Le 11 septembre dernier dans une conférence publique le chef charismatique et historique de l’insurrection de la Novorossiya, Igor Strelkov, avait prévenu:

“On pourrait difficilement inventer des accords plus infâmes que ceux qui sont en train de se négocier à Minsk.”

Et pourtant ce sont ces accords très édulcorés que Piot Porochenk a fait adopter avant-hier par la Rada à Kiev. Néanmoins le ministère russe des Affaires étrangères a estimé que « Tout cela fournit une base pour le lancement d’un processus constitutionnel significatif en Ukraine, y compris l’ouverture d’un dialogue pour promouvoir la réconciliation nationale et l’harmonie dans le pays », précisait-il mercredi.

Moscou qui n’ignore pas la rupture de la trêve sur place semble donc vouloir temporiser au maximum tandis que la crainte d’une 5è colonne au sein du pouvoir à Moscou envahi les esprits. Lors de sa conférence du 11 septembre Igor Strelkov a pointé du doigt la présence au sein du pouvoir russe de traîtres, qui, “depuis de nombreuses années déguisés en patriotes et hommes d’Etat” ont “pénétré dans les plus hautes sphères du pouvoir et même dans l’entourage proche du président de la Russie” et ont favorisé “la division dans les rangs des insurgés pour les empêcher d’unir leurs forces.”

Or, le 17 septembre, justement, les forces des républiques populaires de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR) ont formé une armée unifiée de la Novorossiya:

“Nous, les commandants des unités de volontaires formées sur décision du peuple, avons décidé de créer des forces armées unifiées de la Novorossiya conformément aux vœux de notre peuple, exprimés par les parlementaires de la Novorossiya, et compte tenu de la nécessité de créer des forces capables de défendre les républiques de Donetsk et de Lougansk”, a indiqué le centre de presse de la DNR dans un communiqué, annonçant la nomination du général Ivan Korsoun à sa tête.

Dans le même temps le règlement politique du conflit, grâce aux lois sur le statut particulier de certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk adoptées la veille par le parlement ukrainien, est en voie d’échouer. Les forces d’autodéfense ayant refusé d’organiser des élections selon les conditions de Kiev. Pour les insurgés, “les forces punitives” ne peuvent pas décider de l’endroit et de la nature des élections à organiser sur un territoire qu’elles ne contrôlent pas. Tandis que le parti “Patrie” de Ioulia Timochenko, a promis de prouver le caractère anticonstitutionnel des initiatives avancées par le président Piotr Porochenko. Le parti de la guerre est très actif à Kiev et rencontre de nombreux partisans? Outre Ioulia Timochenko, Irina Gerachtchenko , représentante de Porotchenko pour le règlement du conflit a déclaré que “la loi implique un retour progressif des territoires litigieux sous le contrôle du gouvernement ukrainien et le rétablissement intégral de la souveraineté sur place”. Lui emboîtant le pas, le premier ministre et oligarque, Arseni Iatseniouk a menacé de renoncer unilatéralement au respect des accords de Minsk. Selon lui, l’Ukraine a besoin de la paix, mais: “Nous n’avons pas confiance, qui plus est envers les Russes. Nous verrons donc comment seront mis en œuvre par la suite les prétendus accords de paix”, a-t-il déclaré en appelant l’armée à rester en “état d’alerte”. Le conseiller du président Nikolaï Tomenko a également déclaré hier que Kiev n’avait pas l’intention de stopper l’opération militaire, pour laquelle les dépenses totales approchent déjà les 5 milliards de dollars. Ces déclarations tonitruantes des vaincus ne sont pas faites pour satisfaire ceux qui sur le terrain détiennent la victoire des armes et qui sont en train de tenter d’établir le rouble comme monnaie d’échange. Depuis les accords de Minsk il ne cessent de préciser qu’ils marchent vers une indépendance totale de la Novorossiya.

Fait symptomatique de l’anarchie qui règne à Kiev, juste après avoir obtenu la ratification de cette loi de statut spécial pour certaines zones du Donbass, déjà rejetée par les parties, le président ukrainien s’est heurté à la révolte d’ activistes de Svoboda qui ont assailli le bâtiment dans lequel étaient réunis les parlementaires, en brisant les barrières, enflammant des pneus, menaçant les forces de police d’interposition et en mettant de force le député Jouravsky dans une poubelle, l’accusant qu’à « cause de personnes comme lui, leurs frères et amis périssent». le tout accompagné des cris de “Purge!”. Dans ces conditions les députés n’ont pas tardé à leur donner satisfaction en votant une loi qui expurge de l’administration les fonctionnaires et autres politiciens qui ont collaboré avec le régime de Ianoukovitch. Après quoi un calme précaire est revenu dans les rues de Kiev.

Ce qui laisse penser… qu’à Kiev le pouvoir réel est dans la rue. Porochenko ne contrôle, semble-t-il, pas plus les lois que la trêve puisque des “combats violents” aux abords de l’aéroport de Donetsk ont été rapportés hier par le conseil municipal de la ville. D’après ce dernier, les tirs d’artillerie ont fait deux victimes civiles et plusieurs blessés en 24 heures. Chaque jour le nombre des victimes civiles augmente dans la ville. Le vice-premier ministre de la République populaire de Donetsk, Andreï Pourguine, est persuadé qu’un tournant a été pris, lundi dans le conflit: “quelque chose d’immense s’est écrasé sur la station-service de Khartsyzsk”. Après cela, comme il l’a déclaré à RIA Novosti, les militaires ukrainiens ont recommencé à utiliser des armements lourds.

Pour Igor Strelkov qui intervenait en soutenant l’action de Vladimir Poutine le 11 septembre, le sort de la Russie se joue en Novorossiya, et de préciser: “soit la Russie rétablit pleinement sa véritable souveraineté, soit elle sera démolie par la coalition des oligarques internes et externes.

Emilie Defresne

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