Pendant que les civils évacuent sans but, juste fuir les bombardements, Tsahal a mené une incursion à Rafah avec l’objectif de mettre la pression sur le Hamas avant de nouveaux pourparlers de cessez-le-feu au Caire. Pour le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, cette « invasion de Rafah est intolérable ».
Nuit de bombes sur Rafah
La nuit a été longue à Rafah pour les centaines de milliers de Palestiniens réfugiés, qui avaient déjà fui le nord de l’enclave gazaouie, et qui se retrouvent à nouveau sous les bombes israéliennes. L’armée israélienne a mené une incursion pour faire pression, explique l’Etat hébreux, sur le Hamas avant les négociations qui se tiendront au Caire dans le but de parvenir à un accord de trêve satisfaisant pour les deux parties. L’opération a été lancée après que l’État juif a rejeté le projet d’accord modifié par l’Égypte et approuvé par le Hamas.
Un quotidien italien raconte qu’ « un correspondant de l’AFP dans la ville a évoqué des bombardements intenses qui ont duré toute la nuit, tandis que l’hôpital koweïtien a déclaré à CNN qu’au moins 11 personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées, même si le moment des décès n’est pas clair.
Les chars sont entrés dans la bande de Gaza depuis le passage de Kerem Shalom et ont atteint la zone urbaine, arrivant à environ 200 mètres de la frontière avec l’Égypte. Dans la matinée du mardi 7 mai, Tsahal a annoncé avoir pris le contrôle du passage reliant la bande de Gaza au Sinaï ».
Un porte-parole de l’autorité frontalière a déclaré à la chaîne de télévision al-Arabiya que le point de connexion avec les territoires du Caire était fermé et que, par conséquent, l’approvisionnement en aide humanitaire était également interrompu. En réponse, les brigades al-Qassam ont tiré des roquettes sur les forces israéliennes à Kerem Shalom, fermées par Tsahal ainsi que sur le passage d’Erez au nord de la bande de Gaza.
L’approvisionnement de Rafah en aide humanitaire interrompu
L’incursion des forces terrestres et aériennes de Tel-Aviv s’est concentrée dans les quartiers est de la ville. Les quelques 100 000 habitants de la zone avaient été invités à évacuer et à se déplacer vers la « zone humanitaire élargie » entre Khan Younis et al-Mawasi déjà dans la matinée du lundi 6 mai. Cet ordre est intervenu malgré l’opposition répétée des États-Unis, opposés à toute attaque contre la ville frontalière avec l’Égypte compte tenu de la présence d’environ 1,5 million de personnes qui s’y sont réfugiées pendant les sept mois de guerre. Cependant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a répété à plusieurs reprises que l’invasion du dernier bastion du Hamas se serait produite « avec ou sans accord », puisque l’annuler équivaudrait à une capitulation.
Or, hier en fin d’après-midi, comme le rapporte l’Agence de presse italienne Ansa, le Hamas avait accepté la proposition de l’Égypte et du Qatar d’un accord de cessez-le-feu avec Tel-Aviv. Rien à faire cependant : les soldats israéliens étaient déjà déployés et le plan d’évacuation pour occuper la zone avait déjà été engagé. Même le président Joe Biden avait beaucoup insisté pour convaincre le Premier ministre israélien Benjamin Netanuahu de ne pas attaquer la zone, soulignant qu’un cessez-le-feu était le meilleur moyen d’obtenir la libération des otages détenus à Gaza. Mais pour l’instant, pas de trêve du côté israélien malgré les propos du Hamas, qui, par l’intermédiaire d’un de ses représentants, fait savoir que « maintenant la balle est dans le camp d’Israël ».
Pour l’ONU, l’évacuation de Rafah décrétée par Israël est un « ordre inhumain »
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Turk, a qualifié l’évacuation d’ « ordre inhumain », tandis que le Hamas a déclaré qu’il s’agissait d’une « escalade dangereuse » et qu’elle était prête à se battre. Des propos corroborés par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui n’a pas ménagé ses critiques à l’encontre d’Israël pour ce qui se passe. Pour Guterres, l’invasion de Rafah serait « intolérable », en raison de ses « conséquences humanitaires dévastatrices et de son impact déstabilisateur dans la région ».
Selon l’État hébreu, ce plan d’action mené cette nuit à Rafah est cependant le seul moyen efficace pour contraindre le Hamas à renoncer à ses prétentions concernant l’accord de cessez-le-feu, notamment le retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza et la conclusion définitive des hostilités. Ce sont deux conditions qualifiées d’ « inacceptables » par les responsables israéliens et également présentes dans la proposition approuvée lundi par le bureau politique du Hamas. Le cabinet de guerre présidé par Netanyahu a décidé d’envoyer une équipe de négociateurs au Caire pour tenter de parvenir à un accord et obtenir la libération des otages.
Pendant ce temps, les bombes continuent de tomber sur Gaza : 34 622 Palestiniens tués et 77 867 blessés, rapporte al Jazeera. L’enclave palestinienne subit des ravages « sans précédent depuis 1945 », selon Abdallah al-Dardari, secrétaire général adjoint de l’ONU, en raison de l’intensité et de l’étendue « énorme » des dégâts infligés en si peu de temps. La reconstruction prendra « 16 ans », a conclu al-Dardari, une estimation irénique, notamment parce qu’il reste à voir si les capitaux afflueront réellement… et si Israël le permettra. Le rêve messianique de retrouver les frontières du Grand Israël des temps bibliques hantent certains influents Israéliens.
Francesca de Villasmundo
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