr Paolo Gulisano, qui est plus circonspect quant aux réelles conditions de François. Tout d’abord, le Docteur Gulisano rappelle que « le patient, âgé de 88 ans et obèse (ce qui constitue sans aucun doute un facteur de risque important et supplémentaire notamment de complications cardiaques) était et est toujours sous oxygénothérapie », avant de préciser : « Ce qui est intéressant, c’est l’accent, qui se veut rassurant, selon lequel le patient « n’est pas intubé » (…) en vue de minimiser l’état du patient. De plus, la « ventilation mécanique non invasive » mentionnée dans la déclaration signifie que Bergoglio dispose d’un masque qui couvre son nez et sa bouche et qui lui fournit de l’oxygène ».
Le docteur Gulisano met en doute le récit hyper-optimiste que distille le Vatican d’un « Pape au travail »
Cependant, l’état de santé du pape reste préoccupant, ce qui fait douter le docteur Gulisano du récit que distille le Vatican d’un « Pape au travail » :
« Face à ces conditions, un certain type de récit hyper-optimiste qui nous a été fourni, qui parlait d’un « Pape au travail », est franchement surréaliste, à moins que par travail on n’entende apposer des signatures sur des documents qui lui étaient présentés. Tout aussi étrange, voire incroyable, est ce que l’on lit dans le communiqué de presse, à savoir » que le pape peut se déplacer. « Il est difficile de croire que dans son état, il aurait pu être mobilisé, sorti du lit et transporté hors de la pièce. Si tel est le cas, pourquoi ce moment – s’il a réellement eu lieu – n’a-t-il pas été documenté photographiquement ? (…) Pourquoi François, s’il n’est vraiment pas alité et indépendant, n’a-t-il pas été conduit en fauteuil roulant jusqu’à une fenêtre pour saluer la foule constamment présente sur la place de l’hôpital, comme le faisait Jean-Paul II lors de ses hospitalisations ? (…) Les communiqués du Vatican parlaient d’un Bergoglio qui, après s’être réveillé, prenait son petit-déjeuner et lisait les journaux. Un tableau idyllique qui contraste avec une situation clinique qui apparaît bien différente, et pour le moins gravement invalidante, voire menacée d’un éventuel exitus. »
Le Vatican affirme qu’hier, Mercredi des cendres, le Pape a passé la journée dans un fauteuil et le matin, dans l’appartement privé au dixième étage des Gemelli, il a participé au rite de bénédiction des Cendres qui lui ont été imposées par le célébrant, puis il a reçu l’Eucharistie. Par la suite, « il est rapporté que le Pontife s’est consacré à certaines activités professionnelles. Dans la matinée également, Bergoglio a appelé le père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse de la Sainte Famille de Gaza. L’après-midi, cependant, il alternait repos et travail ».
La question que se posent les fidèles du monde entier, après vingt jours d’invisibilité du Pape, est inévitable : s’il est capable de parler au téléphone, pourquoi pas même un message audio aux fidèles ?
Francesca de Villasmundo
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !