C’est avec surprise et indignation que Civitas a appris, à la suite du décès du docteur Christophe Habas, ancien grand maître du Grand Orient de France (Le Parisien, 28 mai 2022), qu’il était annoncé « une messe en son souvenir ». Il semblerait que celle-ci ait eu lieu à l’église Saint-Eustache.

L’organisation d’une telle cérémonie constitue en effet une violation grave de la législation de l’Eglise en témoignant d’un mépris total des interdictions portées par elle. L’on sait que la franc-maçonnerie a été condamnée à diverses reprises depuis le XVIIIe siècle. Le code de droit canonique de 1917 mentionnait expressément (ancien canon 2335) que les francs-maçons étaient excommuniés, ce qui avait pour conséquence qu’ils ne pouvaient être honorés de la sépulture ecclésiastique. Le nouveau code de droit canonique de 1983 (canon 1374) utilise des termes plus généraux en mentionnant seulement l’adhésion à « une association qui conspire contre l’Eglise. » Il punit notamment d’interdit celui qui y joue un rôle actif,-ce qui est le cas d’un grand maître. Au surplus l’interprétation officielle donnée par le cardinal Ratzinger (futur pape Benoît XVI), préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 26 novembre 1983, et approuvée par le pape Jean-Paul II, précise que le jugement de l’Eglise sur la franc-maçonnerie est inchangé, que l’inscription à ce type d’associations reste interdite et que les fidèles qui y adhèrent sont « en état de péché grave », ce qui les exclut de la communion (et par conséquent de la sépulture ecclésiastique). La déclaration précise en outre qu’il n’appartient pas aux autorités ecclésiastiques locales de déroger à la règle générale posée par la Congrégation.

L’on ajoutera que, parmi les obédiences maçonniques, le Grand Orient se signale par sa laïcité agressive, ce qui fait qu’il attire un grand nombre d’athées, et en fait l’adversaire de la religion. A la différence d’autres obédiences moins extrémistes, il a aboli l’obligation de croire en Dieu pour ses membres (même si cette croyance déiste et minimale est très éloignée de la foi catholique).

D’autres canons pourraient être allégués, par exemple le canon 1184 qui exclut de la sépulture ecclésiastique les apostats ( §1) et les interdits et pécheurs publics obstinés (§3) L’on sait que le Grand Orient est un chaud partisan de la dépénalisation de l’avortement et de l’euthanasie, ce qui est un motif pour considérer ses membres, et a fortiori ses dignitaires, comme des ennemis actifs de la religion catholique.

En conséquence de ce qui précède, aucune cérémonie funéraire catholique ne pouvait être organisée pour un grand maître défunt. Il n’aurait pu en aller autrement que. si l’intéressé avait émis de façon indiscutable une preuve d’attachement à la foi catholique et de repentance, comportant nécessairement un rejet explicite de l’allégeance maçonnique. Cela aurait été la seule manière d’éviter le scandale des fidèles. Force est de constater que rien de tel n’a été annoncé jusqu’ici. Le journal Le Parisien, qui, d’une part, annonçait la messe, précisait d’autre part qu’un « hommage maçonnique » serait rendu au défunt lors de son inhumation. Du côté maçonnique, cette demande d’une messe signifie probablement que, pour les maçons, l’on peut vivre et mourir en méprisant impunément les préceptes posés par l’Eglise.

Ajoutons que, du point de vue catholique, il nous semble que le prêtre qui a accepté de célébrer une telle messe, et éventuellement les autorités qui l’ont couvert, devraient être sanctionnés pour violation de la discipline canonique. Cela découle de l’interdiction, rappelée plus haut, pour les autorités ecclésiastiques locales de s’émanciper du jugement négatif porté par l’Eglise sur la franc-maçonnerie. Les fidèles ne peuvent que tenir de tels pasteurs en suspicion. Civitas entend d’ailleurs faire connaître sa protestation à l’autorité diocésaine ainsi qu’à la nonciature apostolique, et demander que toute conséquences en soient tirées à l’égard des responsables.

Pour Civitas Île-de-France, le Chef de région :

Professeur Franck Bouscau, maître en droit canonique.

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