Une marée humaine noire. Des hommes, la plupart crâne rasé – insiste Le Figaro – , se tiennent droit debout, en silence tandis que des centaines de mains tendues se lèvent, dans un salut fasciste.

«Garde à vous !», hurle l’un d’entre eux. Tous s’exécutent. «Pour tous les camarades tombés !», reprend-il. «Présent !»Tel est le rituel funéraire de l’appel des «camarades» néofascistes italiens, lors d’hommage à des militants décédés.

La scène a lieu dimanche 7 janvier dans la soirée, en périphérie proche de Rome, au sud-est de la capitale, via Acca Larenzia, devant l’ancien siège du Mouvement social italien (MSI), parti créé après la mort de Benito Mussolini.

Le rassemblement « paramilitaire » avait pour but de commémorer la mort, au même endroit, le 7 janvier 1978, de deux jeunes militants du Front de la jeunesse du MSI, Franco Bigonzetti et Francesco Ciavatta, puis, durant les affrontements avec les forces de l’ordre ayant suivi, de celle de Stefano Recchioli, de la droite sociale.

La gauche s’étouffe de rage et s’indigne : «Des saluts romains à la commémoration de Acca Larenzia à la présence du président de la région Latium. Commémorer les morts est une chose, donner une couverture institutionnelle à un rassemblement fasciste est une autre».

Autre son de cloche du secrétaire de Forza Italia (centre droit) et ministre des affaires étrangères du gouvernement de coalition qui condamne lui aussi :  «Nous sommes une force qui n’est certainement pas fasciste, nous sommes antifascistes. Les responsables de ce comportement doivent être condamnés de tous, comme doivent être condamnées toutes les manifestations de soutien à la dictature. Il y a une loi qui prévoit qu’il n’est pas possible de faire apologie du fascisme dans notre pays».

Le vice-président de la chambre des députés Sergio Costa (M5S, antisystème) a quant à lui annoncé qu’il allait déposer plainte auprès du parquet de Rome pour «déterminer si d’éventuels délits ont été commis, parmi lesquels l’apologie du fascisme, durant la commémoration».

Enfin, la Digos, l’antiterrorisme italien, équivalent italien de la DGSI, a confirmé avoir transmis un rapport au parquet de Rome.

En Italie, la loi Scelba de 1952 prévoit le délit d’apologie du fascisme, passible d’une peine d’emprisonnement de cinq à 12 ans et d’une amende de 10 000 euros maximum pour quiconque promeut, organise ou dirige des associations, mouvements ou groupes à caractère fasciste.

Mais cette loi reste dans les faits peu appliquée, ce sont les magistrats qui décideront ou non de l’ouverture formelle d’une enquête judiciaire.

Quant à Giorgia Meloni, pourtant pas très amie avec Darmanin  le recordman européen des dissolutions, elle envisage elle aussi de dissoudre ce « groupe néofasciste » sous la pression du monde politique italien quasi unanime à dénoncer le retour de la bête immonde.

Paul DEROGIS

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