Seizième Dimanche après la Pentecôte

Seizième dimanche après la Pentecôte – Jésus, le Sauveur, est le médecin des âmes malades

La résurrection du fils de la veuve de Naïm a ravivé Dimanche dernier la confiance de l’Église ; sa prière monte d’autant plus instante vers son Époux, de cette terre où il laisse pour un temps son amour s’exercer dans la souffrance et les larmes. Entrons avec elle dans ces sentiments, qui lui ont inspiré le choix de l’Introït du jour. Telle est notre impuissance dans l’ordre du salut, que, si la grâce ne nous prévenait, nous n’aurions pas même la pensée d’agir, et que, si elle ne suivait en nous ses inspirations pour les conduire à terme, nous ne saurions jamais passer de la simple pensée jusqu’à l’acte même d’une vertu quelconque. Fidèles à la grâce au contraire, notre vie n’est plus qu’une trame ininterrompue de bonnes œuvres. Demandons pour nous et tous nos frères, dans la Collecte, la continuité persévérante d’un secours si précieux. ÉPÎTRE. Mon cœur a proféré une parole excellente ; c’est au Roi que je dédie mes œuvres. L’enthousiasme du Psalmiste chantant l’épithalame sacré est passé dans l’âme du Docteur des nations, et lui inspire cette lettre merveilleuse qui résume les sublimités de son enseignement comme un hymne d’amour. Devenu le prisonnier de Néron, Paul montre bien que la parole de Dieu n’est pas arrêtée sous les liens qui retiennent l’apôtre captif. L’Épître aux Éphésiens n’est pas, de beaucoup, la plus longue de ses lettres ; il n’en est point pourtant auxquelles soient faits de plus nombreux emprunts dans toute la série des Dimanches après la Pentecôte : nous devons en conclure qu’elle présente, mieux qu’aucune autre, la pensée dominante à laquelle l’Église voudrait ramener ses fils dans cette partie de l’Année liturgique. Apprenons donc le mystère de l’Évangile, en écoutant le héraut qui reçut pour mission spéciale d’annoncer aux nations ce trésor resté caché en Dieu depuis les siècles éternels. C’est comme ambassadeur qu’il vient vers nous ; les chaînes qui chargent ses bras, loin d’affaiblir l’autorité de son message, sont l’insigne glorieux qui l’accrédite auprès des disciples du Dieu du Calvaire. Dieu seul au reste, il le déclare, peut fortifier suffisamment en nous les sens de l’homme intérieur pour nous permettre de connaître, avec les saints, les dimensions du grand mystère du Christ habitant l’homme afin de le remplir de la plénitude de Dieu. C’est pourquoi, fléchissant les genoux devant Celui de qui découle tout don parfait et qui nous a engendrés dans la vérité par son amour, il lui demande d’ouvrir par la foi et la charité les yeux de notre cœur, afin que nous comprenions les richesses glorieuses de l’héritage qu’il réserve à ses fils et le déploiement de puissance dont sont l’objet nos âmes ici-bas même. Mais si la sainteté est nécessaire pour obtenir l’épanouissement complet de la vie divine dont parle l’Apôtre, observons également que le désir de saint Paul et sa prière étant pour tous, il s’en suit que personne n’est exclu de cette vocation sublime. Et par le fait, selon la remarque de saint Jean Chrysostome, les chrétiens auxquels il s’adresse vivent au milieu du monde, ayant femme, enfants et serviteurs, puisqu’il leur trace des règles de conduite sur tous ces points. Les saints d’Éphèse, comme de partout, ne sont autres que les fidèles du Christ Jésus, c’est-à-dire ceux qui suivent fidèlement l’impulsion du Seigneur dans la condition qui leur est propre. Or il ne tient qu’à nous de suivre la grâce ; nos résistances seules empêchent l’Esprit de faire de nous des saints. L’accès des régions supérieures où le mouvement progressif de la sainte Liturgie, depuis la Pentecôte, introduit l’Église est ouvert à tous. Si, peut-être, le nouvel ordre d’idées amené par ce mouvement a semblé plus d’une fois dépasser nos forces, peut-être aussi ne pourrions-nous point nous rendre le témoignage d’avoir mis à profit comme il convenait, depuis l’Avent et Noël, les enseignements, les grâces de tout genre, qui devaient développer en nous concurremment la vie chrétienne et la lumière. L’Église s’est mise à la portée de tous au commencement du Cycle ; mais elle ne pouvait rester stationnaire, et, par égard pour nos tiédeurs, négliger de conduire les hommes de bonne volonté à cette union divine qu’on leur avait annoncée comme devant « couronner à la fois le Cycle et l’âme sanctifiée par le Cycle. » Gardons-nous cependant de perdre courage. Le Cycle de la Liturgie ne se déroule pas une fois seulement au ciel de la sainte Église. Bientôt, revenant à son point de départ, il adaptera de nouveau la puissance de ses rayons à notre faiblesse. Si alors, instruits par l’expérience, nous ne nous contentons pas d’admirer comme à distance la gracieuse poésie, la douceur et les charmes de ses débuts ; si nous voulons sérieusement grandir avec cette lumière qui n’est autre que le Christ, en profitant des grâces de croissance qu’elle répandra de nouveau dans les âmes : l’œuvre de notre sanctification, déjà ébauchée, « pourra recevoir le complément que l’infirmité humaine avait suspendu. » Dès maintenant, si peu complètes que puissent être nos dispositions, l’Esprit de miséricorde, qui règne sur cette partie du Cycle, ne refusera pas à notre humble prière de suppléer en quelque chose à ce qui nous manque. C’est déjà beaucoup, d’ailleurs, que l’œil de notre foi ait vu s’élargir devant lui les horizons surnaturels, qu’il ait pénétré dans les régions sereines où, loin du regard hébété de l’homme animal, la Sagesse révèle aux parfaits ce secret de l’amour que ne connaissent point les puissants et les sages de ce monde, que l’œil n’avait point vu, ni l’oreille entendu, ni le cœur même soupçonné ou compris. Nous comprendrons mieux désormais les divines réalités qui remplissent la vie des serviteurs de Dieu ; elles nous apparaîtront comme dépassant mille fois, par leur importance et leur grandeur, les vaines futilités ou les occupations au sein desquelles s’écoule l’existence prétendue positive des hommes de plaisirs ou d’affaires. Méditons sans fin le bienfait de cette élection divine qui nous a désignés, avant les siècles, pour être comblés de toutes les bénédictions spirituelles, dont les bénédictions temporelles de l’ancien peuple étaient la figure. Le monde n’était point encore, et déjà Dieu nous voyait dans son Verbe ; il assignait à chacun de nous la place qu’il devait occuper dans le corps de son Christ ; par avance, son regard paternel nous contemplait revêtus de cette grâce qui lui fait trouver dans l’Homme-Dieu ses complaisances, et il nous prédestinait, comme étant les membres de ce Fils bien-aimé, à nous asseoir avec lui à sa droite au plus haut des cieux. Combien grandes ne sont pas nos obligations envers le Père souverain dont la bienveillance a décrété d’accorder de tels dons à la terre ! Sa volonté est son seul conseil, l’unique règle de ses actes ; et sa volonté n’est qu’amour. C’est de la mort coupable du péché qu’il nous appelle à cette vie qui n’est autre que la sienne à lui-même ; c’est de l’abîme ignominieux des vices, qu’après nous avoir lavés dans le sang de son Fils, il nous élève à cette gloire dont le spectacle étonne les anges et les plonge dans un saint tremblement. Soyons donc saints à l’honneur de sa grâce. Le Christ est, dans sa divinité, la splendeur substantielle du Père et sa louange éternelle ; s’il a pris un corps, s’il s’est fait notre chef, ce n’a été que pour chanter sur un rythme nouveau le cantique des cieux : non content de présenter dans son humanité sainte aux regards de son Père le rayonnement créé des perfections infinies, il a voulu que la création entière renvoyât à l’adorable Trinité l’écho des divines harmonies. C’est pourquoi, rompant dans sa chair l’ancienne inimitié du gentil et du juif et rassemblant les hommes ennemis, il fait d’eux tous un même esprit, un seul corps, dont les mille voix s’unissent par lui dans l’unité de l’amour aux concerts angéliques, pour entourer sans fin le trône de Dieu d’une harmonie en accord avec le Verbe infini. Ainsi serons-nous à jamais pour Dieu, comme ce Verbe divin, la louange de sa gloire, selon l’expression qu’affectionne l’Apôtre dans le début de cette Épître aux Éphésiens ; ainsi doit être consommé le mystère qui fut, dès avant tous les temps, l’objet des desseins éternels : le mystère de l’union divine réalisée par le Christ Jésus rassemblant en lui, dans l’amour, et la terre et les deux. L’Église, qui s’élève au milieu des nations, porte avec soi la marque de son divin architecte : Dieu se montre en elle dans sa majesté ; sa crainte s’impose par elle à tous les rois. Chantons, dans le Graduel et le Verset, les merveilles du Seigneur. ÉVANGILE. La sainte Église découvre aujourd’hui le but suprême qu’elle poursuit en ses fils depuis les jours de la Pentecôte. Les noces dont il est question dans notre Évangile sont celles du ciel, qui ont ici-bas pour prélude l’union divine consommée au banquet sacré. L’appel divin s’adresse à tous ; et cette invitation ne ressemble point à celles de la terre, où l’époux et l’épouse convient leurs proches comme simples témoins d’une union qui leur reste d’ailleurs étrangère. L’Époux est ici le Christ, et l’Église est l’Épouse ; comme membres de l’Église, ces noces sont donc aussi les nôtres ; et c’est pourquoi la salle du banquet n’est autre aussi que la chambre nuptiale, où n’entrent point les invités des noces vulgaires. Mais si l’on veut que l’union soit féconde autant qu’elle doit l’être à l’honneur de l’Époux, il faut que l’âme apporte à celui-ci, dans le sanctuaire de la conscience, une fidélité qui ne soit pas d’un moment, un amour qui dure au-delà de la rencontre sacrée des Mystères. L’union divine, quand elle est vraie, domine l’existence ; elle la fixe dans la contemplation persévérante du Bien-Aimé, dans la poursuite active de ses intérêts lors même qu’il semble se dérober au regard de l’âme et à son amour. L’Épouse mystique doit-elle moins faire pour Dieu que celles de ce monde pour un époux terrestre ? C’est à cette condition seulement que l’âme peut être considérée comme étant dans les voies de la vie unitive, et qu’elle en porte les fruits. Mais pour en arriver à cette pleine domination du Christ sur l’âme et ses mouvements qui la rend véritablement sienne, qui la soumet à lui comme l’épouse à l’époux, il est nécessaire que toute compétition étrangère soit définitivement écartée. Or, nous ne le savons que trop : le Fils très noble du Père, le Verbe divin dont la beauté ravit les cieux, le Roi immortel dont les hauts faits, la puissance et les richesses sans prix dépassent tout ce que peut rêver l’imagination des enfants d’Ève, trouve ici-bas des prétentions rivales qui lui disputent le cœur des créatures rachetées par lui de l’esclavage et conviées à partager l’honneur de son trône. Dans celles-là même chez qui son amour finit enfin par l’emporter pleinement, combien de temps, presque toujours, n’est-il pas déplorablement tenu en échec ? Et cependant sans perdre patience, sans s’éloigner dans le sentiment d’un trop juste froissement, il continue durant des années son pressant appel, attendant miséricordieusement que les touches secrètes de sa grâce et le labeur de son Esprit-Saint aient triomphé d’inconcevables résistances. Ne nous étonnons point que l’Église dispose tout de son côté, dans l’ordonnance de sa Liturgie, pour amener un résultat si précieux ; car chaque conquête du Christ en ce genre resserre le lien qui l’attache à l’Époux. C’est pourquoi nous l’avons vue appeler notre attention, dans les Dimanches précédents, sur les efforts de la triple concupiscence ; la volupté, la superbe et la cupidité sont en effet les conseillères perfides qui suscitent en nous, contre Dieu, ces rivalités indignes dont nous parlions tout à l’heure. Aujourd’hui, confiante dans la bonne volonté de ses fils, l’Église espère qu’ils auront réduit à l’impuissance l’ennemi ainsi démasqué ; et c’est avec moins de crainte de rester incomprise ou de les voir de nouveau rebuter le Seigneur, qu’elle leur propose, sous le voile de l’allégorie évangélique, le grand mystère dont l’Homme-Dieu disait : Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fait les noces de son fils. Toutefois sa double sollicitude de Mère et d’Épouse ne lui permet pas de se tenir pour assurée au sujet des parfaits eux-mêmes, tant qu’ils sont en ce monde. Afin de les maintenir en garde contre un retour sans cesse possible des plus viles passions, saint Ambroise, interprète de l’Église en ce jour, signale derechef au guerrier vieilli dans les combats du salut  les multiples embûches dressées contre lui par la concupiscence. Il peut encore, hélas ! s’écarter de la voie, et, bien que l’ayant suivie longtemps sans broncher, ne point parvenir au royaume de Dieu ; il peut se faire exclure pour toujours du bienheureux festin des noces, avec les hérétiques, les païens et les juifs. Qu’il veille donc soigneusement à ne point contracter les vices dont il s’est gardé jusqu’ici par l’aide de la grâce. Qu’il ne devienne point, à la longue, cet hydropique chez qui, nous dit l’évêque de Milan, l’exubérance morbide de la chair alourdit l’âme et finit par éteindre entièrement l’ardeur de l’esprit. Mais que surtout, dans les infirmités qui l’atteignent, il n’oublie pas le céleste médecin toujours prêt à le guérir ; qu’il se présente sans fausse honte à son Sauveur ; sa délivrance ne sera pas remise au lendemain : bien moins que l’homme, Jésus ne connaît point de repos, quand il s’agit de retirer quelqu’un des siens de l’abîme. L’Église ne s’arrête pas, dans l’Homélie du jour, aux seules lignes de saint Luc que nous venons d’entendre ; elle y joint la suite du chapitre, où s’affirme toujours plus la nature du mystérieux banquet. Partant de là, saint Ambroise nous rappelle en son nom que, si la chair doit être domptée pour permettre d’y prendre part, l’attache aux biens de ce monde ne serait pas moins contraire à l’élan qui doit nous élever, sur l’aile de l’esprit, vers le ciel où réside notre amour. Mais, plus que tout le reste, la garde de l’humilité doit attirer l’attention de quiconque prétend obtenir une place éminente au banquet de Dieu. L’ambition de la gloire à venir est le propre des saints ; mais ils savent que, pour l’acquérir, ils doivent descendre d’autant plus bas dans leur néant durant la vie présente, qu’ils veulent monter plus haut dans le siècle futur. En attendant le grand jour où chacun recevra selon ses œuvres, nous ne pouvons rien perdre à nous mettre au-dessous de tous ; le rang qui nous est réservé dans le royaume des cieux ne dépend pas plus, en effet, de notre appréciation que de celle d’autrui, mais seulement de la volonté du Seigneur qui exalte les humbles et renverse les puissants de leurs trônes. Plus vous êtes grand, plus vous devez vous abaisser en toutes choses, et vous trouverez ainsi grâce devant Dieu, dit l’Ecclésiastique ; car il n’y a que Dieu qui soit grand. Suivons donc, ne fût-ce que par intérêt, le conseil de l’Évangile ; réputons nôtre en tout la dernière place. Dans les rapports sociaux, l’humilité n’est point réelle si l’on ne joint l’estime des autres au peu de cas fait de soi-même, prévenant chacun d’honneur, cédant volontiers à tous en ce qui i n’intéresse pas la conscience, et cela par le sentiment profond de notre misère, de notre infériorité, devant celui qui scrute les reins et les cœurs. L’humilité envers Dieu lui-même n’a pas de plus sûre pierre de touche que cette charité effective envers le prochain, qui nous porte à le faire passer avant nous, sans affectation, dans les diverses circonstances de la vie de chaque jour. Par contre, une des marques les plus infaillibles de la fausseté des voies prétendues spirituelles, où l’ennemi engage quelquefois de malheureuses âmes trop peu sur leurs gardes, est le mépris subtil qu’il leur inspire à l’endroit du prochain, et dont on voit s’imprégner en maintes rencontres leurs pensées, leurs paroles ou leurs actes. Pour une part plus ou moins grande, plus ou moins inconsciente peut-être, l’estime de soi forme la base de l’édifice de leurs vertus ; à coup sûr donc, les illuminations, les douceurs mystiques dont ces âmes se prétendent gratifiées n’ont rien de commun avec l’Esprit-Saint. Quand se lèvera l’authentique lumière du Soleil de justice dans la vallée du jugement, la contre-façon apparaîtra au grand jour, et ces chrétiens abusés verront s’évanouir en vaine fumée les fantômes qui remplirent leur vie. Heureux encoresi, bien au-dessous du rang qu’ils s’attribuaient, se trouve pour eux quelque place au banquet divin ; si la confusion de voir passer en grand honneur au-dessus d’eux tant d’hommes qui furent de leur part l’objet d’appréciations peu bienveillantes ici-bas, doit être alors tout leur châtiment ! A mesure que s’étendent les conquêtes de l’Église, à mesure aussi l’enfer redouble de rage autour d’elle pour lui enlever l’âme de ses fils. L’Antienne de l’Offertoire nous fournit l’expression des ardentes prières qu’une telle situation lui inspire. La Secrète nous montre comment le Sacrifice qui va se consommer tout à l’heure par les paroles de la Consécration, est lui-même la plus directe et la plus efficace des préparations immédiates à la Communion du Corps et du Sang divins qu’il produit sur l’autel. L’Église, remplie substantiellement dans la Communion de la Sagesse du Père, promet à Dieu, en action de grâces, de garder ses justices et de faire fructifier en elle les divins enseignements. Demandons avec l’Église, dans la Postcommunion, le renouvellement qu’opère la pureté du divin Sacrement, et dont l’effet se fait sentir également sur la vie présente et le siècle futur.

Impression des Sacrés Stigmates de saint François d'Assise, dix-sept septembre
Sur le Mont Alverne, en Toscane, la commémoraison des sacrés Stigmates dont, par une grâce merveilleuse de Dieu, saint François, fondateur de l’Ordre des Frères Mineurs, reçut l’impression dans ses mains, ses pieds et son côté.

Sanctoral 

Impression des Sacrés Stigmates sur le corps de saint François, Confesseur

François, ce serviteur et ministre vraiment fidèle du Christ, deux ans avant de rendre son âme au ciel, se retira en un lieu élevé appelé mont Alverne, où il commença un jeûne de quarante jours, en l’honneur de saint Michel Archange. Il advint alors, qu’inondé plus abondamment des douceurs spirituelles de la contemplation surnaturelle dont il était habituellement favorisé, et embrasé plus ardemment par la flamme des célestes désirs, il commença à sentir une affluence extraordinaire de tous les dons surnaturels. Alors donc que la séraphique ardeur de ses élans le transportait jusqu’en Dieu, et qu’un vif sentiment de tendre compassion le transformait en Celui qui voulut, par excès d’amour, être crucifié, se trouvant un matin en oraison sur le flanc de la montagne (c’était vers la fête de l’Exaltation de la sainte Croix), l’homme de Dieu vit comme l’apparence d’un Séraphin, ayant six ailes aussi resplendissantes qu’enflammées, descendre du haut du ciel et arriver d’un vol extrêmement rapide à une place de l’air, à sa proximité, où il lui parut non seulement muni d’ailes, mais aussi crucifié, ayant les mains et les pieds étendus et cloués à une croix, et les ailes disposées de chaque côté d’une manière admirable, en sorte qu’il en élevait deux au-dessus de sa tête, en déployait deux autres pour voler, et voilait tout son corps en l’enveloppant des deux dernières. Cette vision étonna grandement François, et répandit en son âme une joie mêlée de douleur ; car, tandis qu’il concevait une extrême allégresse de la vue bienfaisante de l’Ange qui lui apparaissait d’une façon si prodigieuse et si familière, le cruel spectacle du crucifiement lui transperça l’âme d’un glaive de compassion douloureuse. François savait bien que l’état d’infirmité et de souffrance est incompatible avec l’immortalité d’un esprit séraphique ; mais intérieurement éclairé par celui qui se montrait au dehors, il comprit qu’une vision de ce genre avait été présentée à ses regards pour lui apprendre que c’était l’embrasement du cœur, et non le martyre du corps, qui devait transformer tout entier l’ami de Jésus Christ, en une parfaite ressemblance à ce Jésus crucifié. Disparaissant donc après un entretien secret et familier, la vision laissa François, l’âme enflammée d’une ardeur séraphique et le corps marqué de blessures semblables à celles d’un crucifiement ; comme si, fondue et amollie d’abord par l’action du feu, sa chair avait ensuite reçu l’impression d’un cachet. Aussitôt en effet, à ses mains et à ses pieds, commencèrent à paraître des marques de clous, ayant leurs têtes dans le creux des mains et sur le dessus des pieds, et leurs pointes à l’opposé. En outre, son côté droit présentait une cicatrice rouge, comme s’il eût été transpercé par une lance ; et bien des fois il en coula un sang sacré, qui trempait sa tunique et ses autres vêtements. Devenu donc un nouvel homme, grâce à la distinction glorieuse de ce prodige nouveau et surprenant (puisque, par un privilège singulier dont personne encore n’avait joui avant ce jour, il se trouva marqué, je dirai mieux, orné des sacrés stigmates). François descendit de la montagne, portant avec lui l’image du Crucifié non point tracée d’une main d’artisan sur des tables de pierre ou de bois, mais gravée sur sa propre chair par le doigt du Dieu vivant. Comme il savait très bien « qu’il est bon de tenir caché le secret d’un roi, » cet homme séraphique, conscient de l’œuvre mystérieuse, opérée en lui par le Roi [divin], s’efforçait de dissimuler ces marques sacrées. Mais parce que c’est à Dieu de révéler pour sa gloire les grandes choses qu’il fait, le Seigneur lui-même qui avait secrètement imprimé ces signes, les fit ouvertement découvrir par des miracles, en sorte que, la vertu cachée et merveilleuse des stigmates, devint manifeste par l’éclat des prodiges. Ce fait digne d’admiration, si bien constaté, et exalté par les bulles pontificales avec de grandes louanges et la publication de faveurs spéciales, le Pape Benoît XI voulut qu’on en célébrât l’anniversaire par une solennité que le souverain Pontife Paul V étendit à l’Église universelle, dans le but d’enflammer les cœurs des fidèles, d’amour pour le Christ crucifié.

Saint Lambert, Évêque de Maëstricht et Martyr, dix-sept septembre
Ayant, dans son zèle pour la religion, repris les abus de la maison royale, il fut tué, innocent, par la main des scélérats et entra dans le ciel pour y triompher éternellement.

Saint Lambert, Évêque de Maëstricht et Martyr

Saint Lambert, né à Maëstricht, d’une famille princière, eut une enfance toute privilégiée. Jeune homme, il opéra des miracles, fit jaillir une source pour étancher la soif des ouvriers constructeurs d’une église, et porta des charbons ardents dans les plis de son manteau sans l’endommager. Ses vertus extraordinaires l’élevèrent, à l’âge de vingt et un ans, sur le siège épiscopal de Maëstricht. Après avoir administré saintement son diocèse pendant plusieurs années, il en fut chassé par une révolution et se retira dans un monastère voisin, où il se mêla aux simples religieux, dont il ne se distinguait que par une grande ferveur. On raconte à ce sujet une histoire fort édifiante. Une nuit d’hiver, en se levant pour prier, il laissa tomber une de ses sandales. L’abbé, sans connaître celui qui avait fait le bruit, le condamna à aller prier au pied de la croix qui était devant l’église. Lambert obéit sans réplique et demeura trois à quatre heures à genoux, transi de froid et couvert de neige, jusqu’à ce qu’on se fût aperçu de la méprise. L’abbé et les religieux se jetèrent à ses pieds pour lui demander pardon: “Que Dieu, dit-il, vous pardonne la pensée de vous juger coupables pour cette action. Saint Paul ne m’enseigne-t-il pas que je dois servir Dieu dans le froid et la nudité?” Il habitait depuis sept ans cette sainte maison et y goûtait les délices de la vie religieuse, quand il fut rappelé sur son siège épiscopal, à la grande joie d’un troupeau qui l’avait tant pleuré. Le soin de Lambert pour l’accomplissement des devoirs de sa charge pastorale fut plus assidu que jamais; il était le père de tous, surtout des pauvres. Sa maison ressemblait presque à un monastère; ses vêtements, très simples, recouvraient un cilice, qu’il portait sur sa chair nue. Il visitait son diocèse avec zèle, sans en excepter les parties les plus éloignées. Son amour des âmes le porta même à entreprendre la conversion des peuples païens qui n’appartenaient pas à son diocèse. Malgré les menaces de mort, son zèle ne se rebuta point, et il eut la consolation de si bien montrer à ces populations grossières les vérités de notre sainte religion, qu’il changea leur coeur et les amena en masse dans le sein de l’Église. Il mourut enfin martyr de son zèle.

Martyrologe

Sur le Mont Alverne, en Toscane, la commémoraison des sacrés Stigmates dont, par une grâce merveilleuse de Dieu, saint François, fondateur de l’Ordre des Frères Mineurs, reçut l’impression dans ses mains, ses pieds et son côté.

A Rome, l’anniversaire de saint Robert Bellarmin, confesseur, membre de la Compagnie de Jésus, cardinal et un moment évêque de Capoue, très célèbre par sa sainteté, par sa science et par les œuvres multiples qu’il entreprit pour la défense de la foi catholique et du Siège apostolique. Le souverain pontife Pie XI lui a décerné les honneurs des Saints, l’a proclamé docteur de l’église universelle et a fixé sa fête au 3 des ides de mai (13 mai).

A Rome, sur la voie Tiburtine, l’anniversaire de saint Justin, prêtre et martyr. Durant la persécution de Valérien et de Gallien, il se rendit célèbre en confessant glorieusement la foi. Il ensevelit les corps du bienheureux pontife Sixte II, de Laurent, d’Hippolyte et de plusieurs autres saints, et enfin, sous Claude, il consomma son martyre.

A Rome encore, les saints martyrs Narcisse et Crescention.

A Liége, en Belgique, le bienheureux Lambert, évêque de Maëstricht. Ayant, dans son zèle pour la religion, repris les abus de la maison royale, il fut tué, innocent, par la main des scélérats et entra dans le ciel pour y triompher éternellement.

A Saragosse, en Espagne, saint Pierre d’ Arbuès, premier inquisiteur de la foi dans le royaume d’ Aragon. A cause de son zèle pour la foi catholique dans l’exercice de sa charge, il fut cruellement massacré par des Juifs relaps. Il a été ajouté au catalogue des saints par le pape Pie IX.

En Grande-Bretagne, les saints martyrs Socrate et Etienne.

A Nyon, en Gaule (auj. en Suisse), les saints martyrs Valérien, Macrin et Gordien.

A Autun, saint Flocel, jeune enfant. Après avoir beaucoup souffert sous l’empereur Antonin et le préfet Valérien, il fut mis en pièces par les bêtes et obtint la couronne du martyre.

A Cordoue, en Espagne, sainte Colombe, vierge et martyre.

En Phrygie, sainte Ariadne martyre, sous l’empereur Adrien.

Le même jour, sainte Agathoclie, servante d’une femme païenne. Longtemps fustigée et accablée de mauvais traitements par sa maîtresse, qui voulait lui faire renier le Christ, elle fut enfin présentée au juge et cruellement déchirée, mais elle persévéra à confesser sa foi, et pour ce motif on lui coupa la langue, puis on la livra aux flammes.

A Milan, la mise au tombeau de saint Satyre confesseur dont les mérites insignes nous sont rapportés par son frère saint Ambroise.

Près de Bingen, au diocèse de Mayence, sainte Hildegarde vierge.

A Rome, sainte Théodora, noble matrone, qui, durant la persécution de Dioclétien, s’appliquait avec zèle au service des martyrs.

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