Enfin, le Parquet National Financier, vient d‘ouvrir une enquête pour blanchiment aggravé de fraude fiscale visant le cabinet de conseil américain McKinsey. « Un dossier potentiellement explosif qui, à terme, pourrait provoquer une myriade de perquisitions au cœur de l’appareil d’État » commente le magazine Marianne.

La décision n’a été prise que le 31 mars, en toute discrétion, et n’a été rendue publique que ce 6 avril en fin de matinée, le PNF préférant ces deniers jours ne « rien communiquer ».

Une annonce qui arrive juste après la publication d’une tribune de plusieurs magistrats dans Marianne le 5 avril dans la soirée dans laquelle ils lançaient un appel au parquet national financier (PNF) pour le déclenchement d’une enquête dans l’affaire McKinsey. Dans cette tribune les magistrats s’étonnaient qu’aucune enquête n’ait été ouverte à la suite de la révélation le 17 mars de l’emploi massif de cabinets de conseil par le gouvernement français.

« Ces faits concernent tout un système susceptible de mettre en cause les plus hautes instances de l’État : les ministres placés à la direction d’administrations centrales, ordonnateurs des deniers publics ayant engagé des dépenses au nom de l’État, et selon des procédures de marchés publics dont il appartient à la justice d’en vérifier la régularité », écrivaient-ils.

Selon les magistrats, plusieurs points devraient donc attirer l’œil du législateur. « La régularité de la procédure d’attribution des marchés au regard du code des marchés publics et du délit de favoritisme. (…) La fraude fiscale, concernant le non-paiement de l’impôt par la société de conseil basée en France au regard de son niveau de transfert. (…) La réalité des prestations effectuées par le cabinet », ou encore les éventuels conflits d’intérêts avec les acteurs de l’Etat.

« Il serait anormal que le parquet ne déclenche pas une enquête et des investigations sur ce qui pourrait être un véritable scandale d’État. Nous osons espérer que cette enquête qui sera à charge et à décharge, aura lieu à court terme, poursuivent-ils. Les articles publiés sur ce sujet par des journalistes d’investigation, notamment celui du 30 mars par le Canard enchaîné sur « l’incroyable myopie » du fisc français, devraient en principe conduire le procureur de la République, qu’il s’agisse du parquet de Paris ou du PNF, à ouvrir une enquête préliminaire, comme il l’a récemment fait pour d’autres dossiers ».

A l’appui de leur étonnement, ils évoquent l’affaire Fillon en 2017 ou plus récemment, l’enquête confiée l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) par le Parquet national financier (PNF) visant le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel, soupçonné d’emploi fictif après que Médiapart l’a accusé d’avoir été payé entre 2009 et 2014 comme assistant parlementaire sans avoir réellement travaillé.

Le non-déclenchement d‘une enquête ferait retomber selon eux des soupçons de favoritisme ou de protection envers certains hommes d’Etat. Macron n’est pas cité mais visé.

Sous la pression, le PNF a donc lancé son enquête, à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, donc bien tard, si l’on considère avec quelle célérité il s’était acharné contre Fillon lors de la campagne présidentielle de 2017. Pourquoi une telle différence de traitement ? Deux hypothèses affirme un ancien juge d’instruction, Hervé Lehman : « soit le Parquet national financier a appris de l’expérience catastrophique de l’affaire Fillon, où son intervention précipitée et tonitruante a altéré le processus démocratique, et a souhaité cette fois-ci respecter la trêve républicaine en période préélectorale, soit son comportement est différent lorsque l’affaire concerne le pouvoir en place », ce retard permettant que l’enquête judiciaire ne perturbe pas les élections, ni la campagne de Macron, car le calendrier est maintenant trop serré.

Une enquête donc mais tardive.

Francesca de Villasmundo

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