Ce 25 mars 2022, fête de l’Annonciation, le pape François a consacré la Russie au Cœur Immaculé de Marie devant une statue représentant Notre Dame de Fatima, en la basilique Saint-Pierre de Rome. Si beaucoup se réjouissent considérant que cette consécration répond aux demandes de Notre Dame à la Cova de Iria, d’autres, tout en saluant le geste qui replace le message de Fatima « au centre des événements contemporains », observent que toutes les conditions n’étaient pas réunies.  

Le présent article ne souhaite pas analyser la prière de consécration proprement dite du pape François, pot-pourri des poncifs mondialistes à la mode, au tutoiement déplacé, à l’invocation énigmatique « terre du Ciel » pour désigner la Sainte Vierge. Son objectif est d’apporter quelques éléments de réponse à la question réellement importante pour le monde de savoir si cette consécration répondait aux demandes de Notre Dame. Pour cela il propose tout simplement aux lecteurs de MPI un article détaillé de Yves de Lassus, fervent apôtre du message de Fatima, paru sur le blog Centenaire des apparitions de Fatima :

« Le Saint-Siège vient de diffuser la prière que le pape récitera vendredi 25 mars à 18h30. Cette prière répond-elle à toutes les demandes de Notre-Dame comme plusieurs experts l’ont déjà affirmé ?

Tout d’abord rappelons les demandes de Notre-Dame.

Le 13 juillet 1917, Notre-Dame confia aux trois petits voyants, Lucie, Jacinthe et François :

Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix.

Le 29 juin 1929, à Tuy, Notre-Dame dit à sœur Lucie :

Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé. Il promet de la sauver par ce moyen.

En mai 1930, puis en juin 1930, Notre-Seigneur précisa à sœur Lucie :

Dieu mettrait fin à la persécution en Russie si le Saint-Père daignait faire, et ordonnait aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très Saints Cœurs de Jésus et de Marie, Sa Sainteté promettant, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice.

Par la suite, notamment après les huit actes faits par les papes Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II, sœur Lucie a de nombreuses fois répété ces demandes de Notre-Seigneur et Notre-Dame. En conséquence, l’acte demandé au pape est :

une consécration

de le Russie

au Cœur Immaculé de Marie

en union avec tous les évêques du monde

avec un acte de réparation

et la promesse d’approuver et de recommander la communion réparatrice des premiers samedis du mois.

Remarques sur la prière proposée par le Saint-Siège

Consécration au Cœur Immaculé de Marie

Il s’agit bien d’une consécration au Cœur Immaculé de Marie. Le terme “consécration” et l’expression “Cœur Immaculé de Marie” figurent bien dans la prière proposée :

C’est pourquoi, Mère de Dieu et notre Mère, c’est à votre Cœur Immaculé que nous nous confions et nous consacrons solennellement, ainsi que l’Église et toute l’humanité, en particulier la Russie et l’Ukraine.

La lettre d’envoi contient une formule quasiment identique :

Le 25 mars, en la solennité de l’Annonciation, j’ai l’intention de réaliser un acte solennel de Consécration de l’humanité, et de la Russie et de l’Ukraine en particulier, au Cœur Immaculé de Marie.

Enfin, le titre de la prière précise bien : Acte de Consécration au Cœur Immaculé de Marie.

Consécration de la Russie

Ensuite, la Russie est effectivement clairement nommée. L’ajout de l’Ukraine ne change pas l’esprit de la prière. En effet, l’Ukraine faisait partie de la Russie lorsque Notre-Dame fit sa première demande à Fatima.

De plus, l’esprit de la demande de Notre-Dame est de nommer un territoire précis et bien déterminé. Sœur Lucie l’a très bien expliqué à Monseigneur Hnilica, le 14 mai 1982, le lendemain de l’acte d’offrande fait par Jean-Paul II lors de son premier pèlerinage à Fatima. À la question de Mgr Hnilica : « Ma sœur, hier dans son acte d’offrande, le pape a-t-il vraiment consacré la Russie au Cœur Immaculé de Marie ? », elle répondit : « Non, pour deux raisons. Les évêques du monde entier n’ont pas fait, en même temps que le pape, une consécration publique et solennelle, chacun dans sa cathédrale. Par ailleurs, la Russie n’apparaissait pas nettement comme étant l’objet de la consécration. » Et elle précisa que Dieu voulait « la consécration de la Russie et uniquement de la Russie, sans aucune adjonction », car « la Russie est un immense territoire bien circonscrit, et sa conversion se remarquera, apportant ainsi la preuve de ce qu’on peut obtenir par la consécration au Cœur Immaculé de Marie ».

Donc, ce qu’il faut, c’est un territoire bien circonscrit de façon à pouvoir constater l’efficacité de la consécration au Cœur Immaculé de Marie. Le monde est un ensemble trop vaste pour que nous puissions constater sa conversion et donc le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Par contre, la Russie plus l’Ukraine est un territoire bien circonscrit, tout autant que la Russie seule.

Or la consécration proposée par le Saint-Siège ne concerne pas que la Russie et l’Ukraine, car aussi bien dans la lettre d’envoi que dans la prière elle-même, il est parlé d’une consécration de nous-même ainsi que de l’Église et de l’humanité, en particulier la Russie et l’Ukraine. L’ajout de nous-même, l’Église et l’humanité fait que la demande de Notre-Dame n’est pas satisfaite.

Ordre à tous les évêques

La lettre du pape demande bien à tous les évêques de faire cet acte :

Je vous demande de vous associer à cet acte en invitant les prêtres, les religieux et les fidèles à se rassembler dans leurs églises et lieux de prière le 25 mars, afin que le Peuple Saint de Dieu puisse élever une supplique sincère et chorale à Marie notre Mère.

De plus, avant même de recevoir la lettre du pape, les évêques de la conférence épiscopale de l’Amérique latine (CELAM) et de celle des États-Unis (USCCB), soit la plus grande partie du continent américain, avaient décidé d’eux-mêmes de participer à cette consécration.

Acte de réparation

Il n’est pas formellement indiqué d’acte de réparation, mais le 2e paragraphe de la prière proposée peut être considéré comme répondant à cette demande puisqu’il liste une série de fautes en se terminant par : « Maintenant, avec honte, nous crions : Pardonne-nous, Seigneur ! »

Premiers samedis du mois

Enfin, et c’est le point le plus grave, il n’est jamais fait mention de la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Or cette demande est particulièrement importante et ne peut être omise pour les raisons suivantes :

1re raison : Le but principal des apparitions de Fatima est le salut des pécheurs par l’établissement dans le monde de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. C’est une volonté de Dieu Lui-même que Notre-Dame a confié aux petits voyants.

Le 13 juin 1917, elle leur a dit : « Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par Moi pour orner son trône. »

La demande fut répétée presque mot pour mot le 13 juillet 1917 : « Pour sauver les âmes, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. »

Dans un acte qui doit nous obtenir tant de grâces, il est donc indispensable de respecter l’esprit des apparitions de Fatima et de faire en sorte qu’il participe concrètement à l’établissement de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.

2e raison : La Sainte Vierge a dit le 13 juillet 1917 : « Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé ET la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute MES demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix » et non pas “MA demande”. Cela signifie que si toutes ses demandes ne sont pas respectées, la Russie ne se convertira pas et l’on n’aura pas la paix.

3e raison : Sur les deux demandes énoncées le 13 juillet, la Sainte Vierge est venue demander d’abord la communion réparatrice des premiers samedis du mois. En effet, elle l’a demandé le 10 décembre 1925 à Pontevedra, demande répétée le 15 février 1926, soit trois ans avant de demander la consécration de la Russie. La première demande est nécessairement plus importante que la seconde.

Conclusion

En résumé, malgré deux points jusqu’à présent non satisfaits dans les précédents actes faits par les papes, la mention de la Russie et l’union d’une grande partie des évêques, deux des six demandes ne sont pas satisfaites :

la consécration ne concerne pas uniquement la Russie et l’Ukraine ;

la communion réparatrice n’est ni approuvée, ni recommandée.

Ajoutons qu’il est regrettable qu’il ne soit jamais fait mention des apparitions de Fatima, ni dans la lettre d’envoi, ni dans la prière proposée.

Aussi, afin de respecter toutes les demandes de Notre-Seigneur et Notre-Dame, est-il nécessaire de modifier et compléter la prière proposée par le Saint-Siège :

en supprimant les mentions de l’Église et de l’humanité,

en ajoutant l’approbation et la recommandation de la communion réparatrice des premiers samedis du mois.

Il est également souhaitable de compléter l’acte de réparation en citant les péchés mentionnés par l’Ange en 1916 et Notre-Seigneur en 1930, ainsi que ceux occasionnés par les erreurs de la Russie répandues dans le monde.

Pour répondre plus complètement aux demandes de Notre-Dame, il est également souhaitable que la prière fasse mention des buts de cette consécration, notamment l’obtention des fruits qui y sont attachés, à savoir :

la conversion de la Russie et de l’Ukraine, c’est-à-dire le retour dans l’Église catholique, unique bercail du Pasteur éternel, sous l’autorité du Vicaire du Christ sur la terre,

la paix pour le monde que, de par la volonté divine, seule Notre-Dame peut obtenir,

l’arrêt des fléaux, conséquences des erreurs de la Russie répandues dans le monde,

le triomphe du Cœur Immaculé. »

Francesca de Villasmundo

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