Soudan – Tout le monde se demande pourquoi Meriam Ibrahim, condamnée à mort au Soudan parce que chrétienne et réfugiée à l’Ambassade des États-Unis à Khartoum où elle est coincée, n’a pas pu quitter le pays. Considérée comme innocente par le parquet, rien ne s’opposait à son départ explique Tina Ramirez, fondateur de Hardwired, un organisme travaillant pour la fin de l’oppression religieuse.

En fait le gouvernement freine la décision du procureur qui avait innocenté Meriam. Il avait d’abord raconté qu’elle avait des faux-papiers. Il argue actuellement d’un appel en justice de la famille à l’origine de toute cette affaire, en l’occurrence son frère Al Samani Al Hadi. Le père doit être entendu le 17 juillet. Mais la notification ne peut soi-disant pas être faite à l’Ambassade.

Pour Tina Ramirez, il est donc nécessaire que la pression internationale continue à s’exercer. Le Département d’État américain affirme qu’il travaille à une solution : son porte-parole Marie Harf a déclaré s’y engager formellement. Mais selon Tina Ramirez il aurait certainement pu agir plus rapidement. Elle cite le fait qu’il y a trois ans, Daniel le mari de Meriam, avait déjà demandé que cette dernière puisse venir la rejoindre en Amérique. Le visa qu’il demandait pour elle aurait dû prendre six mois. Or la famille a déposé une plainte en justice contre Meriam postérieurement à cette demande. Il y a eu une négligence de l’ambassade américaine de Khartoum.

La semaine dernière, le premier vice-président soudanais Bakri Hassan Saleh, et le ministre des Affaires étrangères Ali Karti ont déclaré au vice-ministre italien des Affaires étrangères, Lapo Pistelli, qu’« ils étaient prêts à coopérer pour parvenir à une solution positive et rapide de l’affaire », selon le quotidien Daily Mail.

Pendant ce temps, le Sénat américain a approuvé un projet de loi la semaine dernière mettant la pression sur l’administration Obama pour obtenir indirectement que Meriam et sa famille puisse entrer aux États-Unis. Il a été voté par la quasi-totalité des sénateurs rassemblés pour une fois. Il s’agit d’un texte plus général visant à protéger la liberté religieuse à l’étranger.

Une autre information a été donnée par Tina Ramirez. Meriam étant accouchée enchaînée, s’était posée la question de savoir si le bébé Maya n’avait pas souffert des circonstances de la naissance. Avait été soulevée la question de savoir s’il pourrait marcher. Or en réalité Daniel le père est atteint de myopathie et se déplace en fauteuil roulant. La maman s’inquiétait donc tout naturellement du futur de cet enfant. Ce pour quoi il conviendrait de faire une échographie et des examens biologiques. 

Ainsi, il semble donc que la pression internationale a été fondamentale. Le couple de Meriam et Daniel remercient tous ceux qui se sont mobilisés en leur faveur. La situation actuelle fait dire à la presse américaine que ce drame trouvera bientôt une issue. Espérons-le !

Jean-Pierre Dickès

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