Souvent considérée comme secondaire dans l’œuvre de Hergé, la série d’albums Jo, Zette et Jocko n’en est pas moins une excellente bande dessinée que nous vous conseillons de faire découvrir à vos enfants.
A la demande des responsables de Cœurs Vaillants, hebdomadaire français qui publie des planches de Tintin depuis 1930, Hergé conçoit une bande dessinée dont les héros principaux, Jo et sa sœur Zette, (mais il ne faut pas oublier leur singe Jocko) sont deux enfants dont on connaît cette fois le cadre familial, contrairement à Tintin. Leurs parents, M. et Mme Legrand interviennent de façon importante dans le récit de ces aventures, M. Legrand étant un ingénieux ingénieur aéronautique et architecte que l’invention d’un avion stratosphérique – le stratonef H. 22 – va plonger avec ses enfants dans un récit plein de rebondissements, à savoir Le testament de M. Pump. Il faut noter que si le reporter Tintin est belge, bruxellois, tout comme les gamins Quick et Flupke, autres héros créés par Hergé, la famille Legrand est, elle française et vit à Paris. Par ailleurs, les allusions ne manquent pas, qui démontrent que la famille Legrand est catholique. Jo ne manque pas de ponctuer un choix délicat par la formule “A la grâce de Dieu”. Dans L’éruption du Karamako, Zette prie “Mon Dieu, protégez mon petit frère” lorsque Jo tente de sauver des pirates ligotés qu’une éruption volcanique risque de condamner à mort. “Et que Dieu nous protège !”, dit encore Zette lorsqu’elle prend les commandes d’un char amphibie. Et lorsqu’elle lance un appel radiophonique en s’adressant au méchant savant ravisseur de son frère, elle déclare qu’elle “prie tous les jours pour qu’il soit délivré” et pour qu’ils puissent retrouver leurs chers parents.
C’est donc en France que Jo, Zette et Jocko ont fait leur première apparition en 1936 dans Cœurs Vaillants. A l’instar des Aventures de Tintin il s’agit là d’une première version (dans ce cas, en bichromie) qui sera, par la suite, redessinée et mise en couleurs pour le journal Tintin (dans son édition belge) de 1946 à 1948. Le premier album paraîtra ensuite chez Casterman en 1952. Précisons que la première version, déjà quelque peu remaniée, est parue également en Belgique dans Le Petit Vingtième, en noir et blanc cette fois, de 1936 à 1938. Réalisée dans la plus pure tradition du roman populaire de l’époque, l’intrigue du Manitoba ne répond plus et de L’éruption du Karamako, alignant robot et véhicules sous-marin, ne pouvait que faire rêver les jeunes lecteurs de l’époque. Vision prémonitoire, Hergé fait dire au méchant savant “Il me faut une armée de robots grâce auxquels je serai le maître du monde”.
Le dernier volet des aventures de la famille Legrand s’intitulait initialement Jo et Zette au pays du Maharadjah lorsqu’il débute dans Cœurs Vaillants en septembre 1939 et s’interrompt en raison de la guerre pour redémarrer en 1953 et se poursuivre en 1954 dans Tintin dans une version colorisée, conçue en collaboration avec Jacques Martin (l’auteur d’Alix et de Lefrancq, pour ne citer que ses personnages les plus célèbres), renommée cette fois La Vallée des cobras et imprimée en album en 1956.
Le lecteur attentif retrouvera ici ou là un clin d’œil aux aventures de Tintin, comme un portrait du capitaine Haddock dans le bureau de M. Legrand (dans Le testament de M. Pump) ou l’utilisation de l’expression mille sabords par le cuistot d’un paquebot (dans Destination New York).
Il faut se réjouir de la décision de Casterman de proposer à un prix très compétitif (30 euros) l’intégrale des aventures de Jo, Zette et Jocko en cette année où nous commémorons le quarantième anniversaire du décès de Hergé.
Jo, Zette et Jocko – L’intégrale, Hergé, éditions Casterman, 272 pages, 30 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
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