Dur, dur de vivre au temps d’Internet qui sauvegarde toutes les informations diffusées via la Toile. Une de ses victimes de ces jours pourrait bien être le pape François !

Retour sur un mariage célébré en avion et à 36 000 pieds d’altitude entre un steward et une hôtesse de l’air et qui a fait la Une des journaux mainstream, enthousiasmés par ce geste spontané et libre d’El papa argentin. Geste qui paraît au prime abord en faveur du mariage et qui donc, entre nous soit dit, permet à Jorge Maria Bergoglio de redorer son blason mis à mal par la dévalorisation de l’indissolubilité du mariage contenue dans son exhortation relativiste Amoris LaetitiaMais passons.

Lors de la conférence de presse traditionnelle qui a eu lieu dans l’avion qui le ramenait du Pérou à Rome, le lundi 22 janvier 2018, le pape François est revenu sur cette célébration extraordinaire, et a notamment laissé supposer à une de ces impulsivités dont il a le secret :

« L’un de vous m’a dit que je suis fou d’avoir fait une chose pareille. Les choses ont été simples. […] Je les ai interrogés un peu ! Et là, les réponses étaient claires, « pour toute la vie ». […] Les sacrements sont faits pour les hommes. Toutes les conditions étaient claires. Et pourquoi ne pas faire aujourd’hui ce que l’on peut faire, non ? On le reporte à demain, mais demain… cela aurait pris dix ou huit ans de plus. Voilà la réponse : j’ai jugé qu’ils étaient préparés, qu’ils savaient ce qu’ils faisaient. Chacun des deux s’est aussi préparé devant le Seigneur, par le sacrement de la pénitence et ensuite je les ai mariés. Et quand ils sont arrivés ici [à l’arrière de la cabine] tout était fini. »

Et le pape d’ajouter cette petite phrase somme toute anodine :

« On m’a dit qu’ils avaient dits à certains d’entre vous qu’ils iraient devant le pape pour lui demander de nous marier. Je ne sais pas si c’est vrai ou non, qu’ils avaient cette intention. Voilà comment s’est passée la chose. »

Et pourtant, si cette spontanéité faite pour attirer l’adhésion sentimentale, et qui annihile plus facilement la faculté de raisonnement indispensable pour résoudre les questions canoniques que posent un tel acte en-dehors des règles, n’était qu’une vaste supercherie, une tromperie, un jeu d’acteur bien rodé dans le rôle principal est tenu par le Suprême Pontife, … une tartufferie ?

Le journaliste italien Riccardo Cascioli, de La Nuova Bussola Quotidiana, donne quelques éléments de réponses dans un article publié le 20 janvier dernier. Cascioli écrit que le pape au cours de la conférence de presse dans l’avion « aura certainement l’occasion de mieux expliquer le sens qu’il entend donner au mariage célébré au Chili » mais qu’il « devra aussi justifier le fait que le mariage express dont les images ont fait le tour du monde, a été en réalité amplement préparé. » Cascioli ne parle pas en l’air : il énonce les raisons de cette affirmation qui dément l’impulsivité du geste bergoglien :

« Hier soir, en effet, a été publié un long article du quotidien chilien El Mercurio, en date du 19 décembre, dans lequel, présentant l’équipe chargée du service lors des vols du Pape au Chili, il est justement question de l’histoire de Carlos Ciuffardi et Paula Podest, qui à cette occasion expriment l’espoir de pouvoir être mariés par le Pape dans l’avion lors d’un des voyages (ICI). Exactement ce qui s’est passé. Il est donc possible d’imaginer que tous deux ont d’une manière ou d’une autre fait une demande officielle en ce sens, que le Saint-Siège a donné le feu vert, et donc que ce qui a été présenté comme une idée totalement spontanée du Pape se révèle au contraire bien préparée. »

L’argumentation tient parfaitement et cette hypothèse est donc tout-à-fait probable. Comme le journaliste italien on peut alors se demander quel est le message que le Vatican veut faire passer. Redorer le blason de l’hôte argentin sur la question du mariage, peut être un élément de réponse. Cascioli en voit d’autres, relativistes et sentimentaux :

« la première impression est que le sacrement du mariage n’est pas quelque chose à prendre trop au sérieux, où le sentiment prévaut définitivement par rapport à la raison, où les hommes sont beaucoup plus protagonistes que Dieu. Franchement pas très différent des mariages express qui, dans l’imaginaire collectif, se célèbrent à Las Vegas. Et en lien avec cela, il y a la perception que les normes ecclésiastiques pour la célébration des mariages sont un ornement inutile, un obstacle à la possibilité pour tous de se marier selon un rite religieux. Il n’y avait, en effet, aucun état de nécessité qui justifiât la dispense de mariage à l’église, au cours d’une messe, après une préparation adéquate, après la publication des bans et après avoir présenté une série de documents qui, aussi ennuyeux soient-ils, devraient être destinés à protéger la liberté des futurs époux.

Si donc le Pape montre au monde que toutes ces choses sont superflues, sur quelle base un curé peut-il prétendre que les couples qui demandent le mariage passent par toutes ces étapes ? »

Avec justesse, le rédacteur de LNBQ dépeint un avenir de complications :

« Il faut s’attendre à des situations de plus en plus difficiles pour les prêtres qui devront faire face à la prétention de se marier à l’église (ou en un autre endroit original) sans perdre trop de temps avec les formalités. Tout comme il y a aujourd’hui des gens qui, tout en restant dans un état de péché, exigent l’absolution confessionnelle parce que « même le Pape le dit » ou, plus simplement, vont communier sans même passer par le confessionnal. Non pas que le Pape l’ait dit, mais c’est la perception commune, c’est le message qui est passé, surtout après l’exhortation apostolique Amoris Laetitia. »

Roberto Cascioli termine en soulignant les contradictions du pape actuel en rappelant :

« C’est François lui-même qui avait posé avec force le problème de nombreux mariages invalides, à cause de l’impréparation avec laquelle le fatidique « oui » est affronté, au point de publier un Motu Proprio (Mitis et Misericors Iesus) pour faciliter les décrets de nullité des mariages. Et dans le même temps, dans Amoris Laetitia, il réclamait davantage de responsabilité, pour faire en sorte que les jeunes qui souhaitent se marier puissent se préparer convenablement au mariage. […] Mais aujourd’hui, cette nécessité objective d’arriver conscients au mariage semble être définitivement annulée par le geste « spontané » sur l’avion : ce n’est à l’évidence plus un élément fondamental. « Tu es sûr ? », « Oui », et basta. (Source des extraits traduits Benoît et moi.) »

En conclusion si ces noces en vol et à la volée n’étaient pas si spontanées qu’elles le paraissent, non seulement les fidèles, ou non d’ailleurs, auraient le droit de se sentir amplement bernés par la Rome bergoglienne, mais le geste du pape s’inscrirait dans une relativisation du sacrement de mariage encore plus grande qu’elle ne l’était déjà… et dans une logique de déresponsabilisation des hommes pécheurs par rapport à leurs propres actes.

Francesca de Villasmundo

 

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