Huitième dimanche après la Pentecôte
« Il sera réclamé beaucoup à qui l’on a donné beaucoup ; et il sera demandé plus à qui l’on aura confié davantage ».

Huitième Dimanche après la Pentecôte – « Enfants de lumière.»

Ce Dimanche était appelé, au moyen âge, le sixième et dernier dimanche après le Natal des Apôtres ou la fête de saint Pierre, dans les années où Pâques atteignait son dernier terme en avril. Il n’était au contraire que le premier de la série dominicale ainsi dénommée, lorsque Pâques suivait immédiatement l’équinoxe du printemps. L’Introït rappelle la gloire de l’ancien temple et de la montagne sainte. Mais plus grande encore est la majesté de l’Église qui porte, en ce moment, le Nom et la louange du Très-Haut jusqu’aux extrémités de la terre, mieux que ne l’avait jamais fait ce temple qui était sa figure. Non seulement nous sommes par nous-mêmes incapables de toute bonne œuvre, mais la pensée même du bien surnaturel ne peut se produire en nous sans le secours de la grâce. Or le plus sûr moyen d’obtenir un secours si nécessaire, est de reconnaître humblement devant Dieu le besoin absolu que nous en avons, comme le fait l’Église dans la Collecte. ÉPÎTRE. Le Docteur des nations continue de former à la vie chrétienne les nouvelles recrues que sa voix puissante et celle de ses collègues dans l’apostolat, dispersés par le monde, amène chaque jour plus nombreuses aux fontaines du salut. Bien que se maintenant attentive aux événements qui se précipitent dans la Judée, l’Église, en effet, n’en réserve pas moins toujours ses sollicitudes les plus maternelles pour le grand œuvre de l’éducation des enfants qu’elle engendre à l’Époux. C’est ainsi que, pendant qu’Israël suit jusqu’au bout la voie fatale du reniement, une autre famille se forme et grandit qui prend sa place devant Dieu, et dédommage le Seigneur, par sa docilité, des amertumes dont l’abreuvèrent ses premiers fils. Les prétentions jalouses du peuple ancien, ces contradictions dont le Christ se plaint dans le Psaume, n’ont point pris fin encore, et déjà l’Homme-Dieu, grâce à l’Église, est devenu la tête des nations. Rien n’égale la fécondité de l’Épouse, sinon la puissance de sanctification qu’elle déploie, au milieu d’éléments si divers, pour présenter dès les premiers jours à son Seigneur et roi un empire affermi dans l’unité de l’amour, une génération toute céleste et toute pure dans l’intelligence et la pratique parfaite des vertus. Assurément l’Esprit sanctificateur agit lui-même directement sur les âmes des nouveaux baptisés ; néanmoins, ineffable harmonie du plan divin ! Depuis que le Verbe s’est fait chair et qu’il s’est associé dans l’œuvre du salut des hommes une Épouse toujours visible ici-bas, l’opération invisible de l’Esprit qui procède du Verbe n’arrive point à son terme normal sans la coopération et l’intervention extérieure de cette Épouse de l’Homme-Dieu. Non seulement l’Église est la dépositaire des formules toutes-puissantes et des rites mystérieux qui font du cœur de l’homme une terre renouvelée, dégagée des ronces et prête à fructifier au centuple ; c’est elle encore qui, sous les mille formes de son enseignement, distribue la semence dans les sillons du Père de famille. S’il revient à l’Esprit une admirable part dans cette fécondité et cette vie sociale de l’Église, son rôle près des élus considérés individuellement consiste surtout à faire valoir en eux les énergies divines des sacrements qu’elle confère, et à développer les germes de salut que sa parole dépose en leurs âmes. Aussi sera-ce, dans tous les siècles, une mission importante et sublime que celle de ces hommes, chefs des églises particulières, docteurs privés ou directeurs des âmes, qui représenteront, près des fidèles isoles, la Mère commune ; ils fourniront véritablement pour elle à l’Esprit divin les éléments sur lesquels doit porter son action toute-puissante. Mais aussi, malheur au temps dans lequel les dispensateurs de la parole sainte ne laisseraient plus tomber sur les âmes, avec des principes diminués ou faussés, qu’une semence atrophiée ! L’Esprit n’est point tenu de suppléer par lui-même à leur insuffisance ; et il ne le fera pas d’ordinaire, respectueux qu’il est de l’ordre établi par l’Homme-Dieu pour la sanctification des membres de son Église. La Mère commune vient d’ailleurs magnifiquement à l’aide de ces délaissés dans sa Liturgie, qui renferme toujours, soutenues de la force même du Sacrifice et vivifiées par les grâces du Sacrement d’amour, la règle très sûre des mœurs et les plus sublimes leçons des vertus. Mais pour cela faut-il encore que ces pauvres âmes, trop habituées souvent à regarder comme la voie royale de la perfection la vie chétive qu’elles se sont faite, comprennent quelle place il convient de laisser au pain sans force et à l’eau appauvrie dont elles se nourrissent, en présence des intarissables et authentiques trésors du sein maternel. « O vous tous qui avez soif, dirait le prophète, venez donc à la source vive. Pourquoi dépenser vos richesses à ce qui ne peut vous nourrir, et vos sueurs à ce qui ne peut vous rassasier ? Bien plutôt, sans argent ni dépense, sans échange d’aucune sorte, achetez et mangez, abreuvez-vous de vin et de lait : en m’écoutant, nourrissez-vous de la bonne nourriture, et que votre âme se délecte et s’engraisse ». S’il est une remarque, en effet, qui doive attirer l’attention non moins que la reconnaissance du chrétien en quête de lumières au sujet de la voie qui conduit au ciel, c’est bien assurément que l’Église ait pris soin de choisir elle-même, au milieu du trésor des Écritures, et de rassembler dans le plus usuel de tous les livres les passages pratiques qu’elle sait mieux que personne sans doute convenir à ses fils. A cette école de la sainte Liturgie, de son livre de Messe, le fidèle humblement et pieusement attentif ne sera point exposé à voir s’affaiblir ou vaciller jamais la lumière. « C’est ici le chemin, lui dira son guide avec autorité ; prenez-le sans crainte, et ne vous écartez ni à droite, ni à gauche ». L’Église, faut-il s’en étonner ? l’emportera toujours, dans la conduite des âmes, sur les plus profonds des docteurs et les plus saints mêmes de ses fils. Qu’on réunisse les quelques lignes empruntées comme Épîtres, dans ces trois derniers dimanches, à la lettre de saint Paul aux Romains ; et qu’on dise si, indépendamment de leur infaillible vérité garantie par l’Esprit-Saint lui-même, il est possible de trouver ailleurs une aussi admirable exposition des bases de la morale révélée. La clarté, la simplicité d’expression, la véhémence chaleureuse de l’exhortation apostolique, le disputent, dans ce peu de paroles, à l’ampleur de la doctrine et à la portée des considérations que l’on y voit empruntées aux plus sublimes aspects du dogme chrétien. Jésus-Christ, fondement du salut, sa mort et son glorieux tombeau devenus dans le baptême le point de départ de l’homme régénéré, sa vie en Dieu modèle de la nôtre ; la honte passée de nos corps asservis, la fécondité sanctifiante des vertus remplaçant dans nos membres la désastreuse germination des vices ; aujourd’hui enfin les droits de l’esprit sur la chair, et ses devoirs contre elle s’il tient à garder sa juste prééminence, si l’homme veut maintenir la liberté qu’il a recouvrée par la grâce de l’Esprit d’amour et se montrer, comme il l’est en toute vérité, le fils de Dieu, le cohéritier du Christ : telles sont les splendides réalités illuminant pour nous désormais de leurs célestes rayons la loi de la vie dont on vit par L’Esprit-Saint dans le Christ Jésus ; tels se produisent, en face du monde, les axiomes de la science du salut qui doit remplacer à la fois les impuissances de la loi juive et la stérile morale de la philosophie. Car c’est une vérité qu’il convient de retenir aussi, comme étant l’idée-mère de toute cette sublime épître aux Romains : l’impuissance, la stérilité pour la justice complète et le bien absolu, sont la part trop certaine de l’humanité non relevée par la grâce. L’expérience l’a prouvé, saint Paul le déclare, les Pères bientôt l’affirmeront unanimement, et l’Église le définira dans ses conciles. L’homme peut arriver, il est vrai, par les seules forces de sa nature tombée, à la possession de certaines vérités et à la pratique de quelque bien ; mais il ne parviendra jamais, sans la grâce, à connaître et moins encore à observer les préceptes de la loi simplement naturelle dans leur ensemble. De Jésus donc, de Jésus seul vient toute justice. Non seulement la justice surnaturelle, qui suppose l’infusion de la grâce sanctifiante dans l’âme du pécheur, est de lui tout entière ; mais encore cette justice naturelle dont les hommes se parent si volontiers, et qu’ils prétendent leur tenir lieu de tout le reste, échappe à quiconque n’adhère point au Christ par la foi et l’amour. Que les adeptes de l’indépendance de l’esprit humain exaltent leur morale et vantent leurs vertus ; nous chrétiens, nous ne savons qu’une chose que nous tenons de notre mère l’Église : l’honnête homme, c’est-à-dire l’homme véritablement en règle avec tous les devoirs que lui impose sa nature, ne se trouve point ici-bas sans le secours très spécial de l’Homme-Dieu rédempteur et sauveur. Avec saint Paul, soyons donc fiers de l’Évangile ; car il est bien la vertu de Dieu, non seulement pour sauver l’homme et justifier l’impie, mais encore pour donner la justice agissante et parfaite aux âmes avides de droiture. Le juste vit de la foi, dit l’Apôtre, et sa justice croît avec elle ; sans la foi en Jésus, la prétention d’arriver par soi et ses œuvres à la consommation de tout bien n’engendre que la stérilité de l’orgueil et n’attire que des maux. Les Juifs en font aujourd’hui la triste expérience. Fiers de leur loi qui leur donnait une lumière plus grande qu’aux nations, et voulant établir sur elle seule leur propre justice, ils ont méconnu celui qui était la fin de la loi, la source de toute justice véritable ; ils ont repoussé le Christ qui leur apportait, avec la délivrance du mal antérieur, la connaissance du précepte et la force de l’accomplir ; ils sont restés dans leur iniquité, ajoutant faute sur faute au péché d’origine, thésaurisant pour le jour de colère. Or voilà qu’à cette heure même s’accomplit la prédiction d’Isaïe, mettant les paroles suivantes dans la bouche des restes d’Israël que nous accompagnons aujourd’hui dans leur fuite : « Si le Seigneur des armées n’eût réservé quelques rejetons de notre race, nous aurions été comme Sodome et Gomorrhe ». « Que dirons-nous donc, s’écrie l’Apôtre ? sinon que les nations, qui ne cherchaient point la justice, ont trouvé et saisi la justice, mais la justice qui vient de la foi ; Israël au contraire, « poursuivant la loi de la justice, ne l’a point rencontrée. Pourquoi, cela ? parce qu’il n’a point voulu la tenir de la foi, et s’est conduit comme s’il pouvait l’obtenir par les œuvres. Ils ont bronché contre la pierre d’achoppement, selon qu’il est écrit : Voici que je pose en Sion une pierre d’achoppement et de scandale, et quiconque croira en celui qui est cette pierre ne sera point confondu ». Le Graduel semble exprimer les sentiments des chrétiens juifs contraints de quitter leurs villes, et priant Dieu d’être lui-même désormais leur protecteur et leur lieu de refuge. Le Verset chante de nouveau les grandeurs anciennes du Seigneur en Jérusalem et sur la montagne où fut son temple. ÉVANGILE. Les divers termes de la parabole qui nous est proposée sont faciles à saisir, et renferment une doctrine profonde. Dieu seul est riche par nature, parce qu’à lui seul appartient en propre le domaine direct et absolu sur toutes choses : elles sont à lui, parce qu’il les a faites . Mais en envoyant son Fils dans le monde sous une forme créée, il l’a constitué par cette mission dans le temps l’héritier des ouvrages sortis de ses mains, comme il l’était déjà des trésors mêmes de la nature divine par le fait de sa génération éternelle. L’homme riche de notre Évangile, c’est donc le Seigneur Jésus portant dans son humanité unie au Verbe le titre d’hérédité universelle qui l’établit sur tous les biens, créés ou non, finis ou infinis, du Dieu très-haut. C’est à lui qu’appartiennent les cieux chantant sa gloire et fiers de former pour un temps son vêtement de lumière, l’océan qui proclame sa puissance au sein des tempêtes et abat docile à ses pieds la fureur de ses flots, la terre enfin lui présentant l’hommage de sa plénitude. L’herbe et les fleurs de la prairie, les fruits variés, la fertile beauté des champs, les oiseaux du ciel comme les poissons qui peuplent les fleuves ou parcourent les sentiers des mers, les grands troupeaux comme l’insecte ignoré, comme la bête fauve qui se dérobe dans la profondeur des forêts ou sur les montagnes : tout est sien, tout est soumis à son empire. A lui aussi appartiennent en pleine possession l’argent et l’or, et l’homme même, qui ne serait que son esclave à jamais, s’il n’avait daigné miséricordieusement le diviniser et l’appeler en part de ses biens éternels. Au lieu d’esclaves, il a voulu avoir en nous des frères ; et, retournant de ce monde à son Père devenu le nôtre par sa grâce, il nous a envoyé l’Esprit-Saint comme le témoin de la filiation divine en nos âmes, comme le gage de l’hérédité sacrée qui nous assure le ciel. Biens ineffables du siècle futur, héritage sans pareil, dont la grandeur fait tressaillir l’Homme-Dieu lui-même dans le psaume célébrant sa résurrection glorieuse ! Nous ses membres et ses cohéritiers, nous avons le droit de dire avec lui : « Le cordeau du partage est tombé pour moi sur une part merveilleuse. Splendide est en effet mon héritage ; car c’est Dieu même qui m’est échu en possession. Béni soit le Seigneur qui m’a donné de le comprendre ! » Toutefois, pour arriver à la jouissance des richesses éternelles, une épreuve nous est imposée : il faut que nous fassions valoir ici-bas le domaine visible du Christ. Notre fidélité dans la gestion de ces biens inférieurs, confiés en des proportions si variées aux soins des fils d’Adam pendant les jours de leur exil, marquera la mesure des récompenses sans fin qui nous attendent. Divine convention, ineffable accord de justice et d’amour ! de ses biens l’Homme-Dieu a fait deux parts : il nous assure la pleine propriété de la part éternelle, seule vraiment grande, seule capable de satisfaire nos aspirations infinies ; pour l’autre, qui en elle-même ne mériterait point d’attirer le regard d’êtres appelés à contempler la divine essence, il dédaigne d’y attacher nos âmes et se refuse à nous communiquer sur elle les droits d’un domaine absolu. La vraie propriété des biens du temps reste donc à lui seul ; la possession qu’il octroie des richesses de la terre d’épreuve aux futurs cohéritiers de son éternité, demeure soumise à mille restrictions durant leur vie, et révèle à la mort son caractère essentiellement précaire : elle ne suit point les hommes au-delà du tombeau. Un jour vient pour l’insensé, comme pour le sage, où l’on doit lui redemander son âme, où le riche, traduit comme le pauvre dans la nudité du jour de sa naissance en présence du seul Maître, entendra la parole : Rendez-moi compte de votre administration. La règle du jugement, à cette heure terrible, sera celle-là même que nous a révélée le Seigneur en personne, lorsqu’il disait dans les jours de sa vie mortelle : « Il sera réclamé beaucoup à qui l’on a donné beaucoup ; et il sera demandé plus à qui l’on aura confié davantage ». Malheur alors au serviteur qui s’était cru maître, à l’économe qui, méconnaissant son mandat, s’est plu à dissiper vainement des biens dont il n’était que le dispensateur ! Il comprend, à la lumière de l’éternité, l’erreur de son fol orgueil ; il pénètre l’injustice souveraine d’une vie, honnête peut-être selon le monde, mais passée tout entière sans tenir compte des intentions de celui qui lui confia ces richesses dont il était si fier. Dépossédé sans retour, il ne peut réparer ses torts par une administration plus conforme à l’avenir aux volontés du maître du monde. S’il pouvait du moins se reformer laborieusement un héritage, ou trouver assistance près de ceux qui vécurent avec lui sur terre ! Mais au-delà du temps le travail cesse ; et ses mains vides, devenues impuissantes, ne recueilleraient que la honte en s’ouvrant pour demander l’aumône, au pied du tribunal redoutable où chacun craint à bon droit de ne pouvoir se suffire à lui-même. Heureux donc si, dès ce monde, la voix des menaces divines qui retentit en mille manières parvient à réveiller sa conscience ; si, comme l’économe de notre Évangile, il profite du temps qui lui reste, et se dit avec Job : Que ferai-je, quand Dieu se lèvera pour le jugement ? Lorsqu’il m’interrogera, que lui répondrai-je ? Celui même qui doit être son juge lui indique miséricordieusement, aujourd’hui, le moyen de parer la peine qu’ont encourue ses malversations. Qu’il imite l’habileté de l’économe infidèle, et il sera loué pleinement : non seulement, comme lui, à cause de sa prudence ; mais parce qu’en disposant ainsi pour les serviteurs de Dieu des richesses mises en ses mains, loin de frustrer le Seigneur de toutes choses, il ne fait que rentrer dans ses intentions. Quel est en effet l’économe fidèle autant que prudent, établi par le Seigneur sur sa famille, sinon celui qui pourvoie les membres de cette famille, en temps opportun, de froment et d’huile ? Corporelle ou spirituelle, l’aumône nous assure des amitiés puissantes pour l’heure du grand dénuement, au jour où la terre doit manquer à notre vie défaillante ; car c’est aux pauvres qu’appartient le royaume des cieux ; si nous employons les richesses de la vie présente à abriter et soulager leur misère ici-bas, ils ne manqueront pas de nous recevoir à leur tour dans leurs maisons, qui sont les tabernacles éternels. Tel est le sens direct et obvie de la parabole qui nous est proposée. Mais si nous voulons pénétrer complètement l’intention pour laquelle l’Église choisit aujourd’hui ce passage de l’Évangile, il nous faut recourir à saint Jérôme qui s’en est fait l’interprète officiel dans l’Homélie de l’Office de la nuit. Poursuivons avec lui la lecture évangélique : Celui qui est fidèle dans les petites choses, continue le texte sacré, c’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les petites choses le sera dans les grandes ; si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses iniques et trompeuses, qui vous confiera les biens véritables ? Or Jésus parlait ainsi, observe saint Jérôme, devant les scribes et les pharisiens qui le tournaient en dérision, voyant bien que la parabole était contre eux. L’infidèle dans les petites choses, c’est en effet le Juif jaloux, qui, dans le domaine restreint de la vie présente, refuse à ses frères l’usage des biens créés pour tous. Si donc, est-il dit à ces scribes avares, vous êtes convaincus de malversation dans la gestion de richesses fragiles et passagères, qui pourrait vous confier les vraies, les éternelles richesses de la parole divine et de l’enseignement des nations ? Demande redoutable, que le Seigneur laisse aujourd’hui en suspens sur la tête des infidèles dépositaires de la loi des figures. Mais combien, dans peu, la réponse sera terrifiante ! En attendant, l’humble troupe des élus de Juda, laissant ces endurcis à la vengeance que précipite leur démence orgueilleuse, poursuit sa route dans la confiance assurée qu’elle garde en son sein les promesses de Sion. L’Antienne de l’Offertoire célèbre sa foi et son espérance. C’est de Dieu lui-même que nous tenons les dons qu’il agrée de nos mains dans sa bonté ; les Mystères sacrés qui transforment l’oblation n’en obtiennent pas moins pour nous par sa grâce, comme le dit la Secrète, la sanctification de la vie présente et les joies de l’éternité. L’espérance que l’homme met en Dieu ne saurait le tromper ; il en a pour gage la suavité du banquet divin. L’aliment céleste a la vertu de renouveler et nos âmes et nos corps ; obtenons d’éprouver la plénitude de ses divins effets.

Saint Apollinaire, Évêque et Martyr, vingt-trois juillet
Ordonné à Rome par l’apôtre Pierre et envoyé à Ravenne, il y souffrit pour la foi du Christ des peines multiples et variées.

Sanctoral

Saint Apollinaire, Évêque et Martyr

Apollinaire vint d’Antioche à Rome avec le prince des Apôtres, qui l’ordonna Évêque et l’envoya à Ravenne pour prêcher l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ. Comme il convertissait dans cette ville beaucoup d’âmes à la foi chrétienne, il fut arrêté par les prêtres des idoles et cruellement frappé. Par ses prières, un noble personnage nommé Boniface, muet depuis longtemps, recouvra la parole, et sa fille fut délivrée d’un esprit immonde : ces miracles soulevèrent une nouvelle sédition contre le Saint. On le battit de verges, et on le contraignit à marcher pieds nus sur des charbons ardents ; comme le feu de ces charbons ne le brûlait point, on le chassa de la ville. Il se cacha un certain temps avec quelques Chrétiens, puis partit pour l’Émilie, où il ressuscita la fille du patricien Rufin ; ce prodige détermina toute la famille de Rufin à croire en Jésus-Christ. Le préfet, s’en étant fort irrité, manda Apollinaire et lui enjoignit de ne plus propager la foi du Christ dans la ville. Comme Apollinaire ne tenait aucun compte de ses ordres, on le tortura sur le chevalet, on répandit de l’eau bouillante sur ses plaies et on lui frappa le visage avec une pierre ; ensuite, le chargeant de chaînes, on le jeta en prison. Quatre jours après, on l’embarqua pour l’envoyer en exil ; ayant fait naufrage, il vint en Mysie ; de là, sur les rives du Danube, et puis en Thrace. Pendant que le disciple de l’Apôtre Pierre y séjournait, le démon refusa de donner des réponses dans le temple de Sérapis. Après qu’on l’eut cherché longtemps, Apollinaire fut enfin trouvé et de nouveau contraint de prendre la mer. Étant donc revenu à Ravenne, et les mêmes prêtres des idoles recommençant à l’accuser, il fut confié à la garde d’un centurion. Celui-ci, qui honorait secrètement le Christ, favorisa son évasion pendant la nuit. La chose connue, les satellites se mirent à le poursuivre, le couvrirent de blessures et le laissèrent pour mort sur le chemin. Recueilli par des Chrétiens, il les exhorta à rester fermes dans la foi et quitta cette vie sept jours après, couronné de la gloire du martyre. Son corps fut enseveli non loin des murailles de la ville. Son tombeau est à Classe, près de Ravenne, où se dresse en son honneur une célèbre basilique, parée de vieilles mosaïques et riche en monuments liturgiques d’une vénérable antiquité.

Saint Liboire, Évêque et Confesseur, vingt-trois juillet
Il est en effet vénéré comme guérisseur des maladies de la pierre.

Saint Liboire, Évêque et Confesseur

Saint Liboire fut évêque du Mans (348-397), où il eut un ministère fécond. De nombreuses personnes atteintes de la maladie de la pierre lui durent leur guérison. Clément XI, lui-même délivré de ce mal par on intercession, institua sa fête. On transporta les reliques du saint à Paderborn, en Westphalie, afin de hâter la conversion totale de ce pays ; c’est là qu’elles reposent encore aujourd’hui. Saint Liboire est représenté avec la mitre et la crosse épiscopale, tenant les Évangiles sur lesquels sont déposés des petits cailloux. Il est en effet vénéré comme guérisseur des maladies de la pierre, en particulier à Contrexéville, et pour la guérison des maladies biliaires.

Bienheureuse Louise de Savoie, Veuve, Clarisse, vingt-trois juillet
D’une charité et d’une libéralité sans bornes, elle employait tous ses revenus à nourrir des pauvres, des religieuses et des clercs.

Bienheureuse Louise de Savoie, Veuve, Clarisse

La princesse Louise naquit le 28 décembre 1462 du bienheureux Amédée IX, duc de Savoie, et Yolande de France, sœur du roi Louis XI. Au baptême on l’appela Louise, du nom de son aïeul, le roi saint Louis. Elle donna dès son enfance, des marques de sa future sainteté : on voyait en elle une admirable pureté de cœur, un zèle ardent pour la prière, une modestie singulière et un grand éloignement du monde. Il ne tint pas à elle qu’elle ne consacrât à Dieu sa virginité. Mais la mort de son père étant survenue, la duchesse Yolande, fort en peine pour défendre les droits de ses enfants contre l’ambition de ses beaux-frères, crut prudent de s’allier à la famille des comtes de Châlon-sur-Saône, en accordant sa fille à Hugues, seigneur d’Orbe. Le mariage fut conduit et doté par Louis XI, oncle de la jeune princesse (1479.) Louise n’abandonna pas dans le mariage les vertus qu’elle avait pratiquées dans la virginité. Contente d’un train de maison fort modeste, d’une nourriture frugale et d’un vêtement très simple, sous lequel elle portait la rude bure franciscaine, elle était un modèle de piété et de mortification. D’une charité et d’une libéralité sans bornes, elle employait tous ses revenus à nourrir des pauvres, des religieuses et des clercs, visitait et servait les malades affligés des infirmités les plus repoussantes. Son exemple contribua grandement à corriger les mœurs dans la ville de Chalon : la modestie dans les atours et dans les propos y devint de règle ;  les dames payaient l’amende pour les pauvres et les gentilshommes devaient baiser la terre. Son mari lui-même, qu’elle aimait extrêmement, se laissa enflammer du désir de la perfection évangélique. On disait du château de Nozeroy qu’il prenait « apparence de moustier » (de l’ancien français « monastère, couvent, église »), qu’il n’y manquait que « la clochette ». Louise devint veuve a vingt-sept ans. Sa désolation fut extrême ; mais on ne put jamais la décider à un second mariage. Elle se donna dès lors complètement à Dieu. Après avoir mis ordre aux affaires de sa famille, elle se dégagea entièrement des embarras du siècle, et entra au monastère des Clarisses d’Orbe, dans le canton de Vaud. Elle y vécut pieusement de la pauvre et austère vie qu’avait instituée sainte Colette de Corbie ; allant nu-pied, jeûnant sans cesse, humble comme la dernière des servantes, et obéissant au premier signal, jusque dans les bras de la mort. On raconte qu’à ses derniers moments, après avoir fait ses adieux à ses sœurs, l’abbesse lui dit : « Attendez, ma fille, attendez le maître Révérend. » C’était Maître Jehan Perrin, confesseur de la maison. Louise répondit : « Si haut étais-je, me faut-il si bas revenir? ». Quand Maître Perrin eut achevé les onctions et eut récité : « Partez, âme chrétienne ». Obéissante jusqu’au bout, Louise quitta cette terre. C’était le 24 juillet 1503 au jour qu’elle avait prédit. Elle était âgée de quarante-deux ans. Elle fut béatifiée par le pape Grégoire XVI en 1839, en même temps qu’un autre membre de la maison de Savoie, Boniface de Savoie († 1270)

Martyrologe

A Ravenne, l’anniversaire de saint Apollinaire évêque. Ordonné à Rome par l’apôtre Pierre et envoyé à Ravenne, il y souffrit pour la foi du Christ des peines multiples et variées; prêchant ensuite l’évangile en émilie, il détourna un grand nombre d’habitants du culte des idoles; revenu enfin à Ravenne, il y consomma son glorieux martyre, sous le César Vespasien.

Au Mans, en Gaule, saint Liboire, évêque et confesseur.

A Rome, l’anniversaire de sainte Brigitte veuve. Après plusieurs pèlerinages aux Saints Lieux, elle s’y endormit sous le souffle de l’Esprit divin. Sa fête se célèbre le 8 des ides d’octobre (8 octobre).

Dans la même ville, saint Rasyphe martyr.

A Rome encore, la passion de sainte Primitive, vierge et martyre.

De plus, les saints martyrs Apollone et Eugène.

Le même jour, l’anniversaire des saints martyrs Trophime et Théophile. Sous l’empereur Dioclétien, ils furent meurtris à coups de pierres et jetés dans le feu; enfin frappés du glaive, ils reçurent la couronne du martyre.

En Bulgarie, de nombreux saints martyrs, que l’empereur impie Nicéphore, ravageant les églises de Dieu, fit périr de diverses manières par l’épée, la corde, les flèches, un long emprisonnement et la faim.

A Rome, les saintes vierges Romule, Rédempte et Hérondine, dont fait mention le pape saint Grégoire.

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