medecins-MPI

L’Institut CSA a fait un sondage auprès de 1000 Français. Il leur a été demandé quelle était pour eux la profession idéale. L’orientation vers la médecine arrive en tête pour 13% des Français parmi les 17 choix proposés ; puis suit celle de vétérinaire à 10 %. Être policier n’intéressera que 1% des sondés. Apparemment les femmes (15 %) sont plus intéressées que les hommes (11 %). En 2013, 58 % des nouveaux inscrits au tableau de l’Ordre des Médecins étaient des femmes. Les temps ont bien changé : mon grand-père maternel, le Dr Mahieu, maire de Wimereux, était intervenu auprès de la faculté de médecine de La Catho de Lille car il était refusé à sa fille (ma mère) le droit de passer le concours de l’internat car elle était une femme. Quand elle fût diplômée, le plus prestigieux des chirurgiens du Nord de la France disait : « Les femmes-médecins sont des dangers publics ».

Cependant l’exercice de la profession, même si il est assez bien payé, est extrêmement dur. Très peu de femmes deviennent généralistes. Elles s’orientent souvent vers des spécialités calmes comme la phlébologie, la dermatologie ou la médecine du travail. Ceci pour une raison très simple : elles tiennent à s’occuper de leurs enfants quand elles en ont ; ce qui est un réel problème quand on est anesthésiste, chirurgien ou médecin généraliste.

Une autre étude diligentée par l’Union Française pour une médecine libre établit qu’un médecin sur deux est en situation d’épuisement (burn out). Le taux de suicides parmi mes confrères est de 2,37 fois plus élevé que dans le reste de la population.

La loi de santé Juppé de 1996 a restreint drastiquement à 4000 étudiants le nombre de reçus au concours d’entrée. La pénurie dix ans plus tard a commencé à apparaître. Nous ne nous en sommes jamais remis. En effet, les jeunes médecins sont de plus en plus conscients et sensibilisés aux difficultés de leur mission. La profession est de moins en moins respectée, les agressions se multiplient, le travail est de plus en plus prenant, la responsabilité a augmentée et se traduit par des plaintes en justice ; laquelle devenue idéologique donne le souvent tort au plaignant supposé moins riche ; enfin la technicité est en train de remplacer par des machines la démarche psychologique du rapport humain entre le médecin et son patient. Chaque spécialité a désormais son appareil informatisé qui remplace le tête-à-tête avec le patient. Allez faire une radio ! vous ne verrez probablement pas le bout du nez du radiologue. De même depuis dix ans les électrocardiogrammes numériques proposent des diagnostics et des traitements. Basée sur les algorithmes l’appareil est devenu plus fiable que le praticien lui-même.

Il n’est bien sûr plus question dans ce contexte de parler de « vocation médicale » comparée à celle du prêtre.

Mais les jeunes médecins ayant terminé leurs études avec de telles perspectives que se passe-t-il ensuite ? La grande illusion se transforme en grande désillusion. Entre 2004 et 2011, près de 20.000 diplômes de médecine générale ont été attribués. Or seulement 5.000 jeunes médecins se sont installés. Il en aurait fallu quatre fois plus. Qu’ont fait les autres ? Ils se sont orientés vers le salariat ou des spécialités tranquilles. Le plus étonnant est que l’on a perdu la trace de plus de 6000 d’entre eux.

Ne nous faisons pas l’illusion. La désertification médicale de certaines régions va s’accroître. La médecine de proximité disparaîtra. Le nombre de généralistes continuera à chuter. Même en faisant venir des praticiens de Roumanie ou du Bénin.

Dr Jean-Pierre Dickès

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