Depuis plusieurs semaines le torchon brûlait entre l’Élysée et Jean-Bernard LEVY, Président d’EDF. Le patron d’EDF avait tiré à boulets rouges sur la gestion déplorable par le gouvernement du parc nucléaire français. Il avait déclaré :

« On manque de bras parce qu’on n’a pas assez d’équipes formées. On n’a pas assez d’équipes formées parce que nous a dit ” votre parc nucléaire il va décliner «. Évidemment, on n’a pas embauché des gens pourront en construire 12, on a embauché des gens pour en fermer 12 ».

Allergique à la critique, l’enfant prodige de l’Élysée avait pris la fronde du PDG d’EDF comme un casus belli, une déclaration de guerre. Pour Emmanuel Macron, c’est bien à cause d’EDF que 32 réacteurs sont encore à l’arrêt. C’est à se demander qui est en charge de gérer un sujet aussi sensible que la politique énergétique de l’hexagone ? VIVE LA STARTUP NATION ! Dans tous les cas, le sort de Jean-Bernard LÉVY était définitivement scellé.

Restait à savoir QUI le remplacerait et pour quelle mission ?

Notre cher Président a visiblement jeté son dévolu sur une seule et même personne : Luc RÉMONT, âgé de 53 ans, ancien banquier d’affaires et actuellement directeur général de Schneider Electric, chargé des opérations internationales depuis 2017. Luc RÉMONT est diplômé de l’école Polytechnique, ingénieur de l’École Supérieure des Techniques Avancées (ENSTA). En 1996, il intègre le ministère de l’économie des finances et de l’industrie pour y occuper plusieurs fonctions allant du Trésor aux connexions bancaires (BERD, Banque Mondiale) puis des participations de l’Etat français dans les sociétés de transport. De 2002 à 2007, il occupe les fonctions de conseiller technique chargé des participations, puis de directeur-adjoint au sein du cabinet des ministres des finances. C’est en 2007, qu’il intègre la banque Merrill Lynch et devient directeur de la banque de financement et d’investissement Bank Of America Merrill Lynch pour la France en 2009. C’est dans cette période qu’il supervise la vente controversée d’Alstom à l’américain General Electric en sa qualité de banquier. Conseiller sous le ministère de Thierry BRETON, il a également participé à la privatisation et fusion du groupe GDF-SUEZ. Il est en outre président du GIMELEC.

À la tête du groupe EDF, sa mission sera de mettre en place la politique énergétique de la France pour les décennies à venir. Dans ce cadre, le Premier Ministre Elizabeth BORNE avait annoncé au mois de juillet dans sa déclaration de politique générale une volonté de renationaliser à 100 % EDF :

« je vous confirme aujourd’hui l’intention de détenir 100 % du capital d’EDF, cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensable pour notre avenir », avait-elle déclaré devant l’Assemblée nationale.

L’État est actuellement détenteur de 84 % du capital de EDF, 1 % est détenu par les salariés et 15 % par des actionnaires institutionnels et individuels.

Mais pour quelle raison, le groupe EDF est-il dans un état si critique au point d’annoncer des coupures d’électricité pour les utilisateurs cet hiver ?

Plusieurs facteurs ont contribué à la dégradation d’EDF et à la situation que l’on connaît aujourd’hui :

  • surcoûts pour la construction de réacteur EPR (X4),
  • des problèmes de corrosion affectent une partie du parc entraînant l’arrêt de 12 réacteurs sur 56,
  • des décalages de maintenance liés au covid-19.
  • la contrainte de vendre davantage d’électricité à faible coût à la concurrence.

Vous ajoutez très vraisemblablement à tout cela des surfacturations pendant plusieurs années de la part des sous-traitants, et là c’est la catastrophe que connaît la France en matière d’énergie.

C’est donc dans ce contexte général que Luc RÉMONT prend ses fonctions. Il aura pour mission d’assurer la construction de 6 nouveaux réacteurs de nouvelle génération, dits EPR2, pour un coût estimé à plus de 50 milliards d’euros et une livraison prévue entre 2035 et 2037. Il devra également poursuivre le développement des énergies renouvelables (solaire, éolien), tout en renationalisant l’entièreté du groupe.

Au premier abord, la mariée semble belle et bien habillée, mais le hic dans cette affaire est que l’État souhaite renationaliser l’entreprise au travers d’une SOCIÉTÉ ANONYME ; ce qui parait totalement incohérent compte tenu des enjeux actuels, à venir et des guerres futures. La cohérence voudrait que la gestion énergétique nationale soit à 100% régalienne en vue d’une indépendance énergétique totale de la France. Mais le fait de procéder à une renationalisation au travers d’une société anonyme, de surcroît en y installant un banquier d’affaire qui a largement contribué au dépeçage des fleurons nationaux, risque fort de laisser un goût de fiel dans la bouche des français. Le passé a largement prouvé que bien souvent dans des cas similaires, les marchands se servaient grassement pendant que les français passaient et repassaient à la caisse.

Augustin Romainvilliers, 2 octobre 2022

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