Le dossier des oppositions au Synode sur la synodalité continue d’engranger des critiques venant de l’intérieur même de l’Eglise conciliaire.
Après le cardinal Leo Burke qui a déclaré le 3 octobre que “La synodalité contredit la véritable identité de l’Église” [Voir les articles sur le sujet en bas de page], c’est aujourd’hui un autre cardinal, Mgr Müller, qui “monte au créneau” pour condamner ce qui s’est passé pendant la première partie du Synode.
Pour lui, il ne s’agit pas vraiment d’un synode d’évêques, il y a eu beaucoup de propagande LGTB et le clergé a été constamment attaqué, y compris par le Pape. Tels sont les points principaux dont il se plaint.
Nos confrères de fxxps.news ont résumé les sévères prises de position du cardinal dans un article que nous vous proposons dans son intégralité :
L’évaluation du synode qui vient de s’achever par le cardinal Gerard L. Müller est très inquiétante. Intervenant au Rome Life Forum, organisé par LifeSiteNews, le cardinal Müller a mis en garde contre l’illusion de « moderniser la vérité de l’Evangile à l’aide de philosophies relativistes ou d’anthropologies idéologiquement corrompues ».
Il suffit de regarder « les églises locales où cette théologie progressiste prévaut : séminaires vides, disparition de la vie monastique, abandon des fidèles. Ainsi, en Allemagne, 13 millions de catholiques ont été perdus en 50 ans, passant de 33 millions en 1968 à 20 millions en 2023. » Et il réitère à LNBQ : « Le Synode a voulu changer la structure hiérarchique de l’Eglise : l’Église anglicane ou protestante est prise comme modèle. »
Le cardinal explique en accusant le Pape : « Lorsque le pape a convoqué les laïcs, il a changé la nature du synode. (…) Cela pourrait sembler un simple renforcement du rôle des laïcs. (…) En réalité, c’est ignorer le sacrement de l’ordre, qui est une institution directe et spéciale de Jésus-Christ. C’est lui qui a constitué l’Église avec sa hiérarchie.
« Faire appel au sacerdoce universel de tous les croyants est une manière de nier la structure voulue par le Christ. (…) Si l’on veut parler aux laïcs, il y a d’autres instruments. (…) Mais le synode a une autre nature et le pape ne peut pas changer la structure sacramentelle de l’Eglise. Il ne peut donner l’autorité épiscopale à quelqu’un qui n’est pas évêque. »
Reprenant une question, le cardinal Müller explique avoir critiqué la disposition interdisant aux évêques de porter la soutane filetée pendant les travaux du Synode. « La question de l’habit peut sembler insignifiante. (…) Mais un synode est une liturgie, un culte rendu à Dieu, et non une assemblée quelconque. La tenue vestimentaire montre ce que le synode est devenu : une vanité. »
De quoi le synode a-t-il discuté ?
« Après toutes ces discussions, personne ne sait ce qu’est la synodalité. (…) Le débat était très figé. Chaque intervention était enregistrée. Il y avait ce “vous devez vous écouter les uns les autres” permanent ; (…) bref, il y avait une domestication. De nombreux évêques se sont plaint du faible niveau des interventions : on ne peut pas traiter des questions théologiques avec des émotions. »
Pouvez-vous donner un exemple ?
« Une femme parle d’un proche qui s’est suicidé parce qu’il était bisexuel, et dit que le prêtre de la paroisse l’a condamné à cause de sa bisexualité. L’intervention qui suit conclut : c’est la preuve que l’Eglise doit changer de doctrine. Donc, c’est la doctrine de l’Eglise qui est en cause, c’est-à-dire Dieu qui a créé l’homme et la femme. Comment faire face à de tels problèmes ?
« Les LGBT se posent en véritables interprètes de la Parole de Dieu, mais ils véhiculent une anthropologie perverse et fausse : ils ne s’intéressent pas aux personnes, à leur salut, mais instrumentalisent les personnes pour affirmer leur idéologie. Ils veulent détruire la famille et le mariage. »
Vous avez déclaré que ce synode ne voulait que promouvoir l’agenda LGBT et le diaconat féminin…
« On a en beaucoup parlé et très peu des thèmes essentiels de la foi : l’Incarnation, la Rédemption, le péché, la grâce, la nature humaine, la fin ultime de l’homme, les vocations, l’éducation. Ou encore la propagation de la violence par ceux qui la justifient au nom de Dieu, comme les fondamentalistes musulmans. Rien de tout cela, mais tant de discours sur l’homosexualité, et tous à sens unique. (…)
« Pourquoi n’avoir pas invité des personnes qui ont été homosexuelles mais revenues à une pratique hétérosexuelle, comme Daniel Mattson [auteur de Comment j’ai retrouvé ma réalité sexuelle et trouvé la paix, 2017, NDLR] ? Le père James Martin n’était là que pour faire de la propagande. Il n’a jamais parlé de grâce et de salut pour ces personnes, mais seulement de “l’Eglise doit accepter”. Mais ce n’est pas l’Eglise qui doit changer, mais nous qui devons nous convertir. »
La question des abus a-t-elle été abordée lors du Synode ?
« Cette question n’a servi que de prétexte pour attaquer le clergé. C’est la faute du cléricalisme, mais c’est finalement la faute de Jésus-Christ, qui a institué l’apostolat. Le clergé, ce sont les évêques, les prêtres et les diacres. Ce n’est pas leur existence qui cause les abus, mais le fait qu’il y a des individus qui ne respectent pas le sixième commandement.
« Mais le péché contre le sixième commandement n’est jamais mentionné. Comme dans le cas de la bénédiction des couples homosexuels : on dit qu’il faut éviter la confusion avec le sacrement du mariage. Mais là n’est pas la question. La question est que les actes homosexuels et extraconjugaux sont un péché mortel et qu’ils ne peuvent donc pas être bénis. »
Vous affirmez que l’accusation de cléricalisme est un prétexte pour attaquer les prêtres ?
« C’est un fait, même au cours du Synode, il y a sans cesse des propos négatifs sur les prêtres et le Pape n’a pas été en reste. S’il y a quelques bonnes lignes dans le document final, c’est grâce aux rédacteurs, car beaucoup se sont plaints. Mais le ton général du Synode était très négatif. Le sacerdoce catholique est caricaturé, comme s’il s’agissait d’une caste face aux laïcs.
« Mais nous sommes une seule Eglise, avec des spécificités, car tout le monde n’a pas reçu ce pouvoir sacré. C’est la différence avec les protestants qui nient cette différence essentielle entre l’ordre et le sacerdoce universel des fidèles : Luther dit que le sacrement de l’ordre n’existe pas, que c’est un instrument du diable. Il n’est pas possible d’arriver à un compromis sur ce point.
« Et pourtant, dans l’Eglise, on tente de minimiser le sacerdoce ministériel, en parlant toujours négativement des prêtres : abuseurs, assujétissant les femmes, punisseurs des pécheurs dans le confessionnal, toujours négatifs. Pauvres prêtres aujourd’hui, attaqués de toutes parts, il semble que les vocations soient une nuisance.
« Où est la pastorale des vocations ? C’est Jésus qui appelle, pas le pape ; les prêtres appartiennent à Jésus, pas au pape. Et cet exemple se reflète même dans de nombreux évêques qui en tirent la leçon et gouvernent dans leurs diocèses contre les prêtres. Même s’ils ne l’expriment pas clairement, il semble que l’idéal qu’ils veulent atteindre est le protestantisme. »
Source : fsspx.news
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– 19 septembre 2023 : Synode : l’Église « de nature synodale » ? par Louis Flétenchard
– 3 octobre : Le cardinal Burke déclare que “La synodalité contredit la véritable identité de l’Église”, par Christian Lassale
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Christian LASSALE
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