Querelle liturgique, abbé Mérel, Le Pélican cent vingt, juillet 2023
Une fois de plus, on constate que les Instituts « Ecclesia Dei » n’ont pas la force interne qu’il faut pour protéger les fidèles dans leur foi.

De très nombreux lecteurs de MPI nous ont écrit pour nous faire part de leur étonnement – et le mot est faible – quant au traitement médiatique des deux pèlerinages de Pentecôte 2023.

Un discours dithyrambique pour celui des organisateurs “reconnus par Rome” (sic) de la part des médias “conservateurs” [Cnews, Valeurs ActuellesAleteia, etc., etc.) et rien pour celui organisé par la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et les communautés amiesnon reconnues par Rome” (re-sic)…

Même le pas du tout catholique mais très libéral Le Parisien a titré en parlant de celui organisé par Notre-Dame de Chrétienté :  ” Pèlerinage de Chartres : 2023, l’année de tous les records” !

Sans nous étendre plus longtemps sur ce soudain, surprenant et très partial intérêt pour le seul pèlerinage qui a eu droit aux “honneurs” de la presse Main Stream, nous vous proposons de regarder derrière l’arbre qui cache la forêt et, en lisant l’excellent éditorial de Monsieur l’abbé Jacques MEREL, de découvrir la triste réalité des faits.

Chers fidèles,

On entend parler de « querelle », de « débat », relativement    au pèlerinage de Pentecôte marchant de Paris à Chartres. C’est toujours le problème de l’opposition, qui varie selon les époques, de Rome à la messe de Saint-Pie-V.

Un Curé de paroisse de Lille, le Père de Sinéty a posé une question : pourquoi ce pèlerinage interdit-il la célébration de la messe de Paul VI ?

Le journal La Nef, qui milite pour la « paix liturgique », c’est-à-dire la cohabitation   pacifique   de l’ancienne messe et de la nouvelle, résout le problème en  affirmant qu’un prêtre aurait  été autorisé à dire sa messe Paul VI en privé lors du pèlerinage.

Renaissance Catholique répond, entre autres, en regrettant le « refus d’aborder la question de fond qui est celle des fruits de la réforme liturgique et de la licéité d’émettre des réserves ou de poser des questions à propos d’actes du magistère ».

Il semble que ces deux grands défendeurs de la liturgie ancienne se rejoignent sur un point essentiel : la légitimité (par là, on veut dire non seulement la légalité mais la bonté) de la nouvelle messe. Dans le cas de La Nef, c’est clair, cela ne leur pose pas de problème qu’une messe de Paul VI puisse être autorisée durant le Pèlerinage de Paris à Chartres. Pour Renaissance Catholique, les questions de fond n’incluent pas le rejet de la messe de Paul VI comme mauvaise.  Ce  groupement  ne demande que la liberté de pouvoir discuter les fruits de la réforme liturgique et celle de pouvoir émettre des réserves ou de poser des questions à propos d’actes du Magistère.

Il faut relever le fait que la réponse de Renaissance Catholique du 6 juin au Père de Sinéty cite le fameux Bref examen critique de la nouvelle Messe, des cardinaux Ottaviani et Bacci. Ce bref examen, on le sait, ne conclut pas que la messe de Paul VI est moins bonne, mais qu’elle doit être rejetée. Un passage du Bref examen non cité dans la réponse de RC dit bien : « la promulgation du nouvel Ordo Missae met chaque catholique   dans   la   tragique nécessité de choisir ».

En 2023, ces discussions ne sont-elles pas étonnantes ? N’y-a-t-il pas un   grand   oublié   dans   ces « querelles », à   savoir   Mgr Lefebvre ? La ligne sage à tenir, il l’a tracée depuis longtemps. Cela remonte à 1974, quand il déclara le 21 novembre, au sujet de la nouvelle liturgie, qu’« on ne peut modifier profondément la ‘lex orandi‘  sans modifier la  ‘lex credendi‘.   À   Messe   nouvelle correspond catéchisme nouveau, sacerdoce  nouveau,  séminaires nouveaux, universités nouvelles, Eglise charismatique, pentecôtiste, toutes   choses   opposées   à l’orthodoxie et au Magistère de toujours. Cette réforme étant issue du Libéralisme, du Modernisme, est  tout entière empoisonnée ; elle sort  de l’hérésie et aboutit à l’hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible  à  tout  catholique conscient et fidèle d’adopter cette Réforme et de s’y soumettre de quelque manière que ce soit. »

II fallait un homme courageux pour dire cela et agir en conséquence. La plupart d’entre nous n’en auraient pas été capables. Ce que nous pouvons, par contre, c’est reprendre inlassablement   les   livres   de  Monseigneur et nous pénétrer toujours mieux de ses principes, de sa foi, de son zèle. Il est un grand homme d’Eglise qui a posé, voici 50 ans, les bons fondements   de   l’attitude prudente pour garder la Foi et amener Rome, si Dieu veut, à revenir   en   arrière, en recouronnant Notre-Seigneur. La moindre des choses est d’étudier avec soin ce qu’il a dit, ce qu’il a fait.

Christophe Geffroy (7 juin, tribune dans La-croix.com), directeur de La Nef, lui, dit ceci : « Tant que le combat pour la messe dite de Saint-Pie-V se justifiera par la critique acerbe de celle de Paul VI, aucune paix liturgique ne sera possible » !

On peut lire dans Lanef.net sous la plume d’Elisabeth Geffroy : « Cette colonne qui serpente à travers champs (…) pourrait-elle vraiment ne pas plaire à Dieu ? » C’est une  réponse au père Sinéty qui dit que « le succès indéniable du Pèlerinage  de Pentecôte [de Paris à Chartres, ndir] ne portera du fruit que s’il s’ouvre à l’ordinaire de ce que propose l’Église ». Mais, en dépit du  bien qui s’y est fait bien sûr, comment une organisation peut-elle être bonne et plaire à Dieu, en entraînant des milliers de jeunes de bonne volonté dans une erreur consistant à promouvoir la messe de Saint-Pie-V comme une préférence et non pour des raisons de défense de la foi, expliquées si souvent par Mgr Lefebvre ?

À cause de la déclaration de 1974, la Fraternité a soi-disant été supprimée. Nous  sommes depuis  lors  en opposition officielle avec Rome, en affirmant clairement que la nouvelle messe   est   d’esprit   protestant, dangereuse pour la foi des fidèles, et par conséquent inacceptable. Et nous reprochons à tous ceux qui aiment l’ancienne messe sans rejeter l’autre, d’être, malgré eux sans doute, des passerelles    vers    la    liturgie protestantisée de Paul VI pour de nombreuses âmes, notamment les  jeunes.

Pourquoi certains, qui ont traversé les années de combat, continuent-ils à tourner autour du pot ? Certes, ils sont coincés parce qu’en 1988 ils ont voulu s’éloigner de Mgr Lefebvre à cause des sacres épiscopaux. Mais voyez le malaise : Renaissance Catholique se plaint que dans certains diocèses, il est interdit maintenant de  célébrer    le    sacrement    de Confirmation    selon    le    rite traditionnel ! C’était bien là une des  raisons des sacres de 1988. Mais le  plus fort, c’est que certains prêtres de  la Fraternité Saint-Pierre envoient  leurs fidèles dans nos chapelles pour  se faire confirmer ou du moins leur  laissent le choix entre cela et la  confirmation par l’évêque diocésain  avec le rite moderne, qu’ils refusent pourtant chez eux !

Une fois de plus, on constate que les Instituts « Ecclesia Dei » n’ont pas la force interne qu’il faut pour protéger les fidèles dans leur foi.

La politique de   l’obéissance, émaillée de querelles, à une Rome moderniste ne peut protéger les prêtres et les fidèles du poison de l’esprit moderne qui découronne Nôtre-Seigneur. Les prêtres de ces Instituts ne peuvent pas conduire leurs fidèles dans les bons choix. Mgr Lefebvre avait prévu tout cela : « II est évident qu’en se mettant dans les mains des autorités conciliaires, ils admettent implicitement le concile et les réformes qui en sont issues, même s’ils reçoivent des privilèges qui demeurent  exceptionnels et provisoires. Leur parole est paralysée par cette acceptation. Les évêques les surveillent » (Mg Tissier de mallerais, Marcel Lefebvre, une vie).

Contrairement à ces gens de la Nef et autres qui ont connu les grandes batailles de Mgr Lefebvre et sont sans excuse, les plus jeunes aujourd’hui, qui n’ont pas connu Monseigneur, qui n’ont pas été mis en contact avec ses écrits et enregistrements, peuvent se laisser prendre par ce danger d’avoir des actions et réactions d’ailleurs très belles et pieuses, mais sans aller aux fond de la crise dans l’Eglise.

Chers fidèles, faisons attention à nous-mêmes. Il faut lire, se former, connaître Mgr Lefebvre, pour garder la foi et la prudence, dans des temps qui se compliquent de plus en plus. Et cela pour éclairer aussi toutes ces âmes  de   bonne  volonté   qui redécouvrent l’ancienne liturgie sans soupçonner encore tout ce que cela signifie par rapport à leur vie personnelle, familiale, à la vie de l’Eglise, à l’apostolat de la vérité dans la charité puisée jour après jour au Saint-Sacrifice de la Messe et dans le Cœur immaculé de Marie !

Abbé Mérel

Source : Le Pélican numéro 120 de Juillet-Août-Septembre 2023 / Prieuré d’Unieux

Christian LASSALE

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