Ce n’est pas parce que les décodeurs et autres désintoxicants mentent comme des arracheurs de dents comme disait Primo Livi, que tout ce qu’on reçoit par mail est forcément vrai (de même que dans Le Monde ou Libération on lit, faute de mieux, parfois même la vérité !).

Certains messages à la limite de la propagande virale viennent ainsi trouver le chemin de ma boîte courriel dans une vaine tentative de me faire prendre des vessies pour des lanternes, Le Pirée pour un homme et François Fillon pour un catholique. Halte-là comme dit le soldat belge. J’ai vécu 25 ans chez les rouges, alors je sais reconnaitre une campagne d’intox quand j’en vois une.

J’ai reçu tout d’abord un article du quotidien l’Aurore censément être daté du mardi 20 mai 1958 et prétendant que le colonel de réserve De Gaulle avait été victime des mêmes accusations que Fillon. En ce jour marquant la première semaine de la révolte d’Alger (13 mai) et où nos braves Chicago Cubs se faisaient massacrer 12 à 3 par les Pirates de Pittsburgh, cette « une » reçu par mail annonçait que De Gaulle avait été accusé d’avoir offert un emploi fictif à Londres à son épouse Yvonne rémunéré 20.000 francs par mois (soit, sur la moyenne de pouvoir d’achat 1940-1944, 4.715 euros) et qu’il était lâché par ses fidèles Pierre Messmer, Jean Baumel et Yves Guenna qui l’enjoignait de retourner à Colombey (ce qui en soit n’aurait pas été plus mal, mais c’est un autre débat…)

Chicho Xiep a quelques kilomètres au compteur de sa JigouliBy the way, quand je vois un journal dans un film, j’ai toujours eu cette manie de vérifier si le texte en petit caractère était conforme au gros titre, ce qui n’est pas le cas dans 90 % des cas…  Donc, j’ai scruté l’article et j’ai tout de suite vu qu’il s’agissait d’un photomontage de mauvaise qualité, même pas fait avec Photoshop, plus probablement avec Paint. Du travail de gougnafier, œuvre de gens qui n’ont pas l’habitude de faire cela. Les titres n’ont rien à voir avec le texte qui parle de la politique de De Gaulle avec le FLN. Quant au ralliement de ses fidèles à Lecanuet, cela ferait rire Buster Keaton… En 1958, Lecanuet était un obscur conseiller général MRP de Rouen, et le principal rival politique de De Gaulle aurait plutôt été à chercher au CNI du Président Coty et du futur père du nouveau franc Antoine Pinay… Tout semble à croire que cette piteuse forgerie, moins crédible qu’un brouteur ivoirien, a été probablement faite par des partisans de Fillon pour allumer un contre-feu.

La seconde forgerie est un phénomène différend : attribuer à quelqu’un d’autre un article bien réel. Un article de Serge de Beketch dans Le Libre Journal de la France Courtoise et datant des années 1990 a ainsi été plusieurs fois repris, attribué notamment à Gilbert Collard en vue de lui nuire (la liberté d’expression s’étant restreinte). Ainsi, un article – excellent au demeurant – Le Mensonge et la trahison sont l’ADN des socialistes, paru le 15 février 2017 sur un site de la réinfosphère et disponible ici  a connu une « seconde jeunesse » en circulant via les courriels en étant attribué rien de moins qu’à Natacha Polony, passée de chez Kahn à chez Bloch-Dassault. Dans cet article, le Front National était considéré comme un parti de droite normal et des accusations nettes sur les liens de Macron avec certaines banques israélites.  On imagine mal une membre du clan Zemmour/Lévy/Finkielkraut/Rioufol (trouvez l’intrus…) se livrer à une analyse à la Henry Coston. La shutzpah a des limites.  Question, d’où vient l’intox ? Hypothèse n°1 : des bredins de la « droite patriote » voulant faire un « blanchiment de source » (c’est-à-dire trouver dans un media mainstream une info lue sur une source non politiquement correcte) avec la subtilité d’un Nemrod chassant le colibri au canon antiaérien de 30 mm… Hypothèse n°2 :  une opération venue de la gauche visant à compromettre Polony. Hypothèse 3 (la plus probable à mes yeux vu le parcours des mails) : encore un coup plus fumeux que fumant des fillonistes visant à amadouer la droite de la droite, suite logique de l’intox précédente.

Les fillonistes avaient réussi un gros coup avec Sens Commun, mais depuis, ils semblent avoir perdu la main. A force de les voir s’agiter partout pour essayer de remettre en scène leur poulain, ils font irrésistiblement penser au parasite chanté par Renaud : « Je glande un peu partout avec mon sac de couchage, je suis dans tous les coups foireux, tous les naufrages… ». A quelques jours du premier tour, les bobards volent en escadrilles (et, comme on le disait en 1941, sortent toujours du même nid…). La première chose à faire, c’est de toujours vérifier la source. Tout en sachant que ce n’est pas la source la plus officielle qui est la plus crédible…

Hristo XIEP

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