L’un des sujets les plus épineux auquel est confronté l’état sioniste, supposé laïc, israélien est la place omniprésente des religieux.

Le pouvoir des rabbins – qui détiennent dès l’origine du pays le contrôle du ministère de l’intérieur et conservent un monopole en matière de mariage et de juridiction familiale (un non juif ne peux pas se marier en Israël : seul le mariage religieux juif est reconnu !) – recherche chaque jour le moyen de s’étendre…

Au-delà de ces prérogatives institutionnelles, le monde rabbinique cherche à recréer un gouvernement religieux d’Israël où un « Grand Sanhédrin reconstitué » aurait un pouvoir de contrôle sur les décisions de la Knesset et remplacerait la Cour Suprême…

Cette idée, qui fait évidemment hurler les citoyens non religieux, comme les responsables politiques, qui représentent environ 75% des juifs en Israël, est loin d’être une vue de l’esprit…

Ce Grand Sanhédrin « reconstitué » existe d’ailleurs déjà,  mais ses prérogatives gouvernementales supposées ne sont évidemment pas reconnues par le gouvernement sioniste et déclaré « laïc » d’Israël.

Le Sanhédrin initial s’est auto-dissous en 429 après l’abolition de la fonction de son chef : le Nassi.

 

Après la mort de l’éditeur de la Mishna vers l’an 219, le Nassi perd son statut de chef spirituel au profit des dirigeants des grandes académies de Babylone.

La fonction de Nassi est abolie par Théodose II avec la destitution de Gamaliel VI, afin de faciliter la christianisation du pays.

Officiellement, selon les textes, le sanhédrin s’est auto-dissous en 429 lors d’une réunion de certains de ses membres à Tibériade.

Depuis, le Sanhédrin n’existait plus, même si des structures rabbiniques aux fonctions analogues allaient se développer et essaimer dans le monde juif de l’Andalousie à la Pologne.

Or le 13 octobre 2004, à Tibériade – là où le grand Sanhédrin avait été dissous suite à l’exécution du nassi en 425 sur ordre de l’empereur de Rome – une centaine de rabbins d’Israël, représentant toutes les sensibilités du judaïsme, se sont rassemblés pour convenir de la restauration du « Grand Sanhédrin ».

Le but avoué était de parvenir à recréer l’assemblée des 71 dignitaires le constituant et de faire reconnaître par le gouvernement leurs droits afin de rétablir leurs pouvoirs : en un mot recréer la théocratie du judaïsme dans l’Israël d’aujourd’hui, en imposant la primauté du Sanhédrin aux instances politiques nationales.

Si dans les faits ceci n’est pas encore réalisé, ce Nouveau Sanhédrin a déjà été officiellement constitué et poursuit ce but.

Un nassi transitoire a été désigné jusqu’à ce que tous les membres pressentis pour composer cette haute assemblée soient régulièrement élus par les instances religieuses compétentes.

Cela étant fait, en septembre 2005,  le Rabbin Steinzaltz a été officiellement choisi comme Nassi.

 

Il est donc, depuis plus de dix ans, officiellement le premier président du Nouveau Sanhédrin en recherche de l’acceptation politique de ses prérogatives gouvernementales.

On pourra souligner que cette démarche n’est certainement pas de nature à apaiser les esprits, d’une part car l’intéressé, ashkénaze, appartient à la communauté loubavitch volontiers considérée comme extrémiste, d’autre part parce que cette volonté affichée de revenir à un pouvoir religieux dans un état qui se veut philosophiquement laïc est très mal perçue par la classe politique et par les responsables sionistes.

 

Dans ce climat délicat le gouvernement israélien est confronté depuis des années au problème des étudiants « haredi » des yeshivot : ces jeunes hommes qui se consacrent à l’étude talmudique et qui sont, à ce titre, exemptés de service militaire. Par la suite, n’ayant pas d’activité professionnelle, la plupart d’entre eux seront à la charge de la communauté nationale et vivront essentiellement d’allocations publiques.

Et leur proportion est énorme : plus de 10% !

Le gouvernement Netanyahu était initialement parvenu à réduire quelque peu l’influence politique des partis religieux, ce qui avait conduit les partis dits ultra-orthodoxes à quitter la coalition gouvernementale et à faire des manifestations monstres de protestation, notamment face à la volonté sioniste de faire incorporer les jeunes des yeshivot pour le service militaire, au même titre que les non religieux…

Une contrainte très mal perçue, voire violemment réprouvée, par ce monde dit ultra-orthodoxe qui monte en puissance dans le pays et qui exige avec de plus en plus de virulence, au nom de la religion, le respect de ses positions et de ses traditions.

C’est ainsi que son opposition à la conscription et sa haine de l’armée va maintenant jusqu’à s’en prendre aux membres de Tsahal !

C’est ce qui est arrivé dans l’emblématique quartier de Mea Sharim – décrit comme le plus ancien quartier juif de Jérusalem (bien que datant de 1875 !) – où de jeunes recrues ultra-orthodoxes de l’armée ont été violemment prises à partie par la population des fanatiques, au point qu’il a fallu envoyer des troupes pour les dégager !…

http://alyaexpress-news.com/video-soldats-haredi-ont-ete-attaques-hier-soir-a-mea-shearim-secourus/

Très clairement, la dangerosité d’un fanatisme religieux juif, n’épargnant pas la communauté nationale n’est plus du domaine de l’imagination et l’idée d’un terrorisme religieux intérieur, plus dangereux à terme que le terrorisme dit « palestinien » n’est plus une fiction !

Mais les alliances dangereuses avec lesquelles joue Nétanyahu l’ont amené à convenir des exigences des partis religieux extrémistes qui ont accepté depuis deux ans de rejoindre la coalition gouvernementale, à conditions que les prérogatives des yeshivot, notamment leur financement par l’état, et du statut d’exception de leurs étudiants, soient restaurées…

C’est ce que constate aujourd’hui le Times of Israël : depuis 2015 les subventions aux yeshivot sont de plus en plus importantes et atteignent des niveaux encore jamais vus :

http://fr.timesofisrael.com/record-battu-pour-les-subventions-allouees-aux-yeshivot/

« C’est la troisième fois qu’une aide financière pour les yeshivot bat des records depuis mars 2015, depuis que l’administration actuelle est au pouvoir.

Les partis ultra-orthodoxes ayant réintégré la coalition, les coupes budgétaires imposées par l’ancien ministre des Finances Yair Lapid (Yesh Atid) ont été annulées.

Le gouvernement a également restauré l’aide au revenu pour les étudiants en yeshiva sans emploi et a annulé la condition imposée aux hommes orthodoxes, qui devaient prouver qu’ils cherchaient du travail avant d’obtenir un mode de garde subventionné pour leurs enfants.

Ces questions ont lourdement polarisé la société israélienne et suscité des accusations de discrimination à l’égard de la société laïque au fil des ans.

L’accord la coalition, comportant 87 clauses, a été signé il y a deux ans par le par Yahadout HaTorah, l’un des partis ultra-orthodoxes du gouvernement. »

On constate donc aujourd’hui une très claire prise en main de la société israélienne par sa faction religieuse la plus extrême et de plus en plus radicalisée, au point que la société civile sioniste laïque de sente « discriminée » !

Mais les exigences du fanatisme religieux sont allées plus loin comme le souligne encore le Times of Israël :

Cet accord indique également que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accepté d’annuler la condition selon laquelle les écoles orthodoxes devaient enseigner les matières fondamentales (notamment sciences et mathématiques) afin de percevoir des subventions de l’État, et a supprimé la loi obligeant les jeunes hommes orthodoxes à effectuer leur service militaire. »

Autrement dit il est clair aujourd’hui que les jeunes juifs orthodoxes sont à nouveau exemptés de service militaire sioniste.

Mais il est surtout tout aussi clair que les écoles confessionnelles juives ne sont plus forcées d’enseigner obligatoirement les disciplines autres que les matières religieuses pour bénéficier des subventions de l’état !

Pire, le journal montre que ces écoles confessionnelles – dont certaines prônent le fanatisme religieux voire même la haine du sionisme – bénéficient de subventions nettement plus élevées que les écoles laïques !

Un comble non ?

http://fr.timesofisrael.com/les-ecoles-religieuses-en-israel-favorisees-en-matiere-dargent-public/

Il n’est pas inutile à la lumière de ces constatations de se pencher sur le fameux « dérapage » de Macron qui a fait couler beaucoup d’encre chez les journaleux et a enflammé la bien pensance du lobby il y a quelque jours, alors qu’il ne faisait qu’évoquer la réalité de cette situation :

« Toutefois, j’entends peu de gens émus lorsque les conséquences de ce débat envoient de plus en plus d’enfants dans des écoles confessionnelles qui leur enseignent la haine de la République, professent des enseignements essentiellement en arabe ou, ailleurs, enseignent la Torah plus que les savoirs fondamentaux. »

Mais il est cocasse de voir que, là encore, toute vérité du Sionistan n’est pas bonne à dire et engendre des réactions « indignées ».

http://www.lemondejuif.info/2016/10/derapage-demmanuel-macron-ecoles-juives-enseignent-torah-plus-savoirs-fondamentaux/

« Ces propos sont profondément offensants, inexacts et caricaturaux », a dénoncé dans un communiqué le Fonds social juif unifié (FSJU).

Selon le président du FSJU, Ariel Goldman, « l’enseignement privé juif respecte scrupuleusement les programmes scolaires définis par le ministère de l’Education nationale ».

« Les établissements de l’enseignement privé juif et les élèves qui les fréquentent ne sauraient faire l’objet d’amalgames douteux et dangereux », a fustigé le président du FSJU.

Nous noterons donc qu’amalgamer les élèves en France de l’enseignement privé confessionnel juif avec les élèves de l’enseignement confessionnel israélien est « douteux et dangereux ».

Il est vrai que, si ce n’était pas le cas, le Fond Social Juif unifié se verrait contraint de présenter des excuses à Macron dont les propos sont avérés par la situation qui prévaut en Israël, mais de cela évidemment, il ne saurait évidemment être question !

Les conséquences de cette radicalisation dans l’enseignement et du regain d’emprise de la religion talmudique ne se font pas attendre.

Dans le contexte public, ceux qui s’émeuvent de l’absence de déontologie laïque sont aussitôt qualifiés d’islamo-gauchistes et la cour Suprême d’Israël, le dernier rempart d’apparence démocratique face à l’extrémisme religieux, est la cible préférée des fanatiques.

http://www.europe-israel.org/2017/03/israel-lislamo-gauchiste-de-la-cour-supreme-meny-mazouz-en-israel-il-ny-a-aucune-culture-des-droits-de-lhomme/

Mais on enregistre aussi des faits divers effarants, très significatifs d’une origine religieuse…

Dans le judaïsme, les Amalécites, branche tribale des Edomites, représentent l’ennemi emblématique des Juifs. Ainsi que le raconte le livre d’Esther, les exilés du premier Temple auront à pâtir des volontés génocidaires d’Haman, fils de Hamedata, descendant d’Agag, le roi des Amalécites.

C’est le sauvetage du peuple juif menacé d’extermination par Haman, par l’intercession d’Esther, qui est célébré lors de la fête de Pourim toute proche.

Sans doute très frappé par ce texte du Livre d’Ester, Nadav Selah a poignardé tranquillement toute sa famille (et le fils du voisin qui traînait malencontreusement par-là et qui décèdera de ses blessures après avoir pu témoigner) avec des couteaux de cuisine, au motif que c’étaient des “Amalécites” et que les textes bibliques indiquaient qu’ils devaient être exterminés!…

Le 28 janvier, il a ouvert un livre des psaumes et a commencé à massacrer tous ceux qui l’entouraient.

Le judaïsme est religion d’amour, c’est bien connu : il suffit de lire les commandements de Moïse à ses troupes dans les Nombres et le Deutéronome où il les exhorte à tuer les femmes et les enfants…

http://alyaexpress-news.com/nadav-selah-ai-tues-quils-amalecites-amalek/

Et au Sionistan, les ayatalmudistes s’en donnent maintenant à cœur joie!

Un fanatique a attaqué une malheureuse gamine de onze ans car sa tenue vestimentaire ne respectait pas la « tsniout » : l’ensemble des préceptes talmudiques qui pèsent sur la femme et l’astreignent à sortir le corps entièrement couvert et à porter un voile ou un foulard sur la tête (en ville, notamment aux USA, beaucoup préfèrent porter une perruque).

J’ai évoqué ce carcan trop méconnu de l’assujettissement de la femme juive en milieu orthodoxe dans un article précédent ;

https://medias-presse.info/realite-de-la-radicalisation-croissante-dans-le-monde-dit-ultra-orthodoxe-sur-fond-de-sectes-pedophiles-et-de-mariages-forces/61308/

La malheureuse gamine a pris un vase en verre en pleine figure qui s’est brisé et lui a fait deux profondes coupures qui risquent de la laisser défigurée à vie !

http://alyaexpress-news.com/fillette-de-11-ans-attaquee-tenue-vestimentaire-a-bne-brak/

L’été 1965, quand Jérusalem n’était pas encore occupée, j’avais effectué un pèlerinage en Terre Sainte. Je me souviens m’être perdu un après midi et avoir atterri dans une rue où des gens crachaient et jetaient des cailloux à mon passage…

J’appris le soir que j’étais passé malencontreusement par Mea Shéarim…

Cela restera pour moi une expérience intéressante : j’ai beaucoup voyagé, notamment au Moyen Orient. J’ai côtoyé et j’ai rencontré des gens de toutes les grandes confessions au cours de ma vie.

Les seuls qui m’ont jeté des pierres auront été les juifs de Mea Sharim et apparemment ils font école aujourd’hui !

Claude Timmerman

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