Nous vous proposons la lecture d’un savoureux, et un tantinet impertinent, article de Jean-Pierre Maugendre, Président de Renaissance Catholique, sur le Ministre de l’Intérieur, le ci-devant Gérald Darmanin.

Chantre du “en même temps” si cher à son patron, M. Darmanin pratique avec une furia toute méditérranéenne un tango des plus chaloupés : un pas en avant, deux pas en arrière, un coup à droite, deux coups à gauche.

Jean-Pierre Maugendre le prend donc en flagrant et perpétuel délit de changement de pied. Il semble bien que le corps de monsieur suive sa pensée brouillonne et la confusion est telle qu’il ne sait plus faire la différence entre sévérité, liberté, licence et libertinage…

Gérald Darmanin est sur tous les fronts. Un jour, raide comme la justice, il édicte des consignes « d’une particulière fermeté » pour faire respecter le couvre-feu et les jauges dans les magasins (8 m2 par personne !) Un autre, après l’égorgement d’un cadre d’un centre d’accueil de migrants à Pau par un Soudanais présent depuis cinq ans sur notre territoire national, déjà plusieurs fois condamné et emprisonné, puis débouté du droit d’asile il affirme benoîtement, à propos du migrant « irascible » : « Il devait quitter le territoire national ».

Infatigable, l’ancien maire de Tourcoing alimente aussi la rubrique « faits divers » afin de déterminer si, lui, le Priape de Tourcoing est un digne émule de Don Juan ou simplement le Strauss-Kahn du pauvre. Enfin, spécialiste es-islam, ce que devrait faciliter son ascendance maternelle et son second prénom de Moussa, promoteur actif de la loi contre le séparatisme, il vient de donner à l’hebdomadaire Valeurs Actuelles (No 4394 du 11 février 2021) un très long entretien qui mérite que l’on s’y arrête. Le sujet est clair et circonscrit : Darmanin au défi de l’Islam. Les questions sont pertinentes et directes. Le résultat…affligeant. Notre ministre apparaît ainsi comme un spécialiste des affirmations péremptoires, sans l’ombre d’une démonstration ni d’un raisonnement, et des pétitions de principe, sans lien avec la réalité.

D’étranges affirmations péremptoires

Ainsi : « Il n’y a évidemment pas de problème de compatibilité » (entre l’Islam et la République). Nous n’en saurons pas plus sur ces évidences si ce n’est que la solution réside dans « un long travail de gallicanisme, d’autorité et au fond d’intégration ». Voici Bossuet embarqué dans une bien étrange galère !

« Qu’importe le nombre (de musulmans en France), il n’y a que des Français ». Nous ne saurons malheureusement pas ce que signifie pour notre ministre être français. Que pense-t-il de l’affirmation de Didier Lemaire, le professeur de philosophie, démissionnaire de Trappes : « A Trappes nous ne sommes plus en France ».  La démographie serait-elle pour rien dans ce constat ? M Darmanin croit-il vraiment que par une grâce républicaine, aussi agissante que mystérieuse, la détention de la Carte Nationale d’Identité ferait le Français comme le baptême fait le chrétien ?

Notre ministre est aussi théologien : « Il faut absolument que la lecture littérale du Coran devienne minoritaire, au profit de la lecture interprétative ». Est-il incongru de demander s’il est ainsi possible d’interpréter la « parole incréée de Dieu » et quelle autorité disposerait de ce pouvoir ? « Nous ne nous mêlons pas de théologie (ouf !). Ce n’est pas à la loi de dire si la Trinité existe (re ouf). » Notre ministre semble ignorer que toutes les religions ont une partie d’enseignement moral qui traite du comportement des personnes et donc de la vie en société. M Darmanin fait semblant de croire que les actes et les enseignements de la religion se limitent au culte. « Tous les cultes sont compatibles avec la République ». Ce qui lui a permis de déclarer, ailleurs : « On ne peut pas discuter avec des gens qui refusent d’écrire que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu ». Quel croyant ne croit pas cela ? Le ministre ne manifeste pas, ainsi un désaccord, il refuse, tout simplement, la discussion.

Enfin, comme un leitmotiv lancinant revient la déploration : « On ne parle pas assez des valeurs de la République ». L’occasion était belle de les définir. Ce sera, peut-être, pour une autre fois. La formule, cependant, claque : « La France aujourd’hui c’est la République ». C’est beau comme du cardinal Gerlier, le 19 novembre 1940 : « Pétain c’est la France et aujourd’hui la France c’est Pétain ! ».                             

Contre toute évidence le ministre, soutenant l’enseignement de l’arabe à l’école, nie tout lien entre le séparatisme et l’immigration : « Le séparatisme n’est pas le fruit de l’immigration » de même qu’il met en garde contre « d’autres dérives sectaires et religieuses dont nous savons à quel point elles peuvent toucher nos sociétés ». Là encore nous n’en saurons pas plus.

Une pensée bien confuse

Tous ces propos laissent le pénible sentiment d’être une succession d’éléments de langage, assez confus, n’ayant qu’un lien ténu avec la réalité. Un sommet est atteint lorsque ce petit-fils de harki nous affirme être un « fervent gaulliste ». Cette déclaration apparaît aussi cohérente que celle d’un mouton qui ferait la promotion du méchoui ! De même on s’interroge sur ce que peut bien vouloir signifier : « Il ne s’agit pas de faire cohabiter sur le même sol deux civilisations : en France, contrairement aux Anglo-saxons, nous ne contractualisons pas avec des communautés, mais avec des individus tous libres et égaux dans une même communauté nationale ». Est-ce à dire que cette communauté nationale serait en état d’apesanteur civilisationnelle ? La démonstration reste à faire. Fièrement, le plus algérien de nos ministres annonce que le taux des reconduites à la frontière a été augmenté de 50%. Comme il était officiellement à 15%, il serait donc à 22,5% ce qui inclinerait à un peu de modestie et confirme que le migrant soudanais, en situation irrégulière, de Pau n’avait, en réalité, qu’une « chance » sur cinq d’être effectivement expulsé. Alors que chaque jour se profile de manière de plus en plus prégnante le spectre hideux de la guerre civile qui vient, le ministre de l’Intérieur, que le monde nous envie, a trouvé la martingale qui devrait permettre de tout résoudre : « l’urbanisme qui permet la mixité sociale, l’éducation »…

Un discours indigent

Concrètement, le matamore – si je puis me permettre cette expression en l’occurrence bien décalée – de la place Beauvau est aujourd’hui attaché, c’est certainement la priorité pour lutter contre le séparatisme, à demander la dissolution de l’association Génération Identitaire dont on ne sache pas qu’elle ait à son passif la moindre condamnation pénale ou le moindre attentat. Il s’agit d’une décision uniquement politique. M Darmanin cherche tout simplement à faire éliminer, par la loi, des opposants déterminés à sa politique d’immigration. Il ne faut jamais oublier que depuis la « messe de sang » (Pierre Chaunu) de la Révolution française il y a toujours dans tout vrai républicain un terroriste qui sommeille, ce dont témoigne, par exemple, le fait qu’en dépit de toutes les alternances entre la gauche saumon et la droite caviar, au conseil régional des Hauts de France, le grand lycée d’Arras porte toujours le nom de Robespierre. Selon l’immortelle formule d’un de ses prédécesseurs à ce poste prestigieux- Charles Pasqua- les promesses et les engagements de M Darmanin n’engagent que ceux à qui elles sont faits. L’impression générale est que s’applique de manière particulièrement éminente au ministre de toutes nos polices la célèbre formule de l’homme politique et philosophe Louis de Bonald (1754-1840) : « L’ignorance des hommes politiques nous terrifie plus encore que leur corruption ne nous dégoûte ». 

Jean-Pierre Maugendre

Source : Renaissance Catholique

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