Quel sera le nouveau monde post-covid vers lequel tendent les mondialistes ?

Dans un article récent, le journaliste italien Maurizio Milano, donne quelques indications tirées d’un livre récent de Klaus Schwab, président du Forum de Davos, « fondamental pour comprendre quel type de monde ces ‘élites’ mondiales ont l’intention de construire. Une gouvernance globale de l’économie et de la société capable de décider où aller, par quels moyens et de quelle manière, à partir de la transition écologique. Et la pandémie de Covid-19 est la grande opportunité pour la mise en place de cette sorte de « socialisme libéral », grâce aussi au contrôle des médias qui reprennent le récit voulu par le pouvoir. »

L’analyse de Milano du livre du ‘gourou’ de Davos Klaus Schwab permet d’appréhender la vision idéologique totalitariste qui sous-tend la révolution globale, numérique, transhumaniste, ‘écologique’ qui se déroule actuellement sous nos yeux sous prétexte de crise sanitaire. La voici traduite en son intégralité :

« Dans son récent livre Stakeholder Capitalism : A Global Economy that Works for Progress, People and Planet, le président de Davos, le professuer Klaus Schwab, affirme que le modèle social, économique et politique actuel a pris fin. Les signes de crise étaient déjà évidents dans les années 1970, à commencer par le « Rapport Meadows » de 1972, commandé par le « Club de Rome » d’Aurelio Peccei, qui identifiait les « limites du développement » dans la croissance « excessive » de la population par rapport aux ressources disponibles. Et puisque les gens émettent du dioxyde de carbone et laissent une « empreinte écologique », pour l’idéologie « verte » dominante d’aujourd’hui, la population est considérée comme la principale menace pour la « santé » de la planète elle-même.

Schwab se concentre ensuite sur le tournant défini comme « néo-libéral », qui a commencé dans les années 1980 avec la Reaganeconomics et le Thatcherisme, centré « plus sur l’intégrisme de marché et l’individualisme et moins sur l’intervention de l’État ou la mise en œuvre d’un contrat social », le jugeant « une erreur ». Il soutient que le modèle dominant – qu’il définit « le capitalisme actionnarial » parce que la responsabilité des entreprises se limite à la production de profits pour les actionnaires, sans autres implications « sociales » – doit être dépassé de toute urgence dans le sens de ce qu’il appelle le « capitalisme partie prenante du 21e siècle », où toutes les « parties prenantes » doivent être prises en considération, des clients aux travailleurs, des citoyens aux collectivités, des gouvernements à la planète, dans une perspective qui n’est plus locale ou nationale mais « globale », qui exige un nouveau « multilatéralisme ».

En principe, la logique du « capitalisme actionnaire » est également acceptable, puisque les entreprises ne vivent pas dans le vide mais dans des contextes sociaux et politiques et donc, en plus de générer du profit pour les actionnaires, servant au mieux les clients de manière libre et dans une concurrence loyale, il est juste qu’ils supportent les coûts d’éventuelles externalités et assument également des responsabilités plus larges, selon le principe du bien commun auquel chacun est tenu de contribuer. Mais que signifie exactement l’expression « capitalisme d’acteurs du 21e siècle » ? Au cœur de ce modèle, selon Schwab, il y a deux réalités : le « peuple » et la « planète ».

Le « peuple » : Schwab écrit que « le bien-être des personnes dans une société affecte celui des autres personnes dans d’autres sociétés, et c’est à nous tous en tant que citoyens du monde d’optimiser le bien-être de tous ». Cependant, les « citoyens du monde » abstraits désignés par Schwab n’existent que dans des visions idéologiques : des « gens » concrets ont toujours des relations, à commencer par la famille et avec la société environnante, et sont toujours porteurs d’une histoire – et d’une géographie -, ainsi que d’une vision du monde. Il n’y a pas de « citoyens du monde », sinon parmi les élites technocratiques apatrides auxquelles s’adresse le professeur Schwab.

La « planète » : Schwab la définit comme « l’acteur central du système économique mondial, dont la santé doit être optimisée dans les décisions prises par tous les autres acteurs. Nulle part cela n’est devenu plus évident que dans la réalité du changement climatique planétaire et des événements climatiques extrêmes qui en ont résulté ». La théorie anthropique du « réchauffement climatique » – récemment remplacée par « le changement climatique », peut-être parce que de cette façon, le récit resterait valable même si la température de la planète devait « malheureusement » baisser ! – c’est juste une théorie, pas une réalité, car il manque une certaine confirmation scientifique. En considérant l’homme comme le « cancer » de la planète, l’idéologie écologique pèche paradoxalement pour un excès « d’anthropocentrisme » car elle attribue à l’être humain un pouvoir qu’en fait il est loin d’avoir : n’est-ce pas prométhéen de prétendre abaisser la température de la planète comme on le fait avec la climatisation du bureau et penser pouvoir changer le climat de la Terre comme si c’était celui de la serre du jardin potager ?

UNE TRANSITION TOTALISEE

Schwab n’en parle pas dans son dernier livre mais on sait que la « transition écologique » imposée ne se limitera pas aux questions « énergétiques », avec l’abandon des énergies fossiles, mais s’étendra aussi au changement de modèles alimentaires, encourageant la « conversion » au véganisme et à la consommation de « viande synthétique » ; sans parler de la « suggestion » de n’avoir de préférence qu’un seul enfant par famille, d’adopter un mode de vie caractérisé par l’austérité, de renoncer aux déplacements pour éviter de polluer ou de préférer aller à pied ou à vélo et de n’utiliser que les transports en commun ; et qui sait quoi d’autre à l’avenir, car la révolution verte, comme toutes les révolutions, est un processus en constante évolution, et ne peut donc pas s’arrêter.

Les coûts seront probablement stratosphériques, supportés par les contribuables et les consommateurs, avec d’inévitables graves distorsions de concurrence et donc des perspectives elles-mêmes de la croissance économique future, au détriment de la plupart et au profit des industries favorisées par ces projets ainsi que des « Finance durable ESG ». Sans parler des fortes restrictions de liberté, que l’on a déjà commencé à « savourer » : une baisse, bref, pas très heureuse.  

Si le « capitalisme actionnaire du XXIe siècle » repose sur ces deux piliers, il existe donc une réelle crainte de dérives liberticides. Alors que les sociétés et l’initiative économique naissent historiquement d’en bas, à partir de personnes concrètes, insérées dans les familles et les communautés, pour se développer ensuite selon des logiques subsidiaires dans les différents corps intermédiaires, nous sommes ici confrontés à une vision dystopique fondée sur une anthropologie déformée et par conséquent sur une sociologie « renversée ». Une perspective atomiste et matérialiste, centraliste et dirigiste, où les « meilleurs » voudraient conduire du centre et d’en haut, comme dans la cité idéale tant désirée par Platon (428/427 avant JC – 348/347 avant JC) dans la Politéia. Evidemment vers un « monde meilleur », prospère, inclusif, résilient et durable : vaste programme !

Se ralliant à la vision de l’économiste italienne Mariana Mazzucato, Schwab soutient qu’ « un gouvernement fort ne devrait pas se limiter à la réglementation, mais aussi être une force fondamentale pour l’innovation et la valeur ajoutée pour la société ». Ceux qui lisent Schwab et d’autres économistes mainstream sont amenés à penser que le système économique actuel bénéficie d’un « excès de liberté » des particuliers, dysfonctionnel pour le bien du « monde », qu’il n’y a pas de règles, que les États n’interviennent pas dans la vie sociale et les conditions économiques de leurs propres nations.

Malheureusement, cette perception se retrouve aussi chez ceux qui critiquent les positions dirigeantes et liberticides de Davos : si vous tombez dans le piège d’utiliser le même langage, vous risquez de gravement vous tromper de diagnostic et donc aussi de « thérapie ».

LE PROJET D’UNE GOUVERNANCE MONDIALE

Dans la réalité, en revanche, les pays contemporains – pour ceux qui les observent sans revêtir les verres déformants de l’idéologie – se caractérisent tous, plus ou moins, par une très forte présence de l’État dans la vie économique et sociale, par un niveau de pression fiscale et de contribution importante, d’une forte collusion des grands groupes industriels et financiers avec le pouvoir politique (le soi-disant capitalisme clientéliste) et d’un monopole d’État sur la monnaie, dont la quantité est manipulée ad libitum par les banques centrales respectives qui, en ces dernières années, interviennent de manière de plus en plus active et sans scrupules pour guider les systèmes financiers, et donc économiques, de leurs pays.

Où donc serait ce fantôme « néolibéralisme » dénoncé par tous – par Davos et les détracteurs de Davos – alors qu’aux États-Unis mêmes, considérés comme l’emblème de l’économie libre, le pouvoir politique s’entend avec les grands groupes privés et la tendance à Wall Street elle-même – dans l’imaginaire collectif, symbole emblématique du « capitalisme sauvage » et du « turbo- capitalisme » – dépend en réalité de plus en plus de la politique, notamment des politiques monétaires ultra-expansionnistes mises en place depuis 2009 par la Réserve fédérale américaine, seulement formellement indépendante de l’ establishment politico-économique ?

Comme on le sait, la perspective de Davos est celle de la « Grande Réinitialisation » des systèmes économico-socio-politiques actuels, dans le cadre de l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le soi-disant « Développement durable ESG » : la direction proposée ( fiscalité ?) est d’aller vers une « Nouvelle Normalité », une sorte de gouvernance mondiale , où des « salles de contrôle » toujours plus élevées, composées d’instances supranationales, d’États, de banques centrales, de grands groupes financiers et économiques, de think tanks comme Davos, assumeront le rôle de chefs d’orchestre pour décider où aller, par quels moyens et comment, pour « reconstruire le monde meilleur », selon le slogan « B3W », ou « Build Back a Better World » du président américain Joe Biden, partagé par les pays du G7.

RETOUR À LA NORMALITÉ ? JAMAIS

Mais comment imposer de tels changements ? Dans son précédent livre bien connu, « COVID-19 : The Great Reset », le leader du WEF (Forum Mondial de Davos) écrivait qu’au-delà des faits, la « réalité », « nos actions et réactions humaines […] sont déterminées à partir d’émotions et de entiments : les récits guident notre comportement », suggérant qu’avec une narration adéquate, il sera possible d’induire un changement d’en haut petit à petit, créant un consensus avec un mélange de bâton et de carotte. La manipulation du langage et de la propagande, ainsi que le contrôle des flux financiers et des réglementations de plus en plus strictes, sont fonctionnels à la mise en œuvre d’un processus de perturbation, qui est déjà sous les yeux de tous et qui commence à porter les « fruits » espérés.

La Grande Réinitialisation vers le « Brave New World » « post-pandémie » va donc dans le sens inverse de celui qui est souhaitable. En pensant à la « certification verte COVID-19 » – imposée en Italie par décret-loi en plein été, indépendamment des dommages graves prévisibles à la saison touristique face à un « besoin » et une « urgence » qui ne sont pas compris – on a de plus en plus l’impression d’être à l’intérieur d’une extraordinaire expérience d’ « ingénierie sociale ». Pourquoi l’ont-ils appelée verte ? Peut-être parce que le laissez-passer est destiné à perdurer même après l’épidémie de Covid, et qu’il pourra être utilisé pour imposer des restrictions à la liberté afin de gérer la prochaine « urgence », celle climatique ?

Après 18 mois d’ « état d’exception », les gens ont été conditionnés par la peur, l’isolement et la propagande sans fin pour accepter le changement, pour troquer des espaces croissants de liberté et d’intimité en échange de l’espoir d’avoir la « sécurité » et la « santé ». Il ne faut pas « gâcher la crise », cette « grande opportunité » de l’épidémie, comme l’écrivent Mazzucato et Schwab : cela explique la « hâte » pour mettre en œuvre l’Agenda de Davos, sans même prendre la peine de cacher le projet, qui est partagé par tous les classes dirigeantes. L’opposition, s’il y en a une, ne se voit pas.

Le « capitalisme actionnaire du XXIe siècle » apparaît comme une sorte de « socialisme libéral », un peu gnostique et un peu fabien, qui rappelle davantage la perspective du « Nouveau Monde » d’Aldous Huxley (1894-1963) que celui de « 1984 » de George Orwell (1903-1950). Quos Deus perduta vult, dementat prius : tout projet contraire à la nature de l’homme et à l’ordre des choses est inévitablement voué à l’échec définitif, mais peut néanmoins causer de graves dommages, pour de nombreuses années à venir.

« Quand reviendrons-nous à la normale alors ? » : « Quand ? Jamais », écrit Schwab. C’est écrit noir sur blanc, il suffit de prendre la peine de lire ce qu’ils écrivent : ce n’est pas un complot, mais même si c’était le cas, alors ce serait le complot du WEF (World Economic Forum) à Davos, certainement pas celui de ceux qui viennent le dénoncer. » (©Traduction de Francesca de Villasmundo)

Francesca de Villasmundo

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