L'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie., huit décembre
La Conception Immaculée de la glorieuse et toujours Vierge Marie, Mère de Dieu, qui, par un insigne privilège de Dieu, fut totalement préservée de la tache du péché originel.

Tu glória Jerusalem, tu lætitia Israël, tu honorificéntia pópuli nostri. [Jud 15, 10] 

« Tu es la gloire de Jérusalem ; tu es la joie d’Israël ; tu es l’honneur de notre peuple !”

La fête d’aujourd’hui représente un rayon de Lumière divine qui anticipe le Saint Noël, où cette Lumière se montre dans toute sa splendeur au monde pour l’éclairer. Et tenebræ eam non comprehenderunt (Jn 1, 5) : la lumière brille dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l’ont pas reçue. Ne nous étonnons donc pas si ce rayon qui nous éclaire en la fête de l’Immaculée Conception est encore moins compris que le divin Soleil dont il est le reflet. En contemplant les merveilles que la Très Sainte Trinité a daigné accomplir en la Vierge Mère, en La préservant du péché originel, il est indispensable d’avoir les yeux purs de celui qui n’appartient pas aux ténèbres du péché, ou plutôt de celui qui, bien que pécheur, a l’humilité de lever le regard vers Celle qui, précisément parce qu’elle est Immaculée, est si chère au Seigneur, et grâce à cette humble conscience de son propre néant, voit en elle l’Avocate et la Médiatrice auprès du trône de Dieu.

La pureté virginale de la Très Sainte Vierge est pureté du corps et de l’âme, une pureté qui est l’apanage d’une créature qui ne connaît aucune faute héréditaire ni personnelle, comme un miroir limpide et lucide sur lequel aucun brouillard n’empêche la Grâce du Seigneur de se refléter et de se répercuter sans altération : speculum justitiæ ; comme une prairie sur laquelle s’est posée une blanche couche de neige immaculée que personne n’a osé fouler. Et si nous sommes dans l’admiration devant Son privilège singulier d’être exempte de la faute de nos Premiers Parents, notre admiration est d’autant plus grande quand nous comprenons que le miracle de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie a été voulu par la sage toute-puissance de Dieu afin qu’Elle soit le Tabernacle vivant du Très-Haut, Domus aurea, palais impérial, de sorte que chaque fibre, chaque tissu, chaque cellule qui a formé le corps de Notre-Seigneur dans ce sein béni provint d’une créature très pure et de l’action du Saint-Esprit. Benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui, Iesus. C’est en effet en vue de l’Incarnation, de la Passion et de la Mort de Notre-Seigneur propter nos homines et propter nostram salutem, pour nous les hommes et pour notre salut, que la Vierge Mère est Immaculée. Ce don surnaturel et unique, qui a fait de Marie la seule créature préservée du péché originel, est un miracle ordonné à notre Rédemption : ex morte ejusdem Filii tui, comme nous venons de le chanter dans la collecte. C’est ainsi que l’on comprend pourquoi l’Église a choisi comme Épître de cette fête le passage du Livre de la Sagesse : Ab æterno ordinata sum, et ex antiquis, antequam terra fieret (Pr 8, 23). La promesse du Protévangile, après la chute d’Adam et Ève, s’accomplit dans la Femme de l’Apocalypse, et l’inimitié entre Son lignage et le lignage du Serpent – qui, dans la vision eschatologique, voit le Christ et l’Antéchrist s’affronter – est motivée avant tout par l’inconciliabilité ontologique entre l’humilité et la pureté de Notre-Dame et l’orgueil et le péché de Satan. L’humilité et la pureté sont les joyaux les plus précieux qui ornent la couronne royale de Celle que les Anges et les Saints reconnaissent comme leur Reine, que Notre-Seigneur aime comme Sa propre Mère – la Παναγία Θεοτόκος – et que le Saint-Esprit a choisie comme très chaste Épouse.

L’inimitié entre la Femme couronnée d’étoiles et le Serpent infernal se manifeste dans toute sa réalité à l’approche du jour et de l’heure de la défaite définitive de Satan, dont la tête sera écrasée par son pied virginal et, comme nous le voyons dans certaines représentations sacrées, par le petit pied de l’Enfant Jésus. Cette inconciliabilité apparaît évidente dans la tentative de déformer et de pervertir la figure féminine qui, dans l’ordre divin, est épouse et mère, afin d’arracher à chaque femme la virginité qui la prépare au mariage, à la fidélité à l’époux, à la sainteté conjugale, à la maternité féconde dans la famille. C’est ainsi que nous trouvons la femme avilie et abrutie comme objet de plaisir, comme instrument rebelle de vice et de damnation, comme propagatrice stérile de mort. Et que pourrions-nous attendre d’autre de Satan, qui voit en la femme son épocale Ennemie, la gardienne du foyer domestique, la compagne aimante de l’homme, l’éducatrice dans la sainteté de tant de jeunes âmes ? De la même manière, il a agi contre l’homme, corrompant sa vertu et son honnêteté, dévirilisant sa force et son courage, le rendant esclave des passions les plus abjectes et lâche face à ceux qui menacent l’Église, la société et la famille.

Cette œuvre infernale de destruction de l’ordre naturel et de subversion de l’ordre surnaturel ne se limite pas à la femme, à l’épouse et à la mère, mais s’étend aussi à la jeune vierge, afin que, dans la corruption des mœurs et dans la folle revendication d’une impossible indépendance vis-à-vis de l’homme, elle perde cette chasteté de l’âme qui est la prémisse nécessaire de la sainteté, de l’amour de Dieu par-dessus tout. Les couvents et les monastères de femmes sont vides parce que, dans une vision dépourvue d’élan surnaturel, il est impossible de comprendre l’immolation de sa propre féminité – et donc de la vocation au mariage et à la maternité – dans les épousailles de la vierge consacrée au divin Époux. On frémit quand les instances délirantes du féminisme – dont la matrice est intrinsèquement satanique et antéchristique – sont reprises par la Hiérarchie elle-même, dont les membres démontrent qu’ils n’ont compris ni la complémentarité de l’homme et de la femme dans le plan de la Création, ni sa cohérence intrinsèque avec l’économie de la Rédemption. Des demi-hommes, corrompus dans l’intellect par l’hérésie et dans la volonté par la fornication, prétendent altérer l’œuvre de Dieu en imposant à la femme un rôle que le Seigneur a établi pour l’homme, comme nous l’enseigne saint Paul : Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur, car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’Église, qui est son corps (Eph 5 :22-23). Si la Révolution a réussi à démolir la société civile en sapant l’ordre hiérarchique entre l’homme et la femme précisément parce qu’il était conforme à la supériorité de Notre-Seigneur par rapport au Corps mystique, elle espère en obtenir autant en introduisant la même subversion dans l’Église, sachant bien que le Sacerdoce séparé du prêtre homme à l’image du Christ ne peut exister, de même qu’il ne peut y avoir de ministère féminin que la Providence n’a pas voulu reconnaître à la Très Sainte Vierge Marie, qui, par sa pureté et son humilité, l’aurait mérité beaucoup plus que beaucoup d’hommes, aussi saints soient-ils. C’est ainsi que l’homme rebelle – qu’il soit laïc ou clerc – ose violer l’ordre divin en usurpant un rôle qu’il n’a pas, tout en abdiquant ce que Dieu lui a donné pour le céder indûment à la femme.

La Très Sainte Vierge Marie, la nouvelle Ève, rétablit dans l’humilité et la virginité sans tache l’ordre brisé par la Progénitrice, de même que Jésus-Christ, le nouvel Adam, restaure dans l’obéissance au Père et dans l’Incarnation, l’orgueilleuse désobéissance du Progéniteur, tenté par le Serpent d’être semblable à Dieu. Eritis sicut dii : la tromperie de Satan a été de faire croire aux créatures qu’elles pouvaient devenir des créateurs, tandis que le Fils de Dieu assume la nature humaine et nous rend vraiment participants de sa nature divine par la grâce sanctifiante. Quelque chose de semblable s’accomplit en Marie toujours Vierge, parce que c’est précisément dans son humilité qu’elle est devenue toute-puissante par Grâce. N’oublions pas que la victoire du Christ, par décret divin, aura lieu par l’intermédiaire de la Mère de Dieu, afin que ce soit une créature docile à Sa volonté – et humble, et très chaste – qui venge la rébellion d’une créature orgueilleuse et rebelle.

Dum medium silentium tenerent omnia, et nox in suo cursu medium iter haberet, omnipotens sermo tuus, Domine, de cælis a regalibus sedibus venit. Dans le silence s’est accompli le Mystère de l’Incarnation. Dans le silence de la grotte de Bethléem, l’Enfant Roi est né. En silence. Un silence divin, une harmonie très simple et ineffable qui évite le bruit et la confusion. Un silence que nous trouvons au moment de la Résurrection et lorsque l’Esprit Saint descend sur les Apôtres et sur la Très Sainte Vierge Marie au Cénacle. C’est le même silence qui accompagne les Saints Mystères et en particulier le moment sacré de la Consécration, lorsque tout ce qui est humain se tait autour de l’autel et que même les paroles du prêtre ne peuvent être entendues par les fidèles et encore moins par les profanes. Ce silence fut le seul témoin, dans l’éternité des temps, de la Très Sainte Trinité, lorsqu’Elle décréta qu’en réparation de nos fautes, le Fils éternel du Père s’incarnerait dans le sein de la Vierge Marie, et que cette Vierge, de lignée royale, serait préservée du péché originel pour être dignum habitaculum de l’Homme-Dieu. Il suffirait de regarder le chaos de ce monde pour comprendre à quel point il est éloigné du silence de Dieu. Et il suffit de trouver ce silence sacré dans une petite église, dans une communauté religieuse, dans une famille chrétienne pour comprendre où le Seigneur daigne habiter.

Nous oublions trop souvent, même si nous sommes Catholiques, une réalité fondamentale, à savoir que le Seigneur est tout-puissant, qu’Il peut tout. Tout. Et ce tout, cohérent avec l’essence de Dieu, ne peut être que le Bien suprême, mû par la Vérité absolue. C’est par la toute-puissance de Dieu que la faute d’Adam s’est transformé en felix culpa, nous méritant l’Incarnation et la Rédemption de la Deuxième Personne de la Très Sainte Trinité. C’est par la toute-puissance de Dieu que la Vierge Mère est dotée des privilèges les plus ineffables, telles de faire d’Elle la bienheureuse entre les femmes, notre Corédemptrice et la Médiatrice de toutes les Grâces. C’est par la toute-puissance de Dieu que la Grâce peut vaincre notre inclination au mal et guider notre âme immortelle vers l’éternité bienheureuse du Ciel. Et c’est par la toute-puissance de Dieu que le pusillus grex, le petit troupeau, sera préservé au moment de la tribulation et que ses ennemis et les nôtres seront dispersés au souffle de ses lèvres (Is 11, 4).

Ne cessons jamais, chers frères, d’honorer l’auguste Reine du Ciel, la Vierge Immaculée, par toute notre vie, par une vie chaste, humble, laborieuse et sainte sur le modèle qu’Elle nous a donné. Écoutons-La dans l’exhortation de la Sagesse : Maintenant, enfants, écoutez-moi : heureux ceux qui suivent mes voies ! Écoutez l’exhortation et soyez sages, ne la négligez pas ! Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille chaque jour à mes portes, qui garde les montants de mon seuil. Car celui qui me trouve trouve la vie, et obtient la faveur de l’Éternel ; mais celui qui pèche contre moi se fait du tort à lui-même ; Ceux qui me haïssent aiment la mort. (Pr 8, 32-36). Ainsi soit-il.

+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

8 décembre 2023, In Conceptione Immaculata B.M.V.

© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò

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