Les forces de Daesh sont de plus en plus acculées sur la frontière irakienne, prises en étau entre l’armée syrienne (appuyée par les Russes dans les airs et les Iraniens au sol) et l’armée irakienne. Les Kurdes, depuis la rive gauche de l’Euphrate, suivent et surveillent les mouvement syriens sans vraiment combattre les islamistes. C’est ainsi depuis la prise de Raqqa, conformément aux consignes américaines.

Les islamistes se défendent avec acharnement et, plus d’un mois après l’offensive syrienne, Deir ez-Zor n’est toujours pas totalement libérée. Il est vrai que de nombreux étrangers sont parmi eux (Caucasiens, Tunisiens, notamment, sans oublier les “Français”) et, n’ayant pas beaucoup de clémence à attendre en cas de reddition, sont bien décidés à se battre jusqu’au bout. Mais leur défaite ne fait plus aucun doute.

Dans l’autre place forte islamiste, la province d’Idleb (au nord-ouest de la Syrie), c’est le Front al Nosra (rebaptisé Fatah al-Cham) qui domine. Mais depuis le déploiement de l’armée turque, la situation évolue.

On sait qu’Ankara et Moscou, depuis leur réconciliation et les discussions d’Astana, se sont mis d’accord  pour une installation durable des Turcs dans le nord de la Syrie. Idleb est en effet la quatrième zone de “désescalade” après la Ghouta (dans la banlieue est de Damas), Deraa (dans le sud) et Homs (au centre). Et ce sont les Turcs qui sont chargés de veiller au bon déroulement des accords.

Erdogan avait de toutes façons bien l’intention de ne pas laisser une zone kurde autonome s’organiser tout le long de sa frontière sud, et une implantation solide dans le nord de la Syrie lui permet d’atteindre cet objectif. Quant à l’armée syrienne, occupée à l’est, elle n’a pas les moyens de mener plusieurs opérations d’envergure en même temps.

Al-Nosra a choisi de ne pas combattre les Turcs, faute de moyens suffisants et malgré l’affaiblissement incontestable de l’armée turque depuis les purges d’Erdogan. Elle les a donc accueillis et doit, progressivement, leur céder plusieurs de ses bases. Cette docilité en dit long sur l’état de ses forces dans une région où, pourtant, les islamistes pullulent.

De plus, al-Nosra est minée par les divisions. Deux courants s’opposent : l’aile dure, dite jordano-égyptienne, composée des anciens d’al-Qaida et hostile à la Turquie, et une aile plus modérée (si l’on peut dire…) dite syro-saoudienne. Les services secrets turcs jouent de ces divisions, espérant, à terme, provoquer une scission.

Al-Nosra s’inquiète d’autant plus que des assassinats ciblés continuent de l’atteindre. Ces derniers jours, six dirigeants importants ont été discrètement liquidés. Les auteurs sont potentiellement nombreux : services secrets russes, turcs voire syriens (toujours très actifs), règlements de comptes internes ou venant d’un autre mouvement islamiste.

Sur le front diplomatique les choses avancent également. Une nouvelle réunion a débuté lundi à Astana où Russes, Iraniens et Turcs vont poursuivre leurs discussions en présence du gouvernement syrien  et de représentants de l’opposition.

Le Ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, mène les discussions avec l’habileté qu’on lui connait.

Les Russes ont toujours la main en Syrie.

Antoine de Lacoste

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