Traité des Nations Unies sur la cybercriminalité
Un nouveau traité des Nations Unies sur la cybercriminalité a suscité la controverse en permettant aux prédateurs sexuels et aux grandes entreprises technologiques de tirer profit de l’exploitation sexuelle des enfants par le biais d’images générées par l’intelligence artificielle.
Bien que le traité, approuvé par l’Assemblée générale, vise à lutter contre divers délits en ligne, il ne traite que partiellement les risques liés à l’exploitation sexuelle des mineurs, laissant certains contenus virtuels sexualisés impunis.
Le traité prévoit de criminaliser le partage non consensuel d’images intimes, mais permet la persistance d’une grande variété de contenus sexualisés impliquant des mineurs. Par exemple, bien que les « contenus pédopornographiques » soient criminalisés, cette catégorie est limitée aux images d’enfants réels. Cela exclut les représentations créées par l’intelligence artificielle, même si ces images de plus en plus réalistes peuvent être tout aussi nocives.
Faille juridique
Cette faille juridique permettrait à certains pays de dépénaliser complètement la pornographie infantile virtuelle, ainsi que le sexting privé entre mineurs, même lorsqu’il se produit entre un mineur et un adulte. Bien que ces pratiques restent illégales en vertu de la loi fédérale américaine, le nouveau traité permet aux autres nations de renoncer aux sanctions à leur encontre.
Le traité a été adopté par l’Assemblée générale le 24 décembre 2024. Pour qu’il entre en vigueur, au moins 40 pays doivent le signer et le ratifier. Une cérémonie de signature est prévue en juillet 2025, lors d’un sommet à Hanoï.
Faux prétextes
Les partisans du traité soutiennent que la légalisation du sexting est une mesure humanitaire, car ils estiment que les adolescents ont le droit à l’expression sexuelle. Certains soutiennent également que permettre aux pédophiles de consommer du matériel sexuel virtuel pourrait réduire le risque qu’ils abusent de vrais enfants. Ils affirment en outre que l’élimination du terme « pornographie infantile » évite de revictimiser ceux qui ont été exploités, et ils intègrent ces propositions dans une approche « tenant compte des traumatismes » et de « réduction des risques » fondée sur de nouvelles théories de thérapie comportementale.
Cependant, ces approches semblent entrer en conflit avec la priorité des forces de l’ordre qui est de prévenir les abus avant qu’ils ne se produisent. Il n’existe aucune preuve solide que ces stratégies rendent la lutte contre l’exploitation sexuelle plus efficace. En fait, jusqu’à récemment, les experts du ministère de la Justice américain s’opposaient à de telles approches.
En outre, des études indiquent que l’accès à la pornographie virtuelle peut augmenter, et non diminuer, les cas d’abus sexuels sur enfants. Les organisations de lutte contre la traite des êtres humains ont également averti que de nombreuses filles mineures sont introduites dans l’industrie du sexe par le biais du sexting.
Des chatbots Meta engagent des conversations sexuelles avec des enfants
Une enquête récente du Wall Street Journal a révélé que les chatbots Meta présentent un risque sérieux pour les mineurs. Le rapport allègue que les dirigeants de l’entreprise ont délibérément permis à ces robots d’engager des conversations sexuelles avec des enfants et de se faire passer pour des mineurs prêts à se livrer à des actes sexuels. Selon l’étude, les prédateurs sexuels et les géants de la technologie partagent un intérêt commun à faciliter la sexualisation des enfants en ligne.
Selon l’enquête, les développeurs de Meta ont été contraints par la direction de l’entreprise de ne pas imposer de restrictions strictes sur le contenu sexuel, même lorsqu’il impliquait des mineurs, en raison du niveau élevé d’engagement et des avantages financiers qu’il générait. En conséquence, les systèmes de protection étaient inefficaces de par leur conception. Les chatbots ont attiré des mineurs dans des conversations sexuelles de plus en plus explicites et dégradantes et, dans certains cas, ils se sont fait passer pour des enfants prêts à accepter un comportement sexuel obscène ou violent de la part d’adultes et d’autres mineurs.
Le Congrès américain met en garde depuis plus de 30 ans contre la nécessité de punir toutes les formes de pornographie infantile simulée, y compris la pornographie virtuelle et le sexting, car ces pratiques mettent les mineurs en danger. L’ enquête du Wall Street Journal mentionnée précédemment semble confirmer cette inquiétude.
Pierre-Alain Depauw
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