Samedi de la troisième semaine de Carême

De la férie : messe du samedi de la troisième semaine de Carême

La Station est dans l’Église de sainte Susanne, Vierge romaine et Martyre. La raison qui a porté à choisir cette Église est la lecture que l’on fait aujourd’hui de l’histoire de la chaste Susanne, fille d’Helcias, que l’Église propose à l’imitation des chrétiens. Hier, nous prenions part à la joie de nos Catéchumènes, aux yeux desquels l’Église dévoilait déjà cette source limpide et vivifiante qui procède du Sauveur, et dans les eaux de laquelle ils vont bientôt puiser une nouvelle vie. Aujourd’hui, l’enseignement s’adresse aux Pénitents dont la réconciliation approche. Mais comment peuvent-ils encore espérer le pardon, eux qui ont souillé la robe blanche de leur baptême, et foulé aux pieds le sang divin qui les avait rachetés ? Cependant le pardon descendra sur eux, et ils seront sauvés. Que si vous voulez comprendre ce mystère, lisez et méditez les saintes Écritures ; et vous y apprendrez qu’il y a pour l’homme un salut qui procède de la justice, et un salut qui vient de la miséricorde. Aujourd’hui nous avons sous les yeux le type de l’un et de l’autre. Susanne accusée injustement d’adultère, reçoit de Dieu, qui la venge et la délivre, la récompense de sa vertu ; une autre femme véritablement coupable de ce crime est arrachée à la mort par Jésus-Christ lui-même.

Que les justes attendent donc avec confiance et humilité la récompense qu’ils ont méritée ; mais aussi que les pécheurs espèrent dans la clémence du Rédempteur, qui est venu pour eux plus encore que pour les justes. C’est ainsi que la sainte Église relève le courage de ses pénitents, et les appelle à la conversion, en leur découvrant les richesses du cœur de Jésus et les miséricordes de la loi nouvelle que ce divin Rédempteur est venu sceller de son sang. Dans cette admirable histoire de Susanne, les premiers chrétiens voyaient aussi le type de l’Église de leur temps sollicitée au mal par les païens, et demeurant fidèle à son Époux divin jusqu’au péril de sa vie. Un saint évêque martyr du IIIe siècle, saint Hippolyte, nous donne la clef de ce symbole ; et les sculptures des antiques sarcophages chrétiens, ainsi que les fresques des catacombes romaines, sont d’accord pour nous présenter la fidélité de Susanne à la loi de Dieu, malgré la mort qui la menace, comme le type des martyrs préférant la mort à l’apostasie, qui, selon le langage des saintes Écritures, est un véritable adultère de l’âme à l’égard de Dieu dont elle est devenue l’épouse par le baptême.

Voici maintenant le salut par la miséricorde. Le crime de cette femme est réel ; la loi la condamne a mort ; ses accusateurs, en requérant la peine, sont fondés en justice : et cependant la coupable ne périra pas. Jésus la sauve, et pour ce bienfait il ne lui impose qu’une seule condition : qu’elle ne pèche plus. Quelle dut être sa reconnaissance envers son libérateur ! Comme elle dut avoir à cœur désormais, de suivre les ordres de celui qui n’avait pas voulu la condamner et à qui elle devait la vie ! Pécheurs que nous sommes, entrons dans ces sentiments à l’égard de notre Rédempteur. N’est-ce pas lui qui a retenu le bras de la divine justice prêt à nous frapper ? N’en a-t-il pas détourné les coups sur lui-même ? Sauvés par sa miséricorde, unissons-nous aux Pénitents de l’Église primitive, et durant ces jours qui nous restent encore, établissons solidement les bases de notre nouvelle vie. Jésus ne répond qu’un seul mot aux Pharisiens qui sont venus le tenter au sujet de cette femme ; mais cette parole si brève n’en doit pas moins être recueillie par nous avec respect et reconnaissance : car si elle exprime la pitié divine du Sauveur pour la pécheresse tremblante à ses pieds, elle renferme aussi une leçon pratique pour nous.

Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. Dans ce temps de réparation et de pénitence, rappelons-nous les médisances dont nous nous sommes rendus coupables envers le prochain, ces pèches de la langue que l’on se reproche si peu, que l’on oublie si vite, parce qu’ils coulent, pour ainsi dire, de source. Si la parole du Sauveur eût retenti, comme elle le devait, au fond de notre cœur ; si nous eussions songé avant tout à tant de côtés répréhensibles qui sont en nous, n’est-il pas vrai que jamais nous n’eussions trouvé le courage d’attaquer la conduite du prochain, de révéler ses fautes, de juger jusqu’à ses pensées et ses intentions ? Prenons-y garde dans l’avenir : Jésus connaissait la vie des accusateurs de cette femme ; il sait la nôtre tout entière : malheur donc à nous si nous ne devenons pas indulgents pour nos frères ! Considérons enfin la malice des ennemis du Sauveur, et avec quelle perfidie ils lui tendent un piège. S’il prononce en faveur de la vie de cette femme, ils l’accuseront de mépriser la loi de Moïse qui la condamne à être lapidée ; s’il répond conformément à la loi, ils le traduiront au peuple comme un homme cruel et sanguinaire. Jésus, par sa prudence céleste, échappe à leurs embûches ; mais nous devons prévoir déjà quel sort lui est réservé le jour où, s’étant livré entre leurs mains, il n’opposera plus à leurs calomnies et à leurs outrages que le silence et la patience d’une victime vouée à la mort.

Sainte Françoise Romaine, Veuve, Patronne des oblats bénédictins, Membre du Tiers-Ordre de Saint François, neuf mars
A Rome, sainte Françoise veuve, célèbre par la noblesse de son origine, la sainteté de sa vie et le don des miracles.

Sanctoral

Sainte Françoise Romaine, Veuve, Patronne des oblats bénédictins, Membre du Tiers-Ordre de Saint François

Françoise, noble dame romaine, donna dès l’enfance de remarquables exemples de vertus : méprisant les jeux puérils et les attraits du monde, elle trouvait ses délices dans la solitude et l’oraison. A l’âge de onze ans, elle forma le dessein de consacrer à Dieu sa virginité et d’entrer dans un monastère. Néanmoins, par une humble soumission à la volonté de ses parents, elle épousa Laurent de Ponziani, jeune homme dont la fortune égalait la noblesse. Dans l’état du mariage, elle conserva toujours, autant qu’elle le put, le genre de vie austère qu’elle s’était proposé, ayant en horreur les spectacles, les festins et autres divertissements semblables, portant des vêtements de laine et d’une grande simplicité, donnant à l’oraison ou au service du prochain ce qui lui restait de temps après l’accomplissement de ses devoirs domestiques. Elle s’appliquait avec le plus grand soin à retirer les dames romaines des pompes du siècle et à les détourner de la vanité des parures. C’est pour ces motifs qu’elle fonda à Rome, du vivant de son mari, la maison des Oblates de la Congrégation du Mont-Olivet sous la règle de saint Benoît. Elle supporta avec la plus courageuse constance l’exil de son mari, la perte de ses biens, les malheurs de sa maison, et, rendant grâces avec le bienheureux Job, elle lui empruntait fréquemment ces paroles : « Le Seigneur me l’a donné, le Seigneur me l’a ôté, que le nom du Seigneur soit béni ».

Son mari étant mort, elle accourut à la maison des Oblates dont il a été parlé plus haut, et implora avec beaucoup de larmes, les pieds nus, la corde au cou, et prosternée contre terre, la grâce d’être reçue parmi elles. Ayant obtenu la réalisation de ses désirs, elle se glorifiait, bien qu’elle fût la mère de toutes, de ne porter d’autre titre que celui de servante, de femme très vile, et de vase impur. Ses paroles et ses actions manifestaient le mépris qu’elle faisait d’elle-même ; souvent on la vit revenir d’une vigne située dans le voisinage de la ville, et traverser Rome, portant sur la tête un faisceau de sarments, ou conduisant un âne chargé de bois. Elle secourait les pauvres et leur faisait d’abondantes aumônes, visitait les malades dans les hôpitaux, et les fortifiait en leur donnant, avec la nourriture du corps, de salutaires avis. Elle s’efforçait constamment de réduire son corps en servitude par des veilles, des jeûnes, le cilice, la ceinture de fer, et de fréquentes disciplines. Elle ne faisait qu’un repas par jour, et il se composait d’herbes et de légumes ; sa boisson était de l’eau. Quelquefois cependant, elle modéra un peu ses austérités corporelles sur l’ordre de son confesseur, à l’égard duquel sa dépendance était extrême. Elle contemplait avec une si grande ferveur d’esprit et une telle abondance de larmes les divins mystères et surtout la passion du Seigneur Jésus, qu’elle semblait prête à expirer par la violence de la douleur. Souvent aussi, lorsqu’elle priait, principalement après avoir reçu le très saint sacrement de l’Eucharistie, elle demeurait immobile, l’esprit élevé en Dieu, et ravie par la contemplation des choses célestes. Aussi l’ennemi du genre humain employa-t-il tous ses efforts pour la détourner de son genre de vie par divers outrages et par des coups ; mais elle ne le craignait pas et déjoua toujours ses artifices. Elle remporta sur lui un glorieux triomphe, grâce au secours de son Ange gardien avec lequel elle conversait familièrement. Elle brilla par le don de guérir les malades, et par celui de prophétie qui lui faisait annoncer les événements futurs et pénétrer les secrets des cœurs. Plus d’une fois, pendant qu’elle marchait toute occupée de Dieu, l’eau qui ruisselait, ou la pluie qui tombait, ne la mouillèrent point.

Le Seigneur multiplia à sa prière quelques petits morceaux de pain, suffisant à peine pour nourrir trois sœurs, de telle sorte que non seulement quinze en furent rassasiées, mais qu’il en resta encore de quoi remplir une corbeille. Un jour, elle apaisa d’une façon complète la soif de ces mêmes sœurs qui, au mois de janvier, arrangeaient du bois hors de Rome, ayant obtenu de Dieu, par un miracle, que des grappes de raisin toutes fraîches parussent sur une vigne suspendue à un arbre. Enfin, éclatante de vertus et célèbre par ses miracles, elle s’en alla au Seigneur dans la cinquante-sixième armée de son âge en l’an 1440 : le souverain Pontife Paul V l’a mise au nombre des Saintes. Son corps repose à Rome en la basilique de Santa-Maria-Nuova près du Forum, appelée aussi Sainte-Françoise-Romaine. En 1934, Pie XI en a fait une église stationnale. Elle est honorée comme la principale patronne de tous les oblats bénédictins, mais elle est aussi l’une des plus grandes saintes qui portèrent l’habit du Tiers-Ordre de Saint François.

Martyrologe

A Rome, sainte Françoise veuve, célèbre par la noblesse de son origine, la sainteté de sa vie et le don des miracles.

A Sébaste, en Arménie, la naissance au ciel des Quarante bienheureux soldats de Cappadoce. Au temps de l’empereur Licinius et sous le préfet Agricola, ils furent d’abord chargés de chaines et jetés dans une infecte prison; ensuite après avoir eu le visage meurtri à coups de pierres, ils furent exposés nus en plein air, au temps le plus rigoureux de l’hiver et contraints de passer la nuit sur un étang glacé, où leurs corps, contractés par la gelée se désagrégeaient en écailles; enfin on leur brisa les jambes, et ils consommèrent ainsi leur martyre. Parmi eux, les plus renommés furent Cyrion et Candide. Saint Basile et d’autres Pères ont célébré dans leurs écrits les glorieux exploits de ces saints martyrs. Leur fête a lieu le jour suivant.

A Nysse, la mise au tombeau de saint Grégoire évêque. Il fut le fils des saints Basile et Emmélie, et le frère des saints évêques Basile le Grand et Pierre de Sébaste, et de la vierge Macrine. Sa vie et son érudition l’ont rendu illustre; pour avoir défendu la foi catholique, il fut chassé de sa ville épiscopale sous l’empereur arien, Valens.

A Barcelone, en Espagne, saint Pacien évêque, remarquable et par sa vie et par son éloquence. Au temps de l’empereur Théodose, il finit paisiblement ses jours dans une extrême vieillesse.

A Bologne, sainte Catherine vierge, du Second Ordre de saint François, illustre par la sainteté de sa vie. Son corps est, dans cette ville, entouré d’une grande vénération.

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