Sur l’Ukraine planent les menaces russes à l’est mais pas seulement. A l’ouest, le voisin polonais pourrait devenir, redevenir, un ennemi à terme.  

La Pologne se rêve en première puissance de l’Est de l’Europe et aspire à retrouver l’ancien territoire frontalier, la Galicie ukrainienne

En-dehors du jeu trouble des Etats-Unis dans ce pays aujourd’hui dévasté, qui font une guerre par proxy à la Russie, un autre pays a des velléités de conquêtes sous le couvert hypocrite de venir en aide à son voisin : la Pologne, se rêvant en première puissance de l’Est de l’Europe et aspirant à retrouver l’ancien territoire frontalier, la Galicie ukrainienne, annexé à nouveau au début du siècle dernier et source de nombreux conflits tout au long des siècles entre les diverses nations voisines.

Ressuscité par l’actuel conflit russo-ukrainien, le vieux rêve de l’Intermarium, ce plan géopolitique post-Première Guerre mondiale conçu par l’homme d’Etat polonais et militant socialiste combattant pour la Pologne indépendante, Joseph Pilsudski, pour unir les anciennes terres de la communauté des Etats de Pologne et de Lituanie, qui s’effondra en 1795, au sein d’un seul régime et destiné à s’opposer tant à la Russie qu’à la Prusse, refait surface chez les élites polonaises qui d’ailleurs ne l’ont jamais tout-à-fait oublier, juste mis en sourdine.

Ce projet avait également comme objectif, via la doctrine du prométhéisme, le démembrement de l’empire russe et le désinvestissement de cet empire de ses acquisitions territoriales, ce qui ne peut que plaire à l’oncle Sam…

Le vieux rêve nostalgique de l’Intermarium ressuscite, activement soutenu par les Etats-Unis 

Et d’ailleurs il est aujourd’hui, comme par le passé au temps de l’entre-deux-guerres et de la deuxième Guerre mondiale, activement soutenu par Washington, toujours à la commande pour affaiblir d’un côté l’Europe, et notamment l’Allemagne, et de l’autre la Russie.

Déjà dans un article du 7 juillet 2017, l’analyste américain George Friedman, fondateur et directeur du très important think tank privé américain Stratfor, affirmait que le réveil de l‘Intermarium n’est rien d’autre que l’instrument avec lequel les États-Unis tentent d’empêcher toute initiative de la Russie de se déplacer vers l’ouest :

« Son but serait de contenir tout mouvement potentiel de la Russie vers l’ouest. Les États-Unis la soutiendraient. Le reste de l’Europe s’en inquiéterait. »

Il insistait sur le rôle des États-Unis :

« Le point principal dans toute cette affaire, c’est que les États-Unis établissent un cordon sanitaire autour de la Russie (…) Pour les États-Unis, le but principal est d’empêcher que les technologies et les capitaux allemands s’unissent avec les ressources de matières premières et la force des ouvriers russes dans une combinaison unique. Les États-Unis sont prêts à empêcher cette combinaison avec leur atout : c’est la ligne reliant la mer Baltique à la mer Noire. (…) Le but de l’Intermarium est de contenir toute progression de la Russie vers l’Ouest. »

Diverses déclarations du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki reprennent les concepts géo-politiques de l’Intermarium

Récemment, diverses déclarations du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki reprennent les concepts géo-politiques de l’Intermarium. Dans un long entretien avec Darius Rochebin pour la chaine française LCI, il ose espérer que la Russie, dont il prédit la défaite en Ukraine, soit démantelée et que « d’autres peuples se libèrent ». Selon le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, « il y a des parties de la Russie qui sont des prisons pour d’autres nations ».

Il a aussi appelé Zelensky à remettre temporairement l’ouest de l’Ukraine à la protection de la Pologne.

« Je ne pense pas que Poutine oserait attaquer un pays membre actif de l’OTAN. Il est tout sauf suicidaire. »

L’offre de la Pologne semble désintéressée au premier abord, or elle sous-tend une ‘douce’ mainmise par la Pologne sur la Galicie occidentale, -cet ouest ukrainien dont la Pologne n’a jamais totalement oublié qu’il fut sien-, et pourrait mener à terme à une fédération polono-ukrainienne moderne dans laquelle les Polonais seraient immanquablement les puissants. Certains analystes politiques polonais vont plus loin en souhaitant préparer le terrain pour une prochaine unification de la Pologne et de l’Ukraine en un seul État, la Pologne ayant bien évidemment le rôle le leader. Mais un autre scénario pourrait également voir le jour : l’annexion purement et simplement, à la faveur de la guerre dans le Donbass et d’une défaite ukrainienne, de cette partie occidentale de l’Ukraine par l’ennemi du passé, la Pologne.

Comme on le voit, sur l’Ukraine plane une partition tant à l’est qu’à l’Ouest…

Francesca de Villasmundo

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