Le FN a réalisé un score très important auprès des jeunes lors des élections européennes. Il montre l’attractivité du parti auprès de cette catégorie de la population française. Pour nous en expliquer les raisons, nous avons pu interroger Julien Rochedy, directeur du Front National de la Jeunesse.

1)       Julien Rochedy, vous êtes directeur national du Front National de la Jeunesse. Pour aborder les élections européennes, 30% des jeunes auraient voté FN. Qu’est-ce qui explique cette attractivité du FN sur les jeunes ? 

Plusieurs raisons sont à l’origine de ce très fort vote jeune en faveur du FN, mais elles ont toutes en commun une lucidité sur les partis politiques qui gouvernent la France depuis 30 ans et qui sont donc à l’origine de la situation désastreuse de la jeunesse française. Cette dernière est en effet la première victime de la mondialisation sauvage que la droite et la gauche ont contribué à promouvoir. Dans tous les domaines, économiques, sociaux, identitaires, les jeunes ont le sentiment d’être suspendus dans le vide, livrés à un monde qui ne leur offre ni protections, ni identité, ni perspectives. Or, le Front National de Marine Le Pen propose l’absolu contraire à la France : ils trouvent donc chez nous un espoir, et Dieu sait si nous en avons besoin. 

2) Dans la foulée, des lycéens ont organisé des manifestations pour protester contre le score du FN. Ces protestations récurrentes, à chaque bon score frontiste, ne donnent-elles pas une impression d’être téléguidées ? N’est-ce pas une raison de leur échec parce que le thème ne mobilise plus ? 

Ces manifestations lycéennes ont été ridicules : ridicules du fait de leur faible mobilisation d’une part, ridicules dans leurs revendications et protestations d’autre part. Ceci prouve que nous avons enfin quitté l’époque où la jeunesse était manipulée par la gauche. L’antifascisme d’opérette ne prend plus. Les jeunes sont désormais trop éclairés sur les réalités à travers ce qu’ils vivent au quotidien et grâce à des outils d’informations comme internet. 

3) Yannick Noah, Madonna, Benjamin Biolay, ces artistes disent s’engager par leurs chansons contre l’extrême-droite. N’est-ce pas plutôt une posture médiatique qu’ils se donnent ? Ces engagements n’ont-ils pas plutôt l’effet inverse ? 

La posture rebelle anti-FN date des années 80, elle est aujourd’hui périmée. Ceux qui, en France, s’obstinent à l’adopter, se ridiculisent aux yeux de l’opinion, et il est fort possible que cela nous serve en vérité plus que cela nous desserve. Il faut mesurer à quel point les gens sont excédés par les donneurs de leçons médiatiques qui vivent bien tranquillement pendant qu’eux souffrent et s’inquiètent. 

4) Le FN est arrivé en tête des élections européennes, le tout avec une forte abstention. N’est-ce pas le signe du désenchantement européen et de l’échec des grands partis traditionnels ? 

Il est évident que parmi les innombrables échecs de l’Union Européenne, il y a son incapacité à avoir obtenu une légitimité d’ordre démocratique. Certain français n’ont toujours par compris que l’Union Européenne avait aujourd’hui plus d’incidences dans leur vie que n’en a la présidence de la République, alors ils ne pensent pas qu’il soit important d’aller voter. D’autres au contraire l’ont bien compris et en sont à ce point dégouté que, par leur abstention, ils souhaitent signifier leur mépris. Toutefois, ce qui est intéressant, c’est que les sondages montrent que si nous avions obligé les abstentionnistes à voter, le FN serait tout de même sorti premier lors de ces élections. 

5) L’UMP est de nouveau en crise avec l’affaire Bygmalion et la démission de Jean-François Copé. Le parti se cherche  entre centristes et partisans d’une ligne plus droitiste. Cette crise sera-t-elle profitable au Front National avec l’exaspération des adhérents et sympathisants UMP ? 

Honnêtement, je ne sais plus ce qu’est l’UMP. Je pense que même à l’UMP ils ne savent plus qui ils sont. Ayant abandonné la tradition gaulliste, qui était normalement dans l’ADN du RPR, ils ont abandonné leurs fondements même, et en sont réduits aujourd’hui à se fondre dans un centre-droit qui ne diffère en réalité que très peu de la gauche libérale tendance Hollande-Valls. Je crois que par souci de clarté, il faudrait que l’UMP disparaisse une bonne fois pour toutes. La démocratie demande des oppositions politiques prégnantes et compréhensibles, c’est la raison pour laquelle il faut un mouvement européiste, mondialiste, pro-immigration et libéral, et un autre mouvement eurolucide, patriote, anti-immigration et dirigiste. Dans le premier, les Juppé et les Fillon s’entendraient très bien avec les Cazeneuve et les Sapin, et en face il y aurait le FN/Rassemblement Bleu Marine. Ainsi seulement nous aurions une vraie opposition démocratique d’idées et d’avenir.

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

8 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents Les mieux notés
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

Abonnez-vous à CARITAS !

Ça y est, le numéro 1 de la tout nouvelle revue Caritas est chez l’imprimeur et en prévente sur MCP.

Nous vous l’avions annoncé dans un précédent mailing : la naissance d’une toute nouvelle revue de qualité, Caritas, la revue du pays réel, et la parution prochaine de son premier numéro de 86 pages. Bonne nouvelle, : ce numéro 1 de Caritas qui consacre son dossier à la Lutte contre la haine anticatholique vient d’être envoyé à l’imprimerie et sera bientôt dans les librairies et les boites aux lettres des abonnés.

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette nouvelle revue : la revue CARITAS !